
Le héros de ce roman, Jack Duluoz ou Ti Jean, n’est autre que Jack Kerouac, l’auteur de Sur la route. Au bord de la folie, le Roi des Beatniks cherche à fuir l’existence de cinglé qu’il a menée pendant trois ans et part pour San Francisco. Il se réfugie au bord de la mer, à Big Sur, dans une cabane isolée. Après quelques jours de bonheur passés dans la solitude à se retremper dans la nature, Duluoz est à nouveau saisi par le désespoir et l’horreur. Aussi revient-il à San Francisco où l’attendent le monde, les beatniks, l’érotisme. Mais il ne retrouve pas la paix pour autant.
J’ai lu Big Sur de Jack Kerouac en lecture commune pour le Centenaire de naissance de Kerouac. Et c’est sans doute le livre de Kerouac que j’ai le moins aimé jusqu’à maintenant.
L’histoire est toujours autobiographique comme dans les autres romans. Kerouac est blasé par sa vie. Il s’exaspère de mener une existence dissolue et débauchée. Il boit beaucoup (trop) et sa vie n’a plus trop de sens. Il décide de partir s’isoler dans une cabane à Big Sur sur la côte Californienne. Renouer avec la nature. Ce début, je le trouvais assez intéressant malgré le ton très mélancolique. Kerouac observe son environnement. Les lieux sont désolés, mais il croit que c’est ce dont il a besoin. Il écrit un étrange poème sur la mer (qu’on retrouve en fin de volume) et nous offre quelques réflexions sur l’existence. C’est par la suite que les choses ont commencé à m’ennuyer.
Kerouac sombre peu à peu dans l’angoisse et la dépression. Des amis viennent le voir, ils font la fiesta et boivent jusqu’à perdre conscience. Il rencontre aussi une fille qui voudrait bien se marier avec lui… Le reste du livre est assez déprimant. Kerouac souffre énormément, il devient paranoïaque et se considère comme le plus misérable individu que la Terre ait jamais porté. Son état d’esprit est difficile à suivre. Le roman parle de la mort, qu’elle soit humaine ou animale, du suicide, de débauche et d’une existence qui lui fait horreur. C’est un portrait de Kerouac à une époque de tourments et de remise en question. Si vous êtes déprimé, ce n’est pas vraiment le livre à lire.
« Cette angoisse est si intense que vous avez l’impression d’avoir trahi ceux qui vous on fait naître. »
Après avoir lu le lumineux roman Les clochards célestes, livre que j’ai adoré, j’ai eu du mal à m’intéresser à Big Sur. Je n’y ai pas retrouvé la philosophie et la poésie de certains de ses autres livres. Je sais qu’il existe une adaptation cinématographique de ce roman et je serais curieuse de la voir si je tombe dessus un jour, pour comparer avec le livre.
« Dans toute l’Amérique, lycéens et étudiants s’imaginent que Jack Duluoz a vingt-six ans, qu’il est toujours sur la route, à faire du stop, alors que je suis là, à quarante ans ou presque, éreinté, accablé d’ennui, dans une couchette de wagon-lit, longeant à toute vapeur le Grand-Lac-Salé. »
Je sais que Big Sur est un roman que plusieurs ont apprécié, mais pour moi il s’agit plutôt d’un rendez-vous manqué.
Big Sur, Jack Kerouac, éditions Folio, 320 pages, 2014