Le Père Noël et moi

Après bien des aventures dramatiques, la jeune Amélia S. Perrance (son chat noir, Capitaine Suie, sous le bras) a été adoptée par le père Noël et Mary, sa nouvelle compagne et habite au 7, rue des Rennes, à Lutinbourg, dans le Grand Nord. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais qui dit nouvelle vie dit nouvelle école. Comment Amélia, la seule humaine, va-t-elle pouvoir s’en tirer, entourée de lutins à qui on enseigne des choses bien différentes de celles qu’elle a apprises (du chant, de la drimwickerie pratique, du bonheur général) ? Avec qui Amélia deviendra-t-elle amie, et acceptera-t-elle sa nouvelle vie, entourée d’elfes et de fées, elle qui doit apprendre à faire du traîneau et à fabriquer des jouets ? Et les lutins l’accepteront-ils, alors qu’elle est accusée, par le père Vodol lui-même, de vouloir détruire Lutinbourg, et donc victime «d’humanophobie» ?…

Après Un garçon nommé Noël et La fille qui a sauvé Noël (qui demeure mon préféré de la série), Le père Noël et moi fait partie de la trilogie de Noël de Matt Haig. Même si l’histoire se suit en partie, la construction permet de lire les tomes séparément, selon notre envie. Ils offrent chacun un univers en soi. Il y a aussi Une souris nommée Miika qui complète la trilogie, en reprenant un des personnages, mais en étant un peu différent puisque le narrateur n’est pas un humain. 

Dans Le père Noël et moi, nous retrouvons Amelia qui est le personnage principal du second tome. Après ses mésaventures à Londres, elle vit maintenant avec le père Noël. Elle a du mal à s’adapter et est malhabile avec les disciplines propres aux lutins qu’elle doit apprendre à l’école. Quand elle échoue dans la seule chose qu’elle réussit à peu près bien, la maléfique gazette du père Vodol s’empare de son histoire. Les humains, considérés comme des étrangers à Lutinbourg, ne sont plus les bienvenue. Amelia doit faire quelque chose puisque c’est toute la magie de Noël qui est en jeu!

« Les humains ne sont pas très différents des lutins, tu sais. C’est juste que quand la vie est privée de magie, elle peut se révéler misérable. »

Je voulais profiter de mes lectures de Noël de cette année pour compléter la série avec ce tome. Même si on retrouve le même univers que dans les autres livres, Nicolas, Mary et surtout Amelia, l’histoire en elle-même avec le père Vodol et le lapin de Pâques m’a un peu moins plu que les autres. Je ne suis pas particulièrement sensible aux personnages de Pâques ou de grincheux. Malgré cela, le roman se lit très bien et c’est agréable de retrouver les personnages, mais on s’éloigne un peu de la magie de Noël que l’on retrouvait dans les autres livres. Même après avoir lu tous les tome, mon préféré demeure La fille qui a sauvé Noël, où l’on croisait Dickens et les rêves d’une enfant orpheline, ramoneuse de cheminée.

On parle principalement de l’acceptation dans ce tome et aussi de l’accueil des étrangers, ainsi que des différences. Peut-être est-ce le tome le plus « dans l’air du temps » de la série, mais je préfère quand même quand l’auteur nous garde avec lui dans sa magie de Noël. 

Je vous conseille quand même cette série fort inventive, qui mêle toutes sortes de personnages fantaisistes et beaucoup d’humour. L’auteur a créé tout un monde drôle et intéressant à Lutinbourg. Libre à vous de commencer par le début ou de ne lire qu’un ou deux tomes, ceux qui vous interpellent le plus. C’est tout de même une petite série de Noël pleine de magie!

Le Père Noël et moi, Matt Haig, éditions Hélium, 304 pages, 2018

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Les 12 Noëls de Kate

Kate Turner est une célibataire heureuse. Depuis qu’elle est revenue vivre dans le village de Blexford, elle ne pense plus à l’amour et passe tout son temps libre à faire des pâtisseries pour le café de son ami d’enfance, Matt. Quelques semaines avant les fêtes, sa meilleure amie la presse de s’inscrire à une nouvelle appli de rencontres, Coup de foudre qui garantit de trouver l’âme sœur en 12 rendez-vous avant Noël. Kate se lance dès lors dans l’aventure avec amusement. Mais au fur et à mesure des rencards, elle en apprend davantage sur les hommes, ainsi que sur elle-même. Alors que le grand jour approche, elle s’interroge : est-ce vraiment la saison de l’amour, ou vivra-t-elle le Noël le plus froid qu’elle ait jamais connu ?

Le roman Les 12 Noëls de Kate est une comédie romantique festive plutôt sympathique. Il m’a un peu fait penser au livre 10 garçons sur ma liste (que j’avais beaucoup aimé) mais en version pour adultes. Il y a toujours une pointe d’humour, dans les événements ou les dialogues.

« C’est quand la dernière fois que tu es sortie avec un homme? demanda Laura.
Kate s’apprêtait à répondre, mais Laura l’interrompit d’un geste de la main.
-Et ne me parle pas de ton père ou de Matt, l’avertit-elle. Ils ne comptent pas.
Kate se renfrogna, puis réfléchit à la question.
-Paul, répondit-elle. Nous avions mangé des tagliatelles dans ce petit resto italien en ville, celui à la peinture bleue.
-Paul est ton comptable. Et il est marié à un homme. »

Kate est célibataire, plutôt heureuse, même si sa vie amoureuse est désespérément vide. Entraînée par sa meilleure amie Laura, elle s’inscrit aux « 12 rendez-vous de Noël » (que son meilleur ami Matt a rebaptisé « Les 12 coups de Noël »). Il s’agit de rendez-vous organisés par une agence de rencontre, dans un cadre précis, où elle participe à différentes activités pour rencontrer des hommes et peut-être espérer rencontrer le grand amour. Elle participe à rencontre de patinage, puis à une dégustation de cocktails, en passant par la traditionnelle maison de pain d’épices ou la randonnée en forêt. Mais voilà, ces rendez-vous sont assez désastreux. Entre ceux qui mentent sur leur profil, ceux qui sont encore attachés à leurs ex ou les lapins qu’on lui pose, les rendez-vous se suivent et ne se ressemblent pas!

J’ai bien aimé cette lecture de Noël bien divertissante. Même si 12 rendez-vous est sans doute un peu trop et qu’on sent des longueurs ou des répétitions à un certain moment, il y a beaucoup de choses qui m’ont plu dans ce roman. L’auteure s’inspire de la chanson « Les douze jours de Noël » pour construire son histoire, à travers les 12 rendez-vous. Il y a de belles références tout au long du livre, dont l’allusion au poirier que l’on retrouve sous deux formes dans le roman. 

L’atmosphère de Noël est aussi vraiment très agréable. On ressent souvent une certaine douceur quand Kate travaille ou qu’elle passe du temps au café de son meilleur ami. Kate a deux emplois. Elle peint des motifs pour des futurs tissus (je trouvais ça vraiment différent et intéressant!) et confectionne des pâtisseries pour le café de Matt. Elle fait donc de la recherche en pleine nature pour trouver l’inspiration pour ses peintures et elle cuisine également beaucoup. On sort de cette lecture avec des envies folles de latte au pain d’épice et de truffes au chocolat. Le petit village où vivent les personnages est enneigé, souvent coupé de tout lors des tempêtes et très convivial.

« Evelyn aimait disposer d’un stock suffisant pour résister à l’apocalypse ou à un mois de neige, selon ce qui se présenterait en premier. »

Les personnages sont sympathiques et consistants. On sent bien l’ambiance de petit village et les liens qui unissent les gens. C’était une chouette lecture de vacances!

Les 12 Noëls de Kate, Jenny Bayliss, éditions Hauteville, 544 pages, 2021

L’escarboucle bleue

Deux jours après Noël, Sherlock Holmes est contacté par le commissionnaire Peterson. Celui-ci a découvert dans la rue un chapeau et une oie, dans le gosier de laquelle il a trouvé une escarboucle. Holmes et Watson se lancent à travers la ville pour retrouver le propriétaire du chapeau, qui n’a rien à voir avec le vol de la pierre précieuse. Ils remontent alors la piste jusqu’au voleur alors qu’un jeune plombier du nom de John Horner est suspecté par la police.

L’escarboucle bleue est une nouvelle, parue pour la première fois en 1892 dans le Strand Magazine et faisant désormais partie du recueil Les aventures de Sherlock Holmes (que je compte relire en entier cette année.)

J’ai toujours beaucoup aimé cette histoire. Après avoir lu Sherlock Holmes et le Démon de Noël de James Lovegrove que j’ai adoré, j’ai eu envie de prolonger un peu ce plaisir en lisant une histoire du canon. Comme L’escarboucle bleue se déroule aussi à Noël, le choix était vite fait. 

Watson débarque chez Holmes pour lui transmettre ses vœux de Noël. Il le trouve assis avec un vieux chapeau. Son ami tente de faire quelques déductions autour de ce morceau de vêtement. Il lui raconte alors une histoire d’oie de Noël et celle de la disparition d’un bijou fabuleux. Comme d’habitude, Holmes fait part de ses déductions et cherche à comprendre le fin mot de cette histoire. Holmes et Watson vont donc enquêter pour tenter de savoir comment un bijou et une oie sont liés.

Cette histoire m’a toujours plu même si elle est très courte. Le fil de l’intrigue semble improbable et Noël a aussi quelques effets sur Holmes. Il me semble plus joyeux dans cette nouvelle, un peu différent. C’est Noël pour tout le monde après tout!

Une petite lecture sympathique qui m’a rappelé à quel point j’aime lire les histoires de Sherlock Holmes. C’est d’ailleurs l’un de mes objectifs de cette année: relire le canon et les pastiches que j’ai dans ma bibliothèque. Je réalise que cet univers me manque beaucoup et que ça fait beaucoup trop longtemps que je ne m’y suis pas plongée.

L’escarboucle bleue, Arthur Conan Doyle, inclus dans l’intégral Sherlock Holmes, Bouquins, éditions Robert Laffont, 1080 pages (20 pages pour cette nouvelle), 1999

Pommes d’amour au marché de Noël

Ruby Smith rêve de partir faire le tour du monde, mais pour cela, il lui faut des sous ! Elle décide alors de rentrer dans son charmant village natal de Wynbridge pour tenir un stand sur le marché de Noël. Les petits chalets aux bonnes odeurs de pain d’épice et de pommes d’amour l’enchantent déjà… Mais le marché est menacé par l’ouverture d’un grand centre commercial non loin de là, et avec sa disparition, ce sont tous les projets de Ruby qui risquent de tomber à l’eau… Alors pour le sauver, Ruby et les commerçants du village décident de faire du marché un endroit féérique. Mais saura-t-elle s’entendre avec Steve, son ex-petit ami, qui tient le stand en face du sien ? De leur entente dépend la survie du marché de Noël et tous ses rêves.

J’avais très hâte de lire ce roman. Son titre me faisait très envie. Ruby rêve de voyager et pour compléter son budget, elle accepte d’aider le café où elle a déjà travaillé, à tenir un kiosque au marché de Noël. Mais le marché est menacé, tout le monde semble en vouloir au père de Ruby et elle croise partout Steve, son ancien amoureux.

Malgré tout, Ruby apprécie tellement le marché de Noël, qu’elle décide d’aider les commerçants à le sauver. Elle se ligue donc contre son père et doit faire équipe avec Steve dont la famille vend des fruits et légumes au marché, afin de mettre en place des solutions avant son départ en voyage. Vu la façon dont leur relation s’est terminée, ce n’est pas gagné! Mais le père de Steve et celui de Ruby sont en guerre et leur querelle pourrait rendre les choses encore plus compliquées.

Ce livre m’a accompagnée dans les derniers préparatifs des Fêtes et les festivités. J’ai bien aimé cette histoire, gourmande à souhait, qui donne assurément envie de se retrouver dans un petit village au moment des Fêtes et de flâner dans un marché de Noël. En plus, ça donne faim! Tartelettes de Noël, biscuits, pots à chocolat chaud, cafés gourmands, ainsi que les activités créatives comme le tricot, les couronnes de Noël et même le fameux bistro où tout le monde se retrouve, l’ambiance est agréable et conviviale. L’histoire entre Ruby et Steve s’étire un peu (ils ne savent pas ce qu’ils veulent ou plutôt, se voilent la face), mais c’est sympathique quand même vu le cadre et les histoires en parallèle.

« Je pense que peu importe notre âge, il y a toujours quelque chose de délicieusement différent lorsqu’on se réveille au matin du 25 décembre et ce, quel que soit le jour de la semaine sur lequel il tombe. »

Ce que j’ai le plus aimé du roman c’est le cadre du marché de Noël. Je trouve que c’est un lieu intéressant à développer pour créer une atmosphère festive et gourmande. Ce côté-là est réussi. L’histoire d’amour est un peu longuette pour moi, mais les personnages sont jeunes et ils commencent leur vie. Il y a donc d’un côté les rêves et les espoirs et puis la vraie vie qui prend parfois le dessus. Il y a quelques bons revirements de situation et des secrets autour de la famille de Ruby. Sa relation avec son père n’est pas de tout repos. J’ai bien aimé que l’auteure prenne le temps de développer ses différents personnages. On en comprend mieux la dynamique et les liens qui les unissent ou les ont séparés. 

Même si le livre n’est pas parfait, il est très agréable à lire. On aborde en surface les difficultés pour les petits commerçants et artisans de se faire une place à l’ère des grands centres commerciaux. C’est aussi une belle ambiance de Noël.

Une bonne lecture hivernale.

Pommes d’amour au marché de Noël, Heidi Swain, éditions Prisma, 411 pages, 2021

La revanche des bibliothécaires

Sous l’œil impassible du chat, l’auteur essaie – vainement – d’échapper aux affres de la création, aux spectres de l’échec et des réseaux sociaux et aux autres menaces surnaturelles de l’écrivain pour trouver le chemin du succès. Pendant ce temps, l’éditeur travaille à de nouveaux concepts : poésie pratique ; lectures d’été pour théoriciens du complot ; classiques résumés pour lecteurs pressés. Le libraire, lui, tient bon la barre entre les avalanches de cartons et les demandes impossibles de son alter ego infernal : le lecteur. Et les bibliothécaires ? Ils poussent leur chariot, sans bruit, seuls à savoir qu’ils dominent dans l’ombre ce petit monde qui s’agite en vain.

Voilà un livre réjouissant à côté duquel je ne pouvais pas passer. J’adore Tom Gauld. Cet auteur me fait toujours beaucoup rire, ses références me parlent et j’adore son originalité. Mais ce livre avait tout pour m’attirer à cause de son titre. Les livres qui parlent de bibliothèques et de bibliothécaires m’intéressent toujours puis que je travaille aussi en bibliothèque. J’avais bien hâte de voir en quoi consistait la revanche des bibliothécaires!  

Je suis le travail de Tom Gauld depuis très longtemps. J’ai d’ailleurs lu tous ses livres, avec une préférence pour ceux publiés sous forme de strips qui abordent des thèmes liés à la littérature. Mais je crois sincèrement que La revanche des bibliothécaires est mon préféré. J’ai eu un plaisir fou à le lire et les références littéraires m’ont réjouie. Il utilise les codes des différents genres littéraires (la romance, le policier, la science-fiction, les contes de fées, les romans gothiques) pour nous amuser. Il puise dans les classiques pour les remettre avec humour au goût du jour, en lien avec notre technologie d’aujourd’hui. 

Il parle de bibliothécaires, mais aussi de littérature, de piles à lire, d’écrivains, de classiques, d’auteurs, de l’écriture, de bibliothèques, de salons du livre, de problèmes de lecteurs. Il n’y a que Tom Gauld pour faire des blagues de romanciers, il n’y a que lui qui peut nous faire rire en parlant de Jane Austen, lui qui crée aussi des « jeux » et des générateurs littéraires, et qui parle de réorganisation d’étagères au temps des réseaux sociaux. Il réussit même à nous faire rigoler en abordant à quelques reprises la pandémie et le confinement, d’un point de vue littéraire. Les gags sont intelligents, drôles et originaux.

Vous l’aurez compris, j’ai passé un excellent moment avec cette bande dessinée! Tom Gauld a un style inimitable. Ses blagues littéraires me font vraiment rire et j’aime son travail. Une nouvelle parution est toujours un vrai bonheur. Il a une façon unique d’aborder la littérature et les livres. C’est brillant!

Un livre qui, je pense, pourra rejoindre beaucoup de lecteurs, écrivains, bibliothécaires, passionnés de livres et de littérature. On se sent dans notre élément entre les pages de ce livre. 

Un gros coup de cœur pour moi!

La revanche des bibliothécaires, Tom Gauld, éditions Alto, 180 pages, 2022