Par une belle nuit d’hiver

Dans cette charmante berceuse, un parent peint le tableau d’une belle nuit nordique pour son enfant endormi, décrivant la beauté des flocons de neige, le scintillement des étoiles, la danse des cristaux de givre sur la fenêtre… Ce poème lyrique de Jean E. Pendziwol décrivant la beauté des nuits nordiques est une façon magnifique de la partager avec son enfant. Les illustrations extraordinaires d’Isabelle Arsenault rendent hommage à ce magnifique poème.

Par une belle nuit d’hiver est l’un de mes albums préférés. Je le trouve plein de délicatesse, tant dans le texte de Jean E. Pendziwol, que dans les illustrations d’Isabelle Arsenault. Il s’en dégage une très grande douceur. C’est un album qui parle du calme de la nature et qui amène le lecteur à être serein. J’adore l’atmosphère feutrée de ce livre, un peu comme on se sent par une belle nuit d’hiver.

Cet album est en fait un long poème qui raconte l’amour de l’hiver et sa magie, un soir glacé, alors qu’un enfant est endormi. Tout au long des pages, le parallèle est fait entre la nuit hivernale où le ciel offre ses plus beaux cadeaux et où les animaux s’activent pendant que l’enfant dort doucement sous sa couverture bien chaude.

Véritable hommage à l’hiver et au calme de cette saison, principalement la nuit, cet album est tout simplement sublime. Il m’accompagne depuis des années et je le relis à l’occasion quand j’ai envie d’un peu de douceur. Toujours en hiver, quand la saison froide est bien installée. 

L’auteure nous parle des traces de pas des animaux dans la neige, des lueurs dans le ciel, des cristaux sur la fenêtre, des étoiles qui scintillent, du jardin endormi. La nuit hivernale calme, vivant à son propre rythme. 

Un album magnifique!

Par une belle nuit d’hiver, Jean E. Pendziwol, Isabelle Arsenault, éditions Scholastic, 32 pages, 2014

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Mortina t.3: L’ami fantôme

Qui est ce mystérieux enfant fantôme qui tente d’entrer dans la Villa Déchéance le soir du sombre et déprimant réveillon du Nouvel An ? Le problème est justement que ce fantôme ne sait, lui-même, absolument plus qui il est… Avec l’aide de Mouron, son fidèle lévrier albinos, Mortina se lance dans une enquête joyeusement lugubre et rassemble chaque micro détail susceptible de l’aider à reconstruire l’identité de son nouvel ami.

Troisième histoire de la petite Mortina, une zombie qui aime les gens et veut vivre le plus normalement du monde. Attachante et drôle, le personnage créé par Barbara Cantini revient cette fois dans une jolie histoire d’hiver. Ce qui avait tout pour me plaire!

À la veille du réveillon de l’an fini, Mortina fait la rencontre d’un (très joli) garçon fantôme. Perdu, ne souhaitant pas retourner dans le Piège de l’Oubli, le lieu pour les fantômes amnésiques, le fantôme intéresse beaucoup Mortina qui décide de l’aider. Elle demande l’aide de ses aïeuls et commence à faire des recherches afin de comprendre de quelle époque provient le fantôme et qui il est vraiment.

Comme à l’habitude, l’histoire est remplie de clins d’œil amusants et de petites notes sur ce que l’on voit dans l’image. Comme par exemple, la chauve-souris Placide qui se gèle sous la corniche, le cousin Edgar (Allan Poe) qui joue de la musique festive et tante Trépassée qui cuisine avec le livre 100 idées pour fêter l’An fini. C’est vrai que créer un menu à la fois pour les vieux invités de plus d’un siècle, les fantômes et les zombies, ainsi que les amis humains de Mortina, ce n’est pas de tout repos!

J’adore l’humour de l’auteure qui réussit à faire cohabiter le monde des humains et celui des zombies et des fantômes, tout en ajoutant une foule de détails humoristiques. Les albums de Mortina sont toujours un vrai plaisir à découvrir à cause de toutes les références littéraires et culturelles. Il peut donc y avoir facilement plus d’un niveau de lecture.

Cet album, avec le premier autour de la fête d’Halloween, est peut-être mon préféré de la série jusqu’à maintenant. On sent, malgré le contexte horrifique des personnages et de la Villa déchéance, l’ambiance festive du temps des Fêtes. Les illustrations sont tellement belles! La Villa sous la neige, les paysages magnifiques et même la maison de Mortina qui a un petit côté réconfortant.

Parfait en cette période de l’année!

Mon avis sur les autres tomes de la série:

Mortina t.3: L’ami fantôme, Barbara Cantini, éditions Albin Michel Jeunesse, 48 pages, 2019

Les aurores boréales: le grand spectacle de Corbeau

Avez-vous déjà visité le Grand Nord? Si oui, peut-être avez-vous eu le bonheur d’admirer le magnifique spectacle de lumières que nous appelons les aurores boréales. Mais vous êtes-vous demandé comment ont vu le jour les aurores boréales et les constellations? Les aurores boréales: le grand spectacle de Corbeau relate leur magnifique histoire peinte par Corbeau, le Joueur de tours, personnage familier de la tradition orale des peuples autochtones au Canada. Une fois, par ses talents légendaires, il transforma le ciel de la nuit en tableau, grâce à ces millions et millions d’étoiles qui, fidèlement, veillent sur nous.

Cet album est tout simplement magnifique! Les illustrations sont époustouflantes et l’histoire raconte de quelle façon les aurores boréales et les constellations ont vu le jour dans l’imaginaire et les traditions orales autochtones. Le Corbeau est un personnage qui revient régulièrement dans les légendes des Premières Nations et il est souvent dépeint comme le Joueur de Tours. C’est lui qui transformera le ciel afin de nous offrir tout un spectacle!

Les deux auteurs font partie des Premières Nations. L’auteur David Bouchard est métis alors que Jasyn Lucas est membre de la Nation crie. Un portrait de chacun se retrouve à la fin de l’album. L’introduction met en contexte cette histoire magnifique, ce qui nous permet de mieux saisir les croyances et la mythologie des peuples autochtones.

L’album est un vrai bonheur pour les yeux. Je suis tombée sous le charme des illustrations de Jasyn Lucas qui a un véritable talent pour transmettre la beauté de la nuit et ses lumières. Le ciel étoilé, les aurores boréales, les animaux intrigués par ce qui se passe tout là-haut, les tons de bleu entrecoupés des lumières du ciel nocturne, toutes ces images sont si belles!

« Devant la beauté de ces millions et millions d’étoiles multicolores, Corbeau se mit à danser et à chanter. Son œuvre était un chef-d’œuvre. »

C’est à une vraie plongée dans la magnificence du ciel et ses mystères que nous invite ce livre. C’est vraiment un album pour tous, qu’on peut prendre plaisir à découvrir à tout âge. J’ai adoré!

Une très très belle découverte!

Les aurores boréales: le grand spectacle de Corbeau, David Bouchard, Jasyn Lucas, éditions Vidacom, 32 pages, 2021

Une forêt dans un verre d’eau

Tout a commencé à la fenêtre de ma chambre. En l’ouvrant, j’ai regardé le ciel. Il était trop bleu, trop beau, le soleil brillait et il faisait même chaud. Vraiment trop chaud pour un mois de novembre.

Un album vraiment magnifique qui mêle photographies et dessins. Il débute alors qu’une enfant écrit à sa grand-mère pour lui parler de quelque chose de particulier qu’elle a vécu. Le livre raconte donc son histoire, celle d’une petite fille qui vit dans un monde où les arbres et l’hiver n’existent plus que dans les livres. Elle n’en a jamais vraiment vu « en vrai ». Tout cela n’existe que dans les histoires que l’on raconte. Elle vit dans un monde où rien n’a poussé depuis plus d’un an.

Son père avait conservé un noyau qu’elle place dans un verre d’eau pour le faire germer. Un noyau qui pousse, c’est la vie et l’espoir d’une future forêt. C’est alors que l’aventure commence, quand la petite fille tombe dans le verre d’eau et se retrouve dans une grande forêt.

« Emmitouflée dans ton vieux châle, j’ai installé ma chaise tout près d’elle, et je l’ai regardée comme jamais. J’ai observé ses racines microscopiques, je me suis plongée dans ses feuilles minuscules et, en m’approchant encore, il m’a semblé que ce n’était pas une tige que je voyais, mais une forêt entière. Et plus je la fixais, plus je voyais d’arbres, d’herbes et de sentiers, comme sur les photos de l’ancienne forêt que tu me montrais. Une forêt dans un verre d’eau! »

Accompagnée de son voisin, ils recherchent l’hiver et partent à sa quête, pour retrouver le bonheur associé à cette saison. En la ramenant avec lui, son voisin espère ramener les choses comme elles étaient avant les gros changements climatiques. Un monde où la nature est encore présente, où l’hiver existe, où la forêt n’est pas qu’une vision furtive dans un livre d’images. L’album met en évidence deux mondes parallèles: le monde de la petite fille dévasté par les conséquences d’une catastrophe écologique, et le monde où existent toujours les forêts et la flore abondante de la nature.

Cet album est en quelque sorte une fable écologique sur la beauté de la nature, sur la perte de l’environnement, sur la déforestation et sur l’espoir d’une renaissance. Il montre ce que l’on va léguer aux générations futures si on ne fait rien: un monde naturel dévasté, qui n’existera peut-être plus dans le futur. Un monde qui se retrouvera dans les livres, mais qu’on ne verra plus en regardant par la fenêtre.

Un album pour tous, aux très belles photographies associées à des dessins des personnages qui évoluent dans l’image. Une histoire qui parle du monde qu’on va léguer aux générations futures. Une fable écologique sur la beauté de la nature, sur la perte de l’environnement naturel et sur l’espoir d’une renaissance. À lire avec les enfants (et les plus grands) à partir de 6 ans.

« Tout enfant recommence le monde. » – Henry David Thoreau

Un superbe album à découvrir.

Une forêt dans un verre d’eau, Isabelle Ricq, éditions Seuil jeunesse, 56 pages, 2021

La grande escapade

Si tu veux prendre un grand bol d’air, il te suffit d’ouvrir ce livre ! Au fil des pages et des volets à soulever, pars avec Brume pour une randonnée grandeur nature. De la forêt aux hauts plateaux, en passant par le sommet, la montagne se montre à voir : tour à tour majestueuse, sauvage ou fragile… Dans une seconde partie documentaire, des planches naturalistes permettent de continuer à rêver devant les dessins des animaux et des végétaux découverts au fil de la balade. Alors prends ton sac à dos, tes baskets et pars à l’aventure !

La grande escapade, un livre de randonnée de Clémentine Sourdais, est un très bel album avec une couverture découpée en relief, des flaps à ouvrir et un pop-up à découvrir pendant la lecture. Le genre de livre qu’on aime feuilleter tellement c’est ludique. Visuellement, c’est un plaisir même pour les adultes. Ayant toujours mon cœur d’enfant, moi j’adore toujours ça!

Dans cet album, on suit Brume. Elle s’est disputée avec sa mère, l’atmosphère est tendue et elle décide de faire une randonnée pour s’aérer l’esprit. Prendre un bon bol d’air frais ça aide toujours à se détendre et à remettre les choses en perspective. L’album nous raconte son parcours, ce qu’elle fait pendant sa randonnée et ce qu’elle découvre sur son chemin. Elle prépare son sac et planifie sa journée, puis pendant sa promenade elle s’arrête pour profiter de la nature, des paysages qui s’offrent à elle, de la faune et de la flore. Elle prend une collation, flâne, observe et profite du moment passé dehors, au grand air. 

Brume se promène en montagne et la fin de l’album se termine sur un petit guide des trouvailles de randonnée, des fleurs des sommets et des animaux rencontrés. L’album étant européen, on ne retrouve pas forcément ici la faune et la flore dont on parle dans le livre. Cependant, c’est peut-être l’occasion de parler avec les plus jeunes de ce que l’on retrouve ici et des différences avec avec les autres pays. C’est surtout une jolie histoire campée dans la nature qui permet un moment amusant. 

La grande escapade est donc un très bel album qui m’a fait retomber en enfance. Les beaux livres ludiques ont toujours la cote! Et comme celui-ci est axé sur la nature, il m’a bien plu.

La grande escapade, Clémentine Sourdais, éditions du Seuil jeunesse, 24 pages, 2021