Seong-ho, profileur réputé de Séoul, est envoyé sur l’île de Sambo pour une nouvelle enquête. Dans ce haut lieu du chamanisme, trois femmes ont disparu, probablement victimes d’un serial-killer. Kim Seong-ho est accompagné par Yeo Do-yun, spécialiste des rites chamaniques comme le ssitgim-git : « rituel pour laver les sentiments d’amertume et de rancune éprouvés par les défunts au moment de leur trépas ». Mais sur l’île fouettée par les vents et les vagues, dans l’air glacial de ce mois de janvier, les victimes ne sont pas encore prêtes au pardon. De mystérieux conciabules ont lieu entre deux silhouettes, des chiots sont tués. Une atmosphère de plus en plus lourde s’abat sur Kim Seong-ho qui commence à ressentir d’étranges maux de tête à mesure que des souvenirs personnels viennent se mêler à son enquête.
Voici un thriller que j’ai choisi pour son titre. Je l’avoue, ça m’arrive parfois. J’aime beaucoup tout ce qui a trait aux chamanes. J’ai donc commencé cette lecture sans savoir de quoi elle parlait. Il s’agit d’un roman coréen, ma première lecture d’un livre de cette littérature. C’est donc une totale découverte pour moi.
Le personnage principal, Kim Seong-Ho, est profileur. C’est un personnage intéressant, qui souffre de pertes de mémoire liées à son passé. Il s’occupe donc de dresser le portrait de psychopathes et de tueurs difficiles à arrêter. On fait appel à ses services pour élaborer une façon d’élucider les crimes.
« Vous savez, capitaine, les psychopathes n’ont rien à voir avec les gens qui sont atteints d’un dérangement psychique classique tel que l’anxiété, la dépression ou les hallucinations. Leurs facultés mentales ne sont pas perturbées: ils sont simplement dépourvus de conscience morale, ils ne connaissent aucun sentiment de culpabilité, aucun remords. Or le psychisme de Yi Jun-hi est radicalement différent de celui des psychopathes que j’ai connus. C’est un garçon capable de sentiments; il n’ignore ni la peur ni l’angoisse. »
Il se retrouve à enquêter sur un meurtre et il s’aperçoit, à travers des discussions web, que plusieurs personnes pourraient être coupables. Quand il se fait pirater son système informatique pendant cette enquête, ses supérieurs veulent l’éloigner et l’envoient sur l’île des chamanes où il y a trois crimes, perpétrés contre des femmes, qui sont encore irrésolus.
« Pendant qu’il est plongé dans ces réflexions, la porte de côté donnant sur la véranda se met à vibrer, à avoir comme des petites secousses. Il se lève et saisit la poignée de la porte-fenêtre à glissière: elle est en position « ouvert ». Et ça, c’est très étrange car il est certain de l’avoir fermée la nuit précédente en vérifiant à plusieurs reprises… Le verrouillage serait-il déglingué au point qu’il suffit d’un coup de vent pour que la serrure s’ouvre toute seule? »
J’ai beaucoup aimé ma lecture. Je ne suis pas un grand lecteur de thrillers ou de romans policiers. D’avoir choisi un livre comme celui-là sur une base aussi simple que son titre, m’a permis de faire une belle découverte pour un livre que je n’aurais sans doute jamais lu autrement.
J’ai trouvé l’intrigue très structurée. L’auteure prend la peine d’expliquer à certains moments la façon de fonctionner en Corée, le monde policier là-bas, le déroulement d’une enquête, en mettant en contexte la façon de faire coréenne. La traduction est bien aussi, ce qui est agréable.
L’histoire est intrigante et les revirements de situations nous gardent en haleine. C’est donc un roman très efficace. Ce fut une très bonne lecture qui m’a beaucoup plu.
L’Île des Chamanes, Kim Jay, Matin Calme éditions, 326 pages, 2021