Notre top 5 2020!

L’an dernier, nous avions aussi fait un top 5 de nos lectures de l’année. Quand on lit beaucoup de livres dans une année, élaborer une courte liste de cinq titres demeure très difficile. C’est un choix draconien et déchirant que de sélectionner certains titres et d’en écarter d’autres. Comme l’an dernier, nous avons décidé de jouer le jeu. Qu’est-ce qui nous a marqués cette année? Qu’est-ce qu’on a adoré lire en 2020? Quels livres nous ont transportés? Après plusieurs discussions et hésitations, voici notre top 5 pour 2020. Nous espérons que vous y trouverez de belles idées lecture et ferez de belles découvertes!

Choix de Guy

  1. De Gaulle. Les 75 déclarations qui ont marquées le Québec (Roger Barrette)
    Un ouvrage essentiel pour (re)découvrir un grand homme politique, ce qu’il a légué au Québec et pour mieux saisir les luttes qu’il a menées.
  2. Hunter (Roy Braverman)
    Un roman dur, sanglant, mais terriblement prenant, qui se déroule en pleine nature, dans un petit village des Appalaches. Un roman qui m’a fait sortir de ma zone de confort et que j’ai finalement adoré!
  3. Un activiste des Lumières (Marcus Rediker)
    Portrait de Benjamin Lay, figure importante de la lutte contre l’esclavage, malheureusement tombé dans l’oubli. Un homme hors du commun, qui s’est battu contre l’injustice. Un anticonformiste fascinant.
  4. Félix Leclerc l’alouette en liberté (Christian Quesnel)
    Album coup de cœur qui retrace la carrière du grand Félix Leclerc. Un ouvrage à conserver précieusement, à relire et à partager autour de soi. Un vrai bonheur pour les yeux!
  5. Les carnets de Wendigo (David Groulx)
    Récit poétique captivant qui s’inspire des mythes et légendes de la culture des Premières nations. Un ouvrage d’une richesse incroyable, qu’il faut découvrir absolument.

Choix de Geneviève 

  1. Payer la terre (Joe Sacco)
    Une œuvre graphique magnifique pour suivre l’auteur à la rencontre des Dene, un peuple des Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest. Touchant, juste, indispensable.
  2. Hiver: cinq fenêtres sur une saison (Adam Gopnik)
    Cinq chapitres pour parler de cinq aspects de l’hiver et l’aborder d’un point de vue culturel et historique. Passionnant!
  3. Si près, si loin les oies blanches (Gérald Baril)
    Un essai éclectique sur les oies blanches, qui aborde leur présence dans toutes les sphères de la vie: biologie, chasse, histoire, nature, littérature, etc. Fabuleux!
  4. Promenade en enfer (Pierrette Lafond)
    Pour plonger dans la censure au Québec et dans l’Enfer du Séminaire de Québec, une section de livres interdits et mis à l’Index. Une promenade passionnante en images et en histoire.
  5. Les Villes de papier (Dominique Fortier)
    Un véritable petit bijou à la plume délicate, qui présente un portrait de la poétesse Emily Dickinson. À découvrir!

L’année 2020 aura été difficile, étonnante, résiliente, compliquée, mais nous aimons penser que les choses s’amélioreront et que cette année qui se termine avec un soupir de soulagement nous aura appris des choses, en tant qu’humain, en tant que société, en tant que planète. Nous en profitons donc pour vous souhaiter nos meilleurs vœux pour 2021. La santé, surtout (on sait maintenant plus que jamais à quel point c’est important) et aussi la paix. La paix de l’âme, de l’esprit, pour se sentir mieux et faire face à 2021 avec un peu plus de quiétude.

Bonne année!

Guy & Geneviève

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De Gaulle. Les 75 déclarations qui ont marqué le Québec

Cinquante ans après le décès du général de Gaulle, Roger Barrette dévoile une facette inédite de sa personnalité, celle de son intérêt soutenu pour le Canada français. De 1911 jusqu’à son décès, il lit des auteurs québécois. Le 1er août 1940, il s’adresse directement aux Canadiens français sur les ondes de la BBC et de Radio-Canada et lance un appel au secours qui amène des milliers d’entre eux à se mobiliser pour la France libre. Il effectue non pas un, mais trois voyages mémorables au Québec. Devenu président de la Ve République, de Gaulle est un soutien indéfectible des acteurs de la Révolution tranquille. Les 75 confidences, notes et déclarations regroupées ici sont essentielles pour comprendre la pensée et les gestes du général. On y découvre que son fameux «Vive le Québec libre!» était prémédité, mais qu’il ne signifiait pas l’éclatement du Canada.

Comme beaucoup de québécois, j’ai toujours été émerveillé par le passage de De Gaulle au Québec. Ses déclarations ont marquées les esprit et depuis tout jeune, cet homme politique suscite chez moi un véritable intérêt. Pendant mon enfance et mon adolescence, on entendait beaucoup parler de son célèbre « Vive le Québec libre! » Cette lecture était donc l’occasion parfaite d’en apprendre plus et de mieux connaître l’homme politique. Il m’a toujours paru comme un homme sympathique (ce que le livre n’a fait que confirmer), et qui avait très à cœur la langue française. Il souhaitait une langue forte et un Québec épanoui, libre, autonome et libéré du joug anglais, ainsi que la liberté d’expression française au Canada. 

De Gaulle. Les 75 déclarations qui ont marqué le Québec de l’auteur Roger Barrette est un ouvrage d’une grande qualité qui nous fait découvrir une multitude de faits accomplis pour le Québec par ce semeur d’espoir qu’était De Gaulle. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme et d’attentes que je me suis attaqué à cette grande et passionnante lecture. Quand il est venu au Québec, De Gaulle a toujours soulevé les foules.

« Comment expliquer que 20% d’un peuple se mobilise pour aller à la rencontre d’un visiteur de 76 ans? Les réponses à cette question peuvent être diverses. Dans ce cas-ci, il y a bien sûr la personnalité hors normes de De Gaulle, mais il y a aussi la réalité sous-jacente qui tient en quelques mots: révolution tranquille, solidarité française et ouverture sur le monde. »

L’ouvrage nous permet de (re)découvrir l’héritage que De Gaulle nous a légué, qui a aidé à façonner le Québec d’aujourd’hui et celui de demain. Ce livre historique, biographique et politique est une très belle découverte qui m’a permis d’apprendre énormément de choses sur le général De Gaulle, reconnu au Québec encore aujourd’hui pour sa célèbre déclaration: « Vive le Québec libre« . Les discours de De Gaulle étaient à la fois accrocheurs et magnifiques. Il recherchait activement la liberté. 

La lecture s’est avérée passionnante et captivante. On sent le grand travail de recherche de Roger Barrette, accompagné d’une belle structure qui pousse le lecture à vouloir en apprendre d’avantage sur De Gaulle. Qu’on soit féru de politique ou non, cet ouvrage est très accessible. L’auteur est un excellent vulgarisateur et il nous permet de découvrir tout ce qui s’est fait pour le Québec. C’est un ouvrage qui devrait être lu par les générations d’aujourd’hui, afin de mieux connaître ce qu’on a pu traverser comme nation francophone. C’est un ouvrage essentiel pour mieux comprendre l’histoire passée, les luttes importantes pour l’éducation et la place du français. Ce livre est un hommage à cet homme et à tout le travail qu’il a accompli pour permettre aux québécois et aux canadiens français une reconnaissance et une visibilité internationale. De Gaulle aimait la francophonie et il adorait le Québec. Il est intéressant par exemple, de découvrir dans la bibliothèque de De Gaulle, une série de titres québécois, qu’il a fait spécifiquement relié avec des fleurs de lys sur la reliure. 

De Gaulle avait à cœur beaucoup de choses pour le Québec. Dans l’ouvrage, on sent tout de suite l’importance de l’art, l’autonomie, l’accès à l’éducation. L’instruction au Québec demeurait difficile. Pour De Gaulle, donner tous les outils nécessaires aux francophones afin de s’instruire et d’avoir accès à l’éducation était primordial. Il tenait beaucoup à la présence du Québec au sein de la francophonie, envers et contre tous, et à l’importance des rapprochements entre le Québec et la France. De nombreux échanges entre les deux pays ont d’ailleurs été proposés et instaurés par De Gaulle. 

L’ouvrage est conçu en débutant par des faits qui nous semblent connus, mais qu’au fond on ne connaît pas réellement, jusqu’aux faits moins connus. Cette lecture est donc sans cesse une découverte. C’est d’ailleurs ce qui est captivant avec ce livre. Roger Barrette nous fait entrer dans la sphère évoluant autour de De Gaulle, toujours en lien avec son travail pour le Québec. J’ignorais énormément de choses que j’ai d’ailleurs été agréablement surpris de découvrir. 

De Gaulle a été un personnage de l’histoire qui a vécu les nombreux bouleversements de son époque. Il a apporté beaucoup pendant la Révolution tranquille avec ses idées sur la langue et l’éducation, son ouverture sur le monde et sa promotion de la solidarité entre les peuples francophones. De Gaulle amène l’espoir, la vision d’un nouveau départ. Il a apporté énormément à la France, mais aussi au Québec, toujours avec l’intention de rapprocher les deux nations. 

« De Gaulle est un homme constamment tourné vers l’avenir. Comme aux échecs, il planifie toujours un coup avant le camp adverse. Il a déjà dit: « Quand on est un homme qui a dans ses mains le destin d’un pays comme la France, on est tenu de regarder loin. » »

L’ouvrage nous apprend tout d’abord qui était Charles De Gaulle. Qu’est-ce qui a amené cet homme à devenir l’homme politique qu’il est devenu? Son amour pour sa patrie, mais aussi pour la langue française en général. Il était fasciné par le Québec et les patriotes. Après avoir remis la France sur pied après la guerre, il a été un acteur important au Québec lors de la Révolution tranquille. Il souhaitait redonner aux québécois la fierté d’être ce que nous sommes, nous développer, nous instruire en français et nous permettre de s’élever en tant que peuple. 

Cette lecture m’a permis de connaître un grand homme, qui se tenait debout, qui partageait plusieurs de mes valeurs, comme l’intégrité et la fierté d’être francophone. Il avait des idées clairement définies et il y tenait. J’ai trouvé ce livre vraiment passionnant. Cette lecture m’a appris tellement de choses! L’histoire de De Gaulle mériterait d’être plus largement connue. Son parcours nous permet de nous rapprocher de nos racines, nous donne envie de s’unir pour ne pas laisser notre langue se perdre. Vu l’actualité des derniers mois, avec la difficulté pour certains de se faire servir en français dans des commerces de Montréal par exemple, on ne peut que vouloir que chacun lise ce livre pour raviver la fierté de parler français.

Les combats menés par Charles de Gaulles et les échos qu’on peut en voir aujourd’hui avec notre langue française, viennent naturellement créer beaucoup d’émotions pendant la lecture. La vision de De Gaulle et ce que nous lui devons comme peuple, ainsi que ce que nous avons apporté à la France de notre côté, ne peut que faire vibrer le lecteur. Je trouve dommage qu’aujourd’hui, ces combats semblent tomber peu à peu dans l’oubli. Aujourd’hui, si le Québec a acquis certaines libertés comme peuple francophone, c’est beaucoup grâce à De Gaulle.

L’ouvrage contient de nombreuses photographies d’époque afin d’illustrer le propos de Roger Barrette et de nous permettre de mieux connaître De Gaulle. La préface du livre est signée Denis Vaugeois, qui nous parle un peu de Roger Barrette, de ses études et de l’auteur qu’il est. L’avant-propos aborde le rapport de Barrette à De Gaulle ainsi que de la fragilité du français. Certains passages sont émouvants et remuent beaucoup notre fibre patriotique. 

« Monsieur Hamel se mit à nous parler de la langue française disant que c’était la plus belle langue du monde, la plus claire, la plus solide; qu’il fallait la parler entre nous et ne jamais l’oublier, parce que quand un peuple tombe esclave, tant qu’il tient bien sa langue, c’est comme s’il tenait la clé de sa prison… »

De Gaulle. Les 75 déclarations qui ont marqué le Québec a été un véritable coup de coup de cœur. C’est le livre qui m’a permis de découvrir un grand homme et qui m’a fait comprendre beaucoup de choses sur notre histoire. De Gaulle de Roger Barrette a été définitivement ma plus belle lecture de l’année 2020. Un incontournable à lire absolument, pour tous les québécois, les canadiens francophones, les français et les amoureux de notre langue.

L’ouvrage se termine sur l’héritage de De Gaulle, ces changements qui ont perdurés et évolués avec le temps. Il permet de mieux saisir l’ampleur du travail qui a été fait afin que le Québec ait sa place dans la francophonie et dans le monde. Le livre nous permet de mieux comprendre ce qu’a été la Révolution tranquille. Cette période où ceux qui nous ont précédés ont beaucoup travaillé pour rendre notre monde meilleur et où De Gaulle a été un acteur important. Une période qui a été au centre de grands bouleversements. Cet ouvrage apporte un bel éclairage sur notre histoire et nous pousse davantage à faire briller notre langue française. Il nous donne envie de foncer, comme peuple et de prendre la place qui nous revient, en français. 

De Gaulle. Les 75 déclarations qui ont marqué le Québec, Roger Barrette, Éditions du Septentrion, 390 pages, 2019

Promenade en Enfer

Longtemps soumises à la censure ecclésias­tique, des bibliothèques enfer­maient les ouvrages mis à l’Index dans une section surnommée Enfer, puisque la simple lecture d’une œuvre interdite par l’Église pouvait entraîner la damnation éternelle de l’âme. Le concile Vatican II a mis fin, dans les années 1960, à l’application du cadre censorial, entraînant la disparition de ces huis clos et de leurs secrets. Cependant, l’une des rares collections encore existantes se trouve dans la bibliothèque historique du Séminaire de Québec, institution fondée en 1663. Cette Promenade en Enfer lève le voile sur ces ouvrages interdits jugés immoraux, hérétiques ou dangereux, témoins silencieux frappés par la censure livresque pendant plus de trois siècles qui racontent un volet dissonant et occulté de l’histoire morale et culturelle du Québec.

Aujourd’hui, je vous parle d’un ouvrage dont j’ai particulièrement aimé la lecture et qui devrait intéresser ceux qui adorent les livres. Promenade en enfer de Pierrette Lafond nous amène dans la bibliothèque historique du Séminaire de Québec, sur les traces des livres mis à l’Index. Ces livres, placés dans la section Enfer, ont été marqués par l’opprobre et interdits de lecture. 

La censure littéraire m’a toujours beaucoup intéressée, surtout que je travaille en bibliothèque. La question s’est parfois posée, en lien avec l’actualité ou avec certains questionnements de lecteurs, quant à la pertinence de la présence ou non d’un livre sur les rayons. Nous avons toujours tenté de ne pas faire de censure, de faire une place aux livres « sensibles » ou « dérangeants » au même titre que les autres. Toutefois, la question de la censure m’a toujours interpellée. C’est intéressant de découvrir pourquoi un livre fait l’actualité, pour quelles raisons on souhaite en empêcher la diffusion ou la lecture et de quelle façon on décide de s’y prendre pour contrer la durée de vie d’un ouvrage sur les rayons. Promenade en enfer nous aide à mieux comprendre la censure et son application, à travers la bibliothèque du Séminaire de Québec.

« Lorsque la Loi de l’Index fut abrogée dans les années 1960, ces ouvrages interdits de lecture ont été reclassés parmi la collection générale des bibliothèques, en conservant leurs secrets. »

Pourquoi cette bibliothèque en particulier? Parce qu’elle a une grande valeur historique puisque c’est l’une des seules qui a été conservée. Mais qu’est-ce que L’enfer? C’était une section de la bibliothèque, interdite pour le commun des mortels, qui regroupait les livres censurés et donc, interdits à la lecture. Où pouvaient bien aller ces livres que l’on ne devait pas lire? En enfer, naturellement! Ce qui est toujours étonnant, c’est que quelqu’un a dû les lire ces livres pour pouvoir les condamner. On considérait donc que certaines personnes avaient la force nécessaire et le statut pour pouvoir « encaisser » d’aussi infâmes lectures!

Cet ouvrage est abondamment illustré et il est vraiment passionnant! L’auteure parle des premiers balbutiements de la censure de façon générale, des auteurs classiques de l’Antiquité en passant par Gutenberg jusqu’à l’application de la censure de nos jours. J’ai aimé la construction de l’ouvrage qui débute avec la censure de façon générale, la création de l’Index, puis son application, essentiellement religieuse. Ensuite, l’ouvrage nous amène plus particulièrement dans l’enfer de la bibliothèque du Séminaire de Québec en nous offrant un tour d’horizon des ouvrages que l’on peut y retrouver, des raisons pour lesquelles les livres y ont été ajoutés au fil du temps, du rôle des censeurs et de la façon dont ils appliquaient la sanction. Certains titres portent des mentions de toutes sortes, allant de la cote Index à la mention Enfer. D’autres ont été largement commentés par ceux qui les ont censurés. Certains font partie de la liste officielle de Rome des ouvrages mis à l’Index alors que d’autres l’ont été suite à une sanction locale.

« Mettre un livre à l’Index signifie qu’on le retire de l’espace de lecture et qu’il devient interdit aux lecteurs, que le livre et son auteur sont soumis au jugement moral des autorités ecclésiastiques ou séculières, que le propriétaire-lecteur du livre est jugé sur sa moralité et que son droit de propriété lui est dénié. »

Il est intéressant de comprendre ce qui a pu choquer les censeurs à une certaine époque. Naturellement, tout ce qui était contraire à la religion ou qui en remettait certains aspects en question, était mis à l’Index. Certains titres se retrouvent aussi condamnés à l’enfer à cause de leurs mœurs plus légères. On y retrouve d’ailleurs un ouvrage racontant les abus subis par les religieuses dans des couvents. L’aspect plus provocateur du livre n’a naturellement pas été approuvé lors de son passage entre les mains de la censure…

De nombreuses photos de la collection sont reproduites pratiquement à toutes les pages, ce qui apporte un beau contenu visuel et nous aide à mieux comprendre toute la portée de la censure. Il est intéressant de voir les marques visibles sur les livres mis à l’Index. Comme ces ratures, ces découpages ou le caviardage de texte sensible, ces notes manuscrites et ces commentaires allant de « mauvais livre » à « bon pour brûler » qui n’est pas sans rappeler le fameux texte de Ray Bradbury, Fahrenheit 451. Un de mes livres préférés d’ailleurs. 

Il est aussi intéressant de plonger dans l’origine des livres présents dans l’Enfer de la bibliothèque du Séminaire de Québec, en découvrant les précédents propriétaires des ouvrages, lorsque c’est possible, les ex libris, le parcours du livre avant que sa vie s’arrête et qu’il soit condamné. Le livre est un objet « dangereux » du point de vue de ceux qui veulent en limiter la diffusion. Objet durable, le livre permet aux idées de circuler, d’être lues, entendues, partagées. Il permet l’argumentation et la réflexion. C’est un objet de pouvoir qu’on doit donc contrôler.

« Lire est un acte d’indépendance et de liberté. »

Il est très intéressant d’en connaître l’histoire et de découvrir pourquoi ces livres ont été interdits. Il est tout aussi intéressant de constater que certains tentaient de contrecarrer cette mise à l’Index des livres en écrivant ou en diffusant dans l’arrière-boutique de certaines librairies, de la littérature interdite. La mise à l’Index s’accompagnant souvent de mesures punitives, on retrouve quelques exemple dans cet ouvrage qui démontrent bien les effets de la censure. Pas seulement sur l’objet-livre, mais sur la diffusion du savoir, l’alphabétisation et la vie des auteurs pointés du doigt.

Vous aimez les livres? Vous êtes un grand lecteur ou vous travaillez dans le domaine des livres? Ce livre est à lire, assurément! La censure est un sujet à la fois passionnant et dérangeant. Pour en apprendre plus sur son histoire au Québec, Promenade en enfer est un très bel ouvrage à découvrir. C’est un gros coup de cœur pour moi et une de mes meilleures lectures de l’année!

Promenade en Enfer, Les livres à l’Index de la bibliothèque historique du Séminaire de Québec, Pierrette Lafond, éditions du Septentrion, 144 pages, 2019

Freeman

Patterson, Louisiane. Deux millions de dollars disparaissent. Envolés pendant un ouragan d’une rare violence. Volés au boss de la mafia locale. Drôle de casse ! Un autre million et demi tombe du ciel, pendant le même ouragan, livré à Freeman par un chasseur de primes. Drôle d’héritage ! Le reste est moins drôle. Une double traque commence. Elle va faire se croiser et s’affronter un « parrain » amateur de cocktails, un explosif tandem de flics que tout oppose, plus torturés par des quêtes personnelles que par leur enquête et le respect des procédures, une serveuse beaucoup trop éprise de l’un des deux pour en sortir indemne, un FBI plus FBI que jamais, Freeman et sa fille Louise, rescapés de la vie, et Mardiros, l’obstiné collecteur de dettes arménien. Plus tout ce que La Nouvelle-Orléans compte de faune interlope, d’indics tordus, de paumés de la vie et de décérébrés du bayou. Sans oublier, bien entendu, saint Jude et saint Expédit.

Cette suite de Hunter et Crow, ne donne aucun répit au lecteur qui dévore littéralement cette passionnante lecture, en voulant toujours en savoir plus. Si le premier tome nous amenait dans un petit village des Appalaches, le second nous faisait voyager jusqu’en Alaska. Ce troisième tome de la trilogie quant à lui, nous permet de visiter une nouvelle contrée: la Nouvelles-Orléans. Chaque tome porte également le nom d’un personnages important de l’histoire.

Ce tome-ci débute dans les bayous où un ouragan d’une grande violence frappe alors la région. Un homme cagoulé profite de cette situation où les gens désertent les lieux pour affronter la tempête et aller braquer le coffre fort du grand et influant mafioso de la région, Sobchack. Son geste engendrera une grande colère et sera le début d’une chasse à l’homme pour trouver qui a pu oser faire cela. Dès que l’ouragan est passé, les questions se mettent à fuser. 

Certains personnages aperçus dans d’autres livres sont de retour. On retrouve Lou (Louise) cette femme séquestrée dans le premier roman, ainsi que Freeman, son père et ex-policier, qu’on avait perdu de vue dans le deuxième roman. Les deux personnages font un retour en force dans ce troisième et dernier tome.

« Il regarde sa montre, fait signe à la serveuse qu’il laisse ce qu’il faut sur la table, et court à sa voiture. Une minute plus tard, il est devant le Desautel’s, juste à temps pour apercevoir Chipmunk en grande discussion avec Louise sur le trottoir. Il klaxonne pour les prévenir qu’il est là, jette sa voiture sur la première zone interdite libre, et bondit hors de la Mustang. »

Freeman, qui prendra la décision de se barricader face à l’ouragan, fera la connaissance du mystérieux collecteur de dettes d’origine arménienne, Gaizag Mardirossian, qu’on a pu découvrir dans le deuxième tome Cette fois, il a une « livraison » pour Freeman. C’est un personnage que l’auteur a fait apparaître dans le second tome et qu’on retrouve aussi dans celui-ci. J’étais bien content puisque c’est un personnage que j’affectionne particulièrement. 

Les lieux sont importants dans les romans de cette trilogie. Le portrait que trace l’auteur de la Louisiane dans ce livre n’est pas très reluisant. Il s’agit d’un lieu corrompu jusqu’à l’os, tant au niveau des instances policières que du FBI.  Le racisme est aussi un thème récurrent dans le livre. C’est toutefois la recherche du braqueur de la mafia qui est le fil conducteur du roman et l’enquête la plus importante. 

« Il porte la main à son étui vide et hurle après son adjoint de récupérer un fusil à pompe dans la voiture de patrouille pour tenir Freeman et Mardiros en respect. Puis il sort tout ce qui se trouve dans le coffre et le jette sur le bas-côté. Il cherche partout. Quelque chose de précis. Il dégrafe les garnitures des portières, décolle les tapis de sol, sort la roue de secours. Il est si occupé à fouiller avec rage qu’il n’entend pas le téléphone de Freeman sonner. »

Un petit retour sur le suspense dans les autres tomes de la trilogie en comparaison avec celui-ci. Dans le premier tome, le suspense était continu. C’était un véritable page-turner. Le deuxième roman, était par moment plus lent dans le déroulement de l’enquête. Le troisième tome renoue avec la forme du premier quant au suspense qui est présent tout au long du livre.

J’ai donc adoré la lecture de Freeman. C’est un livre très prenant, qui se dévore. L’auteur a construit un univers très addictif. J’aime beaucoup la construction de ce livre, fait de courts chapitres, ce qui incite à un rythme de lecture très rapide. J’ai découvert avec la trilogie de Braverman, une plume qui m’a beaucoup plu, une façon d’amener les intrigues qui nous pousse à lire toujours plus. En terminant la trilogie, j’avais déjà envie de lire autre chose de lui. Ce que je ferai assurément.

Cette trilogie m’a permis de découvrir l’auteur et je suis content de savoir qu’il a écrit d’autres romans, sous différents pseudonymes, et qu’il en écrira sûrement de nouveaux. Malgré les thèmes durs parfois abordés (crimes, viols, meurtres) qui ne font pas partie de mon genre de lecture habituelle, l’auteur rend ses romans à la fois intéressants et fascinants. De plus, il nous plonge vraiment dans le contexte de son histoire, en décrivant abondamment la région où se déroule l’intrigue. Les lieux font donc grandement partie de l’histoire et c’est d’autant plus intéressant pour nous d’avoir l’impression de se retrouver dans les Appalaches, en Alaska ou en Nouvelle-Orléans. 

Ce troisième tome complète bien la trilogie et tourne la page sur une histoire intrigante et pleine de suspense.

Mon avis sur les autres tomes de la trilogie:

Freeman, Roy Braverman, éditions Hugo Thriller, 440 pages, 2020

Pourquoi pas nous ?

Arthur est à New York pour l’été, en attendant de savoir s’il va être reçu à Yale. Lorsqu’il croise le chemin de Ben dans un bureau de poste, c’est le coup de foudre. Il y voit un signe du destin. De son côté, Ben doute que le destin soit de son côté : il vient de rompre avec son petit ami, Hudson, et n’est pas vraiment prêt pour une nouvelle relation.
Pourtant, ni l’un ni l’autre ne parviennent à oublier cette première rencontre…

J’avais envie de lire quelque chose de léger (mais quand même pas trop) et de sympathique. J’ai donc choisi un peu au hasard Pourquoi pas nous? de Becky Albertalli et Adam Silvera.

Je n’avais jamais lu Adam Silvera, qui a écrit Et ils meurent tous les deux à la fin (juste le titre ne m’attire vraiment pas) et j’avais lu un titre de Becky Albertalli, Moi, Simon, 16 ans, homo sapiens, que j’avais plutôt bien aimé, mais dont j’ai quand même préféré l’adaptation au cinéma. Alors que je me suis dis que Pourquoi pas nous? pourrait être une lecture agréable.

L’histoire raconte la rencontre ratée entre Arthur et Ben au bureau de poste. Ils se parlent rapidement, se plaisent bien mais sont maladroits, puis une flash mob entre dans le bureau de poste et les sépare. Chacun pense à l’autre et décide de partir à sa recherche. Cette partie du roman est celle que j’ai préférée. C’était drôle et sympathique. C’est lorsqu’ils se retrouvent que ça se gâte un peu à mon avis.

À partir de ce moment, il s’agit d’une « romance » qui tombe dans les clichés. Ils se retrouvent et se repoussent, se remettent en question et se disputent. Ils se séparent puis se retrouvent, avant d’enchaîner les rendez-vous ratés et de tenter de les reprendre en mieux. Des centaines de pages de ce genre, c’est long. Vraiment très long.

J’ai trouvé les personnages assez peu attachants. Les caractéristiques intéressantes, quant à leur situation personnelle, familiale et leurs différentes origines, ne sont absolument pas développées, à peine effleurées. Les réflexions ne vont pas assez loin pour donner un peu de profondeur au roman et le langage utilisé est agaçant. J’étais en train de faire une overdose de « mais grave! » qu’on retrouve à toutes les pages. Ouf!

Je suis en général bon public si le texte offre un mélange d’humour ou de romance qui tient la route. J’aime lire parfois ce genre de livre, mais je n’adhère jamais à ceux qui tombe dans la facilité. Ici c’est le cas. Si les personnages n’offrent rien d’intéressant, alors je m’ennuie. Cette lecture, je l’ai trouvée longue sans bon sens. À plusieurs reprises, j’ai bien faillis abandonner le roman. J’espérais que ça s’améliorerait, mais ça n’a pas été le cas. J’avais l’impression que je n’en verrais jamais la fin.

Bref, ce fut une rencontre ratée avec ce roman. Je crois que ces deux auteurs ne sont juste pas pour moi. Il manque vraiment quelque chose aux personnages et à l’intrigue pour que ce soit romantique ou amusant. Même la fin est décevante, et surtout la façon dont nos deux personnages y arrivent. Je l’avoue, je m’attendais à quelque chose de bien différent. En voyant la couverture et en lisant le résumé, je m’attendais à lire un roman dans la veine de Alice Oseman (personnages mignons et romantiques), Benjamin Alire Saenz (intrigue intelligente et réflexions bien ciblée) ou de Rainbow Rowell (aux intrigues amusantes et aux personnages geeks intéressants). On en est vraiment très loin…

Pourquoi pas nous ?, Becky Albertalli, Adam Silvera, éditions Hachette, 380 pages, 2018