La Fin du cuivre

Il est des livres qui ont la faculté de vous plonger dans un rêve sans fin, la générosité de vous faire découvrir ces sensations secrètes que chacun porte en soi et que l’habitude nous fait ignorer. La Fin du cuivre est de ceux-là. Ce livre s’est construit à la croisée de la littérature, de la bande-dessinée et des arts. Par une succession de peintures précises et silencieuses, il nous plonge dans l’univers d’un homme-singe qui, de retour sur Terre, se retrouve confronté aux maux de notre monde, à ses obsessions et ses errances. La Fin du cuivre est une BD muette atypique, un livre-rêve que chaque lecteur peut inventer, comme un découvreur de trésor.

Une des raisons pour lesquelles je me suis lancé dans cette lecture c’est parce qu’il y a un moment j’avais lu et beaucoup aimé un autre livre de Georges Peignard, Fugitive. L’auteur se spécialise dans la bande dessinée muette. Ses réflexions et ses messages sont transmis à travers ses illustrations et parfois, à travers une préface ou une postface.

La fin du cuivre c’est l’histoire de l’homme-singe qui revient sur terre et découvre le monde d’aujourd’hui. Notre façon de vivre, nos technologies, notre style vestimentaire, nos habitudes.

« Nous en savons plus chaque jour, sous la déferlante des faits, dans une ubiquité toujours plus instantanée. Cette construction nous déplace sans cesse entre des géographies et des vécus immatériels. C’est pourtant par cette matière que nous ressentons les événements et que se définissent nos choix et nos actions. »

L’auteur utilise l’homme-singe, ce qui n’est pas sans me rappeler la planète des singes. Il arrive sur terre et découvre tout ce que l’humain a fait, ses bons et ses mauvais côté, son développement, sa culture, ses avancées pour conquérir son monde et l’univers. Ce qui englobe également son côté destructeur. Il est représenté ici par la chasse, l’exploitation de la nature et des ressources, ainsi que l’aspect militaire. Nos sociétés qui roulent sans fin. Même quand on dort, le monde ne s’arrête jamais vraiment.

Au niveau visuel, le dessin est vraiment très beau. Même si j’ai préféré l’histoire racontée par Fugitive, les illustrations des deux ouvrages sont tout simplement sublimes. L’auteur a une façon bien atypique de présenter visuellement ses sujets.

Un livre muet peut forcément être interprété de plusieurs façon. Pour moi, c’est une forme de poésie, mais cette fois à travers l’image plutôt que par les mots. La vision qu’on peut en avoir laisse libre cours à interprétation. Certains aspects peuvent exacerber des souvenirs ou proposer différentes visions de l’humanité.

Les livres de Georges Peignard sont des expériences particulières et vraiment intéressantes. Les objets et les images donnent vie à des histoires personnelles et modèlent un côté tangible à l’œuvre poétique et visuelle de l’auteur. Notre interprétation peut varier d’un lecteur à l’autre, mais je pense qu’on y capte l’essentiel de ce que veut nous montrer l’auteur à travers ses ouvrages. Une bonne lecture.

La Fin du cuivre, Georges Peignard, éditions Le Tripode, 80 pages, 2020

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