Au grand air t.2

Au grand air 2Quoi de mieux que de camper en bord de lac face au mont Fuji, un bol de nouilles instantanées à la main ? Découvrez le monde du camping en compagnie de Rin, l’amatrice des sorties en solitaire, Nadeshiko, la novice pleine d’enthousiasme, et ses deux amies du club de camping, Chiaki et Aoi.

J’avais bien aimé le premier tome de la série Au grand air et je voulais assurément lire les autres tomes de la série. Ce second tome est très similaire au premier. On suit le groupe de filles qui décide d’aller camper aux sources chaudes alors que Rin de son côté espère la même chose, mais en solitaire. Les sorties en plein air des deux groupes ne se passent pas forcément comme les filles l’espéraient… mais c’est l’occasion pour Rin et Nadeshiko d’échanger des photos de leur aventure respective.

Rin, qui a l’habitude de camper en solitaire, propose alors à Nadeshiko une sortie pour faire des grillades, un de ces jours. Rin étant vraiment une grande solitaire, sa proposition est d’autant plus rare. C’est le moment pour les deux filles d’aller camper et pour Nadeshiko, de partir en « mission » pour tester un nouvel endroit de camping pour son cercle de plein air. Camper au lac Shibire en plein hiver n’est pas évident, surtout avec la légende qui circule sur un certain monstre qui apparaît parfois à la surface de l’eau…

« Manger un bon repas devant un beau paysage, c’est la quintessence du camping. »

Cette sortie en camping pour Nadeshiko et Rin est un beau moment pour apprendre aux deux filles à mieux se connaître et à échanger sur toutes sortes de choses. Rin apprend certaines astuces à Nadeshiko et on découvre de quelle façon elle a commencé à faire du camping.

De leur côté, les filles du cercle de plein air font l’expérience d’avoir mal choisi leur matériel. Les choix des néophytes ne sont pas toujours optimal. Elles apprennent à corriger leurs erreurs et à mieux utiliser ce qu’elles ont sous la main. Elles commencent également à penser à organiser une sortie en plein air pour Noël.

Comme dans le premier tome, l’auteure partage quelques informations documentaires pratiques sur le camping: la création d’une torche suédoise, l’acquisition d’un grill portable, les différents types de camping et les sortes de tentes disponibles sur le marché. C’est l’occasion pour l’auteure de dessiner de beaux endroits au Japon: le plateau de Takabocchi, le parc Fuefuki et le lac Shibire.

Au grand air est une série plaisante à lire, tant au niveau de l’histoire que du dessin. C’est une série assez zen et rigolote, qui met l’accent sur le plaisir d’être en camping l’hiver, de profiter de la lecture, des boissons réconfortantes et des feux qui réchauffent.

En partant d’un scénario simple – un groupe de filles passionnées par le camping – l’auteur nous amène à les suivre dans leurs excursions en plein air, à découvrir toutes sortes de choses sur le camping et peut-être, vous donner envie de planter vous aussi votre tente quelque part pour lire au grand air et profiter d’un bon feu. Bien sûr, seulement après le confinement!

Mon avis sur le tome 1:

Au grand air t.2, Afro, éditions Nobi Nobi, 178 pages, 2018

L’Erebus: vie, mort et résurrection d’un navire

ErebusEn septembre 2014, au fond des eaux glacées de l’Arctique canadien, la poupe brisée d’un vaisseau fut découverte. Il s’agissait d’un bateau mythique : l’Erebus. Michael Palin – pilier des Monty Python et réalisateur de documentaires pour la BBC – redonne vie à cet extraordinaire navire, depuis sa mise à l’eau en 1826 jusqu’à ses voyages d’exploration en Antarctique qui ont conduit à sa gloire, puis à son ultime catastrophe en Arctique. Il revisite les parcours entremêlés des hommes qui ont partagé son chemin : le fougueux James Clark Ross, qui cartographia une grande partie des régions australes et supervisa les premières expérimentations scientifiques menées sur place ; mais aussi John Franklin, homme tourmenté qui, à l’âge de 60 ans et après une carrière en dents de scie, prit le commandement du bateau. Il décrit avec brio le quotidien des hommes à bord qui, les premiers, débarquèrent sur la terre Victoria antarctique et ceux qui, à peine quelques années plus tard, finirent gelés jusqu’à en mourir dans les eaux du grand Nord, tandis que des missions de sauvetage tentaient désespérément de les atteindre.

L’expédition de Sir John Franklin est un événement historique qui m’intéresse et me fascine depuis de nombreuses années. C’est une expédition qui a rapidement tourné au cauchemar et qui a marqué les esprits. Quand on a découvert en 2014 l’épave de l’Erebus, c’est avec fascination que j’ai suivi les événements.

Dès l’annonce de la publication du livre de Michael Palin, il était assuré que je souhaitais le lire. Chinouk m’a proposé d’en faire une lecture commune et c’est avec elle que j’ai lu l’histoire passionnante de ce célèbre bateau.

Tout d’abord, l’ouvrage s’ouvre sur une carte retraçant les voyages de l’Erebus. Vaisseau de guerre, l’Erebus commença sa première journée de service le 21 février 1828. Ce bateau, d’abord construit pour la guerre, vit sa carrière s’arrêter avec la fin des guerres napoléoniennes. La constante recherche de nouvelles voies maritimes lui permet d’avoir une « vie » bien remplie, jusqu’à son ultime voyage dans l’Arctique.

« Il s’appelait l’Erebus. Ce n’était pas un nom très gai, mais le navire avait été construit pour intimider, non pour amuser la galerie. Et il n’avait pas été baptisé au hasard: dans la mythologie grecque, Érèbe, fils de Chaos, est associé au cœur obscur des enfers, un lieu synonyme de dislocation et de destruction. »

Avec Michael Palin, on suit la construction de l’Erebus puis sa mise à l’eau, avant de le voir patrouiller en Méditerrannée, avant d’être utilisé pour sa première expédition en Antarctique avec James Clark Ross. À l’époque, les Pôles sont perçus comme le summum de l’aventure et fascinent les population. Aujourd’hui, même si notre relation aux Pôles est un peu différente puisque tant de gens y sont allés et les ont explorés, la fascination n’en demeure pas moins, que ce soit pour les voyages passés ou ceux qui se déroulent en ce moment.

« …non seulement l’Erebus et le Terror étaient devenus les premiers voiliers à traverser la banquise, mais ils étaient parmi les premiers à prouver de manière irréfutable l’existence d’un continent antarctique. »

L’Erebus sera converti en navire polaire avant de se voir confier différentes expéditions, dont celle menée par Franklin. Il est intéressant de découvrir à travers ce récit, la façon dont était vécue la vie sur le bateau. On apprend beaucoup de choses sur la tenue des livres de bord, les lettres envoyées par l’équipage, les arrêts nombreux pour relever des informations, découvrir la faune et la flore, recueillir des données sur le magnétisme de la Terre ou sur les lieux visités et nommés pour les futures cartes. J’ai adoré découvrir comment vivaient les hommes qui devaient souvent partager des années de leur vie sur le bateau, ce qu’ils mangeaient, leur façon de faire face au scorbut, de fêter Noël, d’affronter le froid, les corvées sur le bateau, l’inspection quotidienne de l’hygiène et de la santé de l’équipage. On apprend aussi comment les moments de l’expédition étaient immortalisés – par l’art – jusqu’à l’arrivée de la photographie pour documenter les voyages.

Puis, il y a le départ de Franklin. On retrace son voyage jusqu’à la disparition des bateaux et la mise en place d’expéditions de secours qui arrivèrent, comme on le sait, beaucoup trop tard. Cette portion du livre est très intéressante. On apprend pourquoi certains personnages ont été oubliés, pourquoi certaines informations ont épouvanté la bonne société anglaise de l’époque et de quelle façon l’équipage a laissé des traces de son passage en Arctique. À la découverte de tombes creusées dans le sol glacé du grand nord, jusqu’à la note de Victory Point, toutes les découvertes sont fascinantes et troublantes. Elles ont aussi mené à l’élaboration de plusieurs théories quant à ce qui a pu se passer réellement sur l’Erebus et le Terror.

Bien plus qu’un simple ouvrage sur le parcours d’un bateau, L’Erebus: vie, mort et résurrection d’un navire est un véritable portrait d’une époque, d’une mentalité et de la société dans laquelle le navire a vu le jour. Tout restait encore à découvrir. Le monde s’ouvrait aux hommes avides d’expéditions et de nouveautés. La nature était au service des humains et leur offrait matière à étude. C’était aussi l’occasion pour eux de tenter d’introduire de nouvelles espèces sur des territoires vierges, le sentiment de conquête étant bien ancré dans les mentalités. Conquérir les territoires, les glaces, les animaux. Chaque homme est le produit de son époque et on le perçoit totalement dans l’ouvrage de Palin, avec les mentalités qui avaient cours lors de l’équipage de Franklin et même avant, ainsi que la façon dont l’homme utilisait la nature.

« Intelligents, remplis de curiosité, ils étaient animés par l’esprit des Lumières: il leur fallait chercher à découvrir, repousser les frontières de la connaissance car ils étaient persuadés que plus ils mesuraient, traçaient, calculaient et empilaient les observations, plus l’Humanité en bénéficierait. »

Ce qui est intéressant avec le livre de Michael Palin, c’est le ton qui est employé. Palin est fasciné par ce bateau et il nous transmet très bien cette passion. Il nous raconte l’histoire de ce « navire de guerre » qui ne servira jamais vraiment à combattre, de sa conception jusqu’à sa découverte dans les eaux canadiennes. Il complète son récit par ses propres réflexions et voyages. L’auteur s’est effectivement rendu sur place pour effectuer ses recherches et il nous offre des comparaisons très intéressantes sur les lieux visités par les différents équipages de l’Erebus. Ce qu’il voit aujourd’hui de lieux mythiques, versus ce qu’ils étaient à l’époque de l’Erebus.

« De nos jours, à Greenhithe, au bord de la Tamise, il existe un pub nommé Sir John Franklin où l’on peut boire une pinte de bière et manger un steak frites à l’endroit précis où la famille du navigateur l’aperçut pour la dernière fois. »

Le livre contient de nombreuses cartes en début de chapitres ainsi qu’un cahier de photos au centre de l’ouvrage. Les cartes tout comme les photos, sont passionnantes à regarder. On a l’impression de « vivre » un peu plus ce voyage particulier qu’a dû être celui de l’Erebus, surtout lors de l’expédition de Franklin. L’ouvrage est complété par une chronologie des événements entourant le bateau ainsi qu’une bibliographie.

En complément de cette lecture, je vous invite à découvrir la capsule vidéo créée par Parcs Canada concernant l’exploration, le travail d’archéologie sous-marine et la découverte d’artefacts sur l’épave de l’Erebus. Vous trouverez d’autres vidéos passionnantes sur le compte de Parcs Canada.

Si le sujet vous intéresse, le livre de Michael Palin est à lire assurément. Son ton est agréable, les informations qu’il partage sont accessibles et passionnantes. C’est un ouvrage qui vaut vraiment la peine d’être lu. On le dévore comme on lirait un roman d’aventures!

L’Erebus: vie, mort et résurrection d’un navire, Michael Palin, éditions Paulsen, 391 pages, 2020

Shelton & Felter tome 3: Billy Bowman a disparu

Shelton et felter 3Tout le monde compte sur Billy Bowman, recrue vedette du club de baseball des Red Sox de Boston, pour remettre l’équipe sur le chemin de la victoire. Mais le jeune prodige disparaît mystérieusement. Shelton et Felter mènent l’enquête pour le retrouver.

Ce troisième tome s’ouvre sur une photo de l’équipe des Red Sox de Boston lors du championnat de 1918. Billy Bowman est la nouvelle vedette du club qui espère gagner grâce à lui. Mais voilà qu’un soir en allant boire un verre avec ses compatriotes, Billy disparaît mystérieusement. La police enquête, mais elle ne prend pas garde aux indices. Pas comme Felter, le petit libraire à qui rient n’échappe! Avec Shelton, ils sont appelés en renfort par l’équipe des Red Sox qui leur demande d’enquêter. Une recherche en parallèle des forces de police officielles ne peut pas nuire.

Comme dans les autres tomes, le duo improbable formé de Shelton – ancien boxeur – et Felter – libraire hypocondriaque au cerveau constamment en ébullition – est assez comique. Shelton, enthousiasmé par leurs récents exploits en résolution d’enquêtes, prend l’initiative de publier une annonce pour offrir leurs services, sans demander l’avis de Felter! Parallèlement, le neveu de Felter s’installe chez Shelton, qui doit subir constamment les assauts de sa musique étourdissante.

Pendant ce temps, les deux comparses doivent continuer d’enquêter et plusieurs pistes intéressantes s’offrent à eux… quand ils ne sont pas dans la mire de poursuivants! Ils doivent rester aux aguets et ils espèrent bien retrouver ce fameux Billy Bowman dont l’équipe a besoin pour poursuivre sa lancée.

Le coup de crayon de Jacques Lamontagne me plaît toujours beaucoup. Les dessins sont agréables, colorés, la bande dessinée est amusante à lire, le ton demeure humoristique sans trop l’être. Je trouve le mélange d’enquête et d’humour bien dosé dans cette série, ce qui en fait une très bonne lecture.

Les livres de cette série abordent toujours des moments de l’histoire qui sont intrigants et intéressants. Le premier tome parlait de la grande inondation de mélasse de Boston alors que le second tome abordait l’intrigue à partir d’un navire de la White Star Line, l’Adriatic. Celui-ci s’intéresse au baseball. Le premier tome reste mon préféré avec ce troisième tome que j’ai bien aimé aussi.

Des enquêteurs amusants et improbables, des histoires avec une pointe d’humour qui se déroulent au début des années 1900, tout pour nous offrir des albums divertissants et agréables à lire. Si vous ne connaissez pas cette série, je vous la conseille, c’est très plaisant à lire.

Mon avis sur les autres tomes de la série:

Shelton & Felter tome 3: Billy Bowman a disparu, Jacques Lamontagne, éditions Kennes, 48 pages, 2019

Au grand air t.1

Au grand air 1Quoi de mieux que de camper en bord de lac face au mont Fuji, un bol de nouilles instantanées à la main ? Découvrez le monde du camping en compagnie de Rin, l’amatrice des sorties en solitaire, Nadeshiko, la novice pleine d’enthousiasme, et ses deux amies du club de camping, Chiaki et Aoi.

Au grand air, un titre qui avait tout pour m’attirer! C’est en voyant passer cette série manga sur Instagram que j’ai eu envie de me lancer. Les dessins sont plutôt doux et assez jolis, le thème du grand air et du camping m’intéresse naturellement beaucoup, alors j’ai débuté avec le premier tome. J’ai eu un peu de difficulté à trouver ces mangas, mais quand j’ai enfin reçu le premier tome, je me suis lancée. J’ai été bien contente de ma découverte!

L’histoire est toute simple, plus adolescente que certains manga que j’aime (comme Deep sea aquarium MagMell ou bien Ma vie dans les bois), mais qui s’en rapproche un peu quant à sa construction. C’est un manga plus léger que ce que j’ai nommé plus haut, mais avec un petit côté documentaire qui ne me déplaît pas.

Rin est une solitaire. Elle aime l’hiver (tout comme moi!) et profite toujours de la saison froide pour partir en camping les fins de semaine, seule, avec ses soupes, ses livres, son vélo et sa tente. Elle tient à être seule et s’assoit près de lieux magnifiques pour se ressourcer et profiter de la nature. Elle n’aime pas être en groupe et elle se débrouille très bien en pleine nature.

Un soir, elle fait la découverte d’une jeune fille, Nadeshiko, frigorifiée et perdue à qui elle offre de l’aide et des nouilles chaudes pour se réchauffer. Elle fait en quelque sorte l’expérience de « camper » avec quelqu’un et elle n’est pas certaine que ça lui plaise. Elle a alors le sentiment que son temps de camping en solo est menacé. Nadeshiko elle, a la piqûre et elle intègre un club de camping. À travers sa découverte de ce mode de vie, elle apprend des choses sur les différents articles de camping – tentes, sac de couchage, etc – qu’elle nous partage. De là, le petit côté documentaire intéressant qui complète l’histoire.

Le ton d’Au grand air est très léger et détendu. C’est agréable à lire, amusant et reposant. On suit les aventures des deux filles qui expérimentent le camping à leur façon, en solitaire pour Rin et avec des amies pour Nadeshiko. Les deux échangent à distance des photos et des informations sur leurs aventures respectives. J’ai beaucoup aimé le ton et le style de ce manga. L’histoire est simple, mais contient tout ce qu’il faut pour passer un bon moment, surtout si on aime le plein air.

J’ai apprécié que les personnages soient des adolescentes qui s’intéressent justement à une activité peut-être un peu moins courante, qu’elles campent ensemble et que leur façon de faire nous montre justement deux facettes du camping: en groupe et en solitaire.

Un manga très agréable et une belle découverte! Je poursuis assurément cette belle petite série!

Au grand air t.1, Afro, éditions Nobi Nobi, 178 pages, 2018

Le sentier blanc

sentier blancDes notes de musique habitent les lieux. Vassilis Tsabropoulos se tient tout près de moi. Sur le tourne-disque, Anja Lechner attend ; elle animera son instrument bientôt. À l’extérieur, des flocons s’agglutinent aux glaçons pendus à la gouttière ; les dénivelés de la tempête cachent toute trace de pas. Le grand désert lutte. Je reviens vers la broderie tressée de fleurs et de pavillons. Pays froid, dévisagé d’engelures comme à la guerre. C’est dans cette solitude que glissera l’archet.

Le sentier blanc m’a attirée à cause de l’évocation en quatrième de couverture, de musique et de froid hivernal. J’ai donc eu envie de découvrir le livre, une petite plaquette épurée à l’écriture tranquille et reposante.

« Des bourrasques s’entêtent sur la grange des veaux. Les bâtiments sont des forces creuses, comme cette pipe qui ne sert plus dans le cendrier. L’hiver au plus fort, là-bas, ce ne sont pas des touffes végétales. Quelques caribous se hasardent, risquent des enjambées qui ne veulent pas déranger le silence. Cherchent-ils un endroit où tomber, une crevasse sur la table d’harmonie? »

Olivier Bourque évoque le passage des saisons, mais principalement le froid de l’hiver, de la nature et des animaux qui y vivent. Il nous parle de migration d’oiseaux, de bêtes qui cherchent à manger, de lieux envahis par la glace et la neige, du froid. Cette portion du texte est mise en contraste avec une autre partie, abordant la musique et la douceur d’une maison, d’une vie habitée par les grands-parents et par le souvenir de jours passés.

Il y a quelque chose d’aussi magnifique que reposant dans l’écriture de l’auteur qui évoque le bonheur de la musique, versus la rudesse des éléments. Toujours en lien avec le charme d’une vie d’avant, de ce que faisaient nos grands-parents. On imagine aisément notre coin de pays balayé par les vents et les rafales de neige, la musique glissant dans nos maisons de bois.

« Pour boire, j’ai dû casser la glace. Quelques débris, puis la fumée d’un souvenir: pagayer dans peu de profondeur, ne pas chercher dans l’immensité paisible; sur l’eau, entre les cohortes de pierres, défaire les stries de mousse. »

J’ai particulièrement aimé cette poésie, où la nature est omniprésente, où il y a une forme de nostalgie du temps passé et où les mots prennent, pour moi, une forme très visuelle. C’est une poésie contemplative, agréable à lire, que je ne peux que vous conseiller. Une bien belle découverte!

Le sentier blanc, Olivier Bourque, éditions Tryptique, 66 pages, 2017

Les liens du sang t.1

les liens du sang 1Vue de l’extérieur, la famille du jeune Seiichi est des plus banales : un père salarié, une mère au foyer, une maison dans une ville de province… L’adolescent va à l’école, joue avec ses amis, est troublé quand il pose les yeux sur la jolie fille de la classe. Tout est normal… ou presque. Il ne s’en rend pas compte lui-même, mais sa mère le couve beaucoup trop. Seiko traite encore son fils comme un bébé et, avec un mari toujours absent, son monde est d’autant plus centré autour de Seiichi. Ce dernier est incapable de résister : il se laisse lentement emprisonner dans le cocon. Trop jeune, il ne décèle pas la folie cachée derrière l’amour maternel. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard…

Les liens du sang est l’histoire d’une relation malsaine entre une mère et son fils. En fait, Seiko traite son fils comme un jeune enfant. Elle le surprotège, fait des choix pour lui, prend des décisions à sa place et dirige un peu trop son quotidien. Seiichi est un jeune garçon gentil, qui se plie aux demandes de sa mère. Il ne réalise pas vraiment que sa mère est un peu étrange. Mine de rien, avec l’absence de son mari, Seiko s’accapare Seiichi qui représente le centre de son univers.

Au début du manga, on sent que Seiko est une mère un peu protectrice, mais on ne comprend pas vraiment à quel point elle peut être dangereuse. En apparence, la vie familiale semble parfaite. Une mère gentille, un père travaillant, un petit garçon soucieux de plaire à ses parents. Quand le cousin de Seiichi lui fait réaliser que sa mère est bizarre, certains souvenirs semblent affluer dans son esprit et il commence à observer les agissements de sa mère. C’est une randonnée en famille qui va porter le coup fatal à la folie de Seiko…

Ce manga est assez intéressant. Cette histoire m’a sans cesse rappelée un vieux film que je regardais quand j’étais adolescente, Le bon fils. L’histoire ne se ressemble pas, mais le fond, la folie cachée d’un membre de la famille, m’y faisait beaucoup penser. L’esprit du manga est un peu le même d’ailleurs, quoique j’ai trouvé le début un peu long. La mise en place de cette relation malsaine est peu marquée lorsqu’on commence le livre. On sent qu’il y a quelque chose mais c’est très (trop?) léger. J’aurais aimé une relation un peu plus marquée. Il manque un petit quelque chose dans l’évolution des personnages et dans les souvenirs de Seiichi qui surviennent tout à coup.

Les dernières pages se bousculent et c’est là que tout se joue. C’est frappant et glaçant. On s’attend à quelque chose, mais jamais à ça. Je dirais que l’intérêt du manga tient beaucoup dans ses toutes dernières pages. Le reste, par moment, m’a semblé un peu long. J’ai mis beaucoup de temps à m’intéresser aux personnages et à être réellement intriguée. Je dirais que la fin est assez frappante, mais que l’essentiel du manga m’a laissée un peu indifférente.

Je ne pense donc pas poursuivre cette série, parce que personnellement j’aime les histoire plus tranchées, j’aime une évolution de l’intrigue moins longue à se mettre en place et moins effacée. La fin, cependant, est géniale dans sa folie. L’histoire est dérangeante. C’est donc un manga qui pourrait plaire à beaucoup de lecteurs, mais qui ne m’a peut-être pas suffisamment accrochée pour continuer.

Les liens du sang t.1, Shuzo Oshimi, éditions Ki-oon, 216 pages, 2019