Cody Hoyt, flic en délicatesse avec sa hiérarchie déjà croisé dans Trois semaines pour un adieu, a un petit problème avec l’alcool. Le jour où son « parrain » aux Alcooliques anonymes trouve la mort dans l’incendie de sa maison, le shérif décide sans hésiter qu’il s’agit d’un suicide — à l’approche des élections, un meurtre dans le secteur ferait mauvais effet. Tenant la preuve que son mentor a été assassiné, Cody fouine discrètement. Et découvre que le tueur, récidiviste de surcroît, se cache au sein d’une troupe de randonneurs partis découvrir à cheval les vraies joies de la vie sauvage dans le parc du Yellowstone. Là où la situation se corse, c’est que, par le plus grand hasard, le propre fils de Cody se trouve parmi eux. Il convient de le sortir de là au plus vite…
J’aime bien les livres de C. J. Box, qui écrit des romans policiers qu’on pourrait qualifier de « nature writing » tant les grands espaces prennent beaucoup de place dans ses histoires. J’ai envie depuis un moment de tout (re)lire Box parce que son univers me plait. J’ai choisi de commencer par Piégés dans le Yellowstone à cause justement de la présence de ce grand parc national américain dans l’histoire. Mais le personnage de Cody Hoyt me plait moins que celui de Joe Pickett et je pense revenir à ce dernier avec mon prochain livre. J’ai bien envie d’ailleurs de recommencer la série dès le début. Je lirai sans doute le second livre où l’on retrouve Cody Hoyt, un peu plus tard, mais je ne le place pas en priorité.
En commençant Piégés dans le Yellowstone je m’attendais à des passages un peu plus nombreux sur le parc, à un petit quelque chose de magique en lien avec ces lieux mythiques. Je m’attendais à m’y retrouver littéralement, à voyager en quelque sorte dans cette randonnée de plusieurs jours à laquelle participent plusieurs personnages. J’ai toutefois été un peu déçue.
L’histoire met du temps à se développer. Une bonne partie du début du roman ne se déroule pas dans le Yellowstone et par la suite, lorsque l’auteur nous y amène, c’est surtout pour suivre le début de la randonnée un peu chaotique avec tous les personnages qui ne s’entendent pas ou n’ont pas envie d’y être. Ça m’a personnellement beaucoup moins plu puisque je préfère de loin lorsque C. J. Box met en scène des personnages qui vivent à l’écart et l’ont choisi, plutôt que des gens de la ville pour qui la nature ne représente rien et qui n’ont pas forcément envie d’y être. Si j’ai aimé le début du livre à cause de l’enquête sur l’incendie du chalet d’un ami de Cody Hoyt, j’ai trouvé le début à Yellowstone assez long et plutôt inintéressant. J’ai même failli abandonner.
Quand Cody commence à trouver des informations sur la randonnée et les gens qui y participent et que la vie de son fils pourrait être menacée, le roman prend un peu plus d’ampleur. On a droit à une traversée du Yellowstone « hors pistes » et à de petits passages plutôt jolis sur la beauté de l’endroit.
« Face à l’immensité du panorama, entre les pentes tapissées de vert, les vallées cernées d’arbres, les soulèvements géologiques veinés et le vaste plan étale du lac de Yellowstone des kilomètres en contrebas, il ne put que dire:
-Quel énorme pays.
Mitchell grommela et sortit ses jumelles d’un sac de selle.
-N’en tombez pas amoureux, dit-il. Il vous briserait le cœur à tous les coups.
C’est aussi à partir de ce moment que les cadavres s’accumulent sur la piste où se lance Cody Hoyt et que l’intrigue devient un peu plus palpitante. Faune sauvage et macchabées en général ne font pas bon ménage…
J’ai lu la seconde moitié du roman avec plus d’intérêt que la première. Après la découverte du chalet calciné, il a un long moment de flottement où l’auteur s’attarde longuement sur des personnages qui, pour moi, n’ont pas beaucoup d’intérêt. Je dois avouer que je préfère de loin Joe Pickett, l’autre héros de plusieurs romans de Box, à Cody Hoyt, un policier alcoolique, nonchalant et irresponsable. Je le trouve beaucoup plus froid que Pickett et beaucoup moins attachant.
Dans ce roman d’ailleurs, la dynamique du groupe qui randonne à cheval dans le Yellowstone est assez étrange. Naturellement, comme dans tout bon groupe qui se respecte, presque tout le monde devient suspect dans l’affaire en cours. Les adolescents boudeurs sont exaspérants et les adultes ne sont pas plus sympathiques avec leurs querelles et leurs revendications. L’ensemble devient un peu lourd ou peut-être est-ce juste moi qui n’aime pas particulièrement les dynamiques de groupes (et les incessantes querelles) dans les romans.
J’ai beaucoup aimé certains chapitres du livre, comme lorsque Cody parcourt seul les pistes du Yellowstone et qu’il s’écarte des balises pour constater que quelqu’un qui est passé avant lui sème la mort sur son chemin. J’ai apprécié les moments qui parlaient de la faune du parc, de la solitude et de l’immensité des lieux. Toutefois, ce n’est pas suffisamment poussé à mon goût.
J’ai tout de même envie de relire d’autres livre de C. J. Box parce que je sais ce qu’il est capable de faire avec une bonne histoire, en pleine nature. Ici, on voit tout de suite le contraste entre Pickett et Hoyt qui, je crois, est pour beaucoup dans mon appréciation de ce roman. Je vais sans doute reprendre la série de romans mettant en scène Joe Pickett. C’est une valeur sûre!
Piégés dans le Yellowstone, C. J. Box, éditions du Seuil, 448 pages, 2013