La mélodie des petits fruits

Sur une île au bord d’une mer vaste et agitée,
Grand-mère m’enseigne le territoire.
Les petits fruits y chantent pour nous,
brillants comme de petits bijoux.
Nous chantons aussi, pour leur montrer
que nous sommes là.

Tout au long de l’année, nous attendons avec impatience les petits fruits, des baies de saumon juteuses qui chantent les premières notes de la saison, jusqu’aux canneberges qui en annoncent la fin. Ensemble, nous préparons des tartes, des scones, de la marmelade, que nous partageons au fil des mois, pour nous rappeler la douce mélodie des petits fruits, qui reviendra bientôt.

J’ai lu La mélodie des petits fruits de Michaela Goade, traduit par Natasha Kanapé Fontaine. Cet album coup de cœur est tout simplement magnifique!

Une petite fille apprend la vie au grand air et sur le territoire de sa famille, en compagnie de sa grand-mère. Les activités en bord de l’eau, la pêche, mais surtout, la cueillette des petits fruits en forêt.

Cet album, porté par des illustrations absolument magnifiques, aborde en fait notre place comme être humain dans le cycle naturel des choses. Il raconte l’importance de la terre pour nous nourrir, pour respirer et pour vivre, tout en démontrant que nous devons aussi prendre soin d’elle comme elle prend soin de nous. Qu’il est important d’être reconnaissant de ce qu’elle nous offre et de notre côté, de tout faire pour la préserver pour nous et ceux qui suivront.

Le message est fort, présenté en peu de mots, et passe merveilleusement bien à travers les dessins que je trouve époustouflants. Les couleurs sont magnifiques et, à partir de l’image de la fillette qui récolte ses fruits au fil des saisons, on voit également la mer, le monde marin, la forêt, les champignons, la rivière, la mousse et les animaux.

Un album qui rend hommage à la vie, aux humains et à la nature, au partage, au respect, au passage des saisons et à la transmission des savoirs. 

Magnifique!  Je conseille totalement cet album. Le texte et les illustrations sont porteurs d’un message essentiel qui me touche énormément.

À lire peu importe notre âge.

L’album est complété par une notre de Michaela Goade qui explique son mode de vie et sa démarche derrière ce bel album. 

La mélodie des petits fruits, Michaela Goade , Natasha Kanapé Fontaine, éditions Bayard Canada, 32 pages, 2024

La vie secrète des arbres – BD

Peter Wohlleben est le défenseur des arbres le plus célèbre du monde. Cette bande dessinée raconte son histoire. Avec son formidable talent de conteur, il nous ouvre l’univers des forêts pour nous faire découvrir son extraordinaire fonctionnement : comment les arbres interagissent, communiquent entre eux et se protègent des menaces ? La vie secrète des arbres nous révèle un monde merveilleux mais fragile qui nous fait comprendre que protéger les arbres, c’est protéger l’humanité tout entière. Ce récit est un hommage à la nature.

J’ai lu La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben, Fred Bernard et Benjamin Flao. J’avais déjà lu l’essai publié il y a quelques années. J’aime beaucoup le travail de vulgarisation que fait Wohlleben. Ses livres sont intéressants et nécessaires pour sensibiliser les gens à l’importance de la nature et au fait que tout est relié: nous, les arbres, la vie, la biodiversité. Notre santé, notre nourriture, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons ainsi que notre bien-être dépend de ce qui nous entoure.

« Un arbre qui meurt, c’est un immeuble qui s’écroule avec tous ses habitants! »

Adapter en bande dessinée l’essai fabuleux de Wohlleben était une idée géniale. Le pari est réussi. On plonge dans cette histoire de la même façon qu’on prendrait une longue marche dans la nature, rythmée par le fil des saisons. Peter (je me permets cette familiarité puisqu’il nous est présenté de façon si sympathique qu’on a un peu l’impression d’être accompagné d’un bon ami) nous raconte les arbres. Leur vie secrète. L’interrelation entre les espèces et le lien étroit qui nous lie aux arbres.

« Vous êtes bien assis? Dans une seule poignée de cette terre vivent autant d’organismes que d’êtres humains sur la terre. Ça paraît impossible? C’est pourtant vrai. 25% des animaux terrestres vivent sous terre. »

On découvre une foule de choses étonnantes sur les arbres. Comment ils utilisent le mycélium, comment les arbres respirent, quel genre d’écosystème se cache sous nos pieds, de quelle façon la photosynthèse est utilisée, la chlorophylle et pourquoi les houppiers des arbres nous apparaissent verts. On apprend également à mieux connaître l’auteur et on découvre son parcours comme ingénieur forestier, ses interrogations et les changements qu’il a voulu instaurer au sein de la forêt de sa région. C’est passionnant à lire! 

Je sors de cette lecture reposée, envahie du même sentiment que lorsque je vais marcher en forêt. C’est un plaisir pour les yeux, les dessins sont magnifiques. C’est le genre de livre à mettre entre toutes les mains. Et secrètement, je me dis que nos politiciens devraient le lire. Peut-être que la nature, l’environnement, les arbres et les plantes, les vies humaines et animales s’en porteraient mieux. Car, on ne le dira jamais assez:

« Protéger les arbres, c’est protéger la terre et l’humanité tout entière. »

Cette bande dessinée est vraiment belle et véhicule un message très fort. Un message important pour nous et pour les générations à venir. J’avais adoré l’essai qui porte le même titre, mais ce roman graphique est un grand plaisir pour les yeux et le cœur.

Un coup de cœur! À lire, assurément!

La vie secrète des arbres – BD, Peter Wohlleben, Fred Bernard, Benjamin Flao, éditions Multimondes, 240 pages, 2024

Qimmik

Entre la taïga et la toundra, un jeune couple inuit du Nunavik se découvre et apprend à s’aimer. Accompagnés de leurs chiens, les qimmiit, Saullu et Ulaajuk parcourent un continent encore sauvage, tous libres et solidaires. Quelques décennies plus tard, une avocate est dépêchée sur la Côte-Nord pour défendre un meurtrier inuk dont les victimes sont d’anciens policiers de la Sécurité du Québec. Sa quête de justice l’emmènera au-delà de ce qu’elle avait imaginé.Roman vérité, Qimmik raconte l’histoire d’un territoire majestueux que les gouvernements ont voulu soumettre, lui et ceux qui l’habitent. Quel qu’en soit le prix.

Qimmik est un roman que j’ai trouvé très intéressant. Il aborde un pan peu glorieux de notre histoire, qui est également assez peu connu.

Dans ce roman, on suit Ève, une jeune avocate à qui son cabinet confie la défense d’un meurtrier inuk dont les victimes sont d’anciens policiers. Son client ne lui parle pas et avec l’aide de son assistante, elle doit creuser pour réussir à comprendre celui dont elle doit assumer la défense. Elle découvrira des choses, tant sur elle-même que sur notre histoire, qui iront au-delà de ce à quoi elle s’attendait…

Parallèlement, on suit un jeune couple inuit qui commence une vie à deux. Entre leur culture et leurs traditions, on sent tout de suite que de grands et dévastateurs changements sont en train de survenir dans leur région. Étant toujours nomades, leur retour temporaire au village est un véritable choc.

Cette histoire est celle de tout un peuple que les gouvernements ont voulu faire plier et empêcher de vivre la vie qu’ils avaient toujours vécu. Une vie rude et parfois cruelle, mais authentique et magnifique. Le meilleur moyen de leur enlever leur liberté: s’attaquer à leurs chiens. Une façon terrible de les forcer à rester en place et à renoncer à leur mode de vie ancestral.

 » Sans chiens, beaucoup de choses deviennent impossibles: se déplacer dans la tempête, juger de l’épaisseur et de la sécurité de la glace, trouver les trous d’air du phoque et bien d’autres choses du quotidien. En vérité, malgré tout notre savoir, disait mon père, sans son chien l’Inuk marche aveugle et sourd. « 

Un roman poignant, dont l’écriture est très belle. J’ai beaucoup aimé ce livre. L’alternance des personnages à chaque chapitre m’a plu également. Ça nous permet d’aborder une histoire difficile, avec différents points de vue. À la fin, tout converge finalement vers une seule et même histoire.

Une très bonne lecture!

Qimmik, Michel Jean, éditions Libre expression, 224 pages, 2023

Lune

Au fil des siècles, elle a été vénérée, déifiée et crainte par les différents peuples à travers le monde. Source inépuisable d’inspiration pour les poètes, les écrivains, les peintres, les musiciens et même les cinéastes, elle fascine également les scientifiques qui l’étudient depuis des centaines d’années sous toutes ses facettes : ses caractéristiques physiques et orbitales, les hypothèses sur son origine et son évolution, son influence sur la Terre, ses phases et ses éclipses, ainsi que ses mers, ses cratères, ses chaînes montagneuses, ses escarpements, ses vallées et ses nombreuses curiosités géologiques. Même si l’humain y a posé les pieds et se prépare à y retourner bientôt, la Lune n’a certainement pas fini de dévoiler tous ses secrets.

Ce livre a tout de suite piqué ma curiosité. La Lune, au fond, on ne la connaît pas tant que ça. C’est un ouvrage vraiment très complet et entièrement illustré. L’auteur a même dessiné l’image de la couverture, des centaines d’heures de travail, ce qui est très impressionnant! La Lune fascine l’humain depuis toujours. C’est la raison pour laquelle on retrouve la Lune un peu partout dans la culture, d’hier à aujourd’hui.

« L’influence gravitationnelle de la Lune sur la Terre a réduit la vitesse de la rotation de la Terre sur elle-même, un ralentissement qui se poursuit encore aujourd’hui (de l’ordre de deux millisecondes par siècle). Il y a 80 millions d’années (à l’époque des dinosaures), les journées étaient de 23 heures 33 minutes, et l’année comportait non pas 365, mais 372 jours. »

Le livre englobe plusieurs thèmes et domaines. On découvre certaines informations anciennes, des premiers observateurs de la Lune aux scientifiques qui l’ont étudiée, jusqu’à la place de la Lune dans la culture. La Lune a aussi été utilisée pour la création des premiers calendriers et a déclenché chez l’humain nombre de croyances. Plusieurs peuples ont vénéré la Lune et on la retrouve dans beaucoup mythes et de légendes. La Lune, qu’on observe avec plaisir le soir venu, tient une grande place dans la culture, la littérature, l’art, le cinéma, la musique et les sciences. De nombreuses explorations ont été menées et des recherches ont été faites sur la Lune et le sont toujours. De tout temps la Lune a fasciné l’homme.

On découvre une foule de choses et on peut suivre aussi l’évolution des avancées scientifiques au fil du temps. L’auteur nous présente la Lune avec tout que l’on sait d’elle, là où les scientifiques en sont aujourd’hui dans leurs recherches. On en apprend plus sur les hypothèses entourant sa naissance. Le livre répond à de nombreuses questions: ce que l’on voit de la Lune, les éclipses, la face cachée de la Lune, sa composition et ses particularités. Des encadrés ajoutent de l’information pertinente sur différents aspects de la Lune.

« Selon les calculs les plus récents, Théia serait entrée en collision avec la Terre à une vitesse de 124 000 km/h. L’impact aurait été si violent qu’il aurait fait incliner l’axe de rotation de la Terre d’une vingtaine de degrés, donnant ainsi naissance au phénomène des saisons. »

Cet ouvrage m’a énormément appris. J’ai vraiment apprécié d’en découvrir plus sur la Lune, sur ses liens avec la Terre et avec nous. En lisant ce livre on réalise à quel point on ne sait finalement rien de la Lune, qu’on contemple toutefois tous les soirs. C’est fascinant d’en découvrir autant et de voir toute son influence sur l’humain. L’ouvrage est de qualité, vraiment bien conçu et passionnant. J’ai adoré! C’est un ouvrage très riche et une véritable mine d’information qui vous fera voir la Lune d’un tout autre œil. 

Lune:  Culture – Nature – Exploration, Steeven Chapados, éditions Fides, 156 pages, 2023

Le Lac de nulle part

Trig et Al, frère et sœur jumeaux, n’ont plus de contact avec leur père depuis des années. Et voilà qu’il réapparaît en réclamant “une dernière aventure“ ensemble : un mois à sillonner en canoë un dédale de lacs du Canada. À la fois excités de retrouver la complicité de leur enfance et intrigués par ces retrouvailles soudaines, les jumeaux acceptent le défi. Mais dès le départ, un malaise s’installe : leur père a étrangement mal préparé l’expédition, qui s’annonce pourtant périlleuse. Alors qu’ils s’enfoncent dans la nature sauvage, le comportement de leur père les étonne de plus en plus.

J’ai lu Le lac de nulle part de Pete Fromm en lecture commune. 

Trig et Al sont frère et sœur. Ils sont adultes, je le précise car avant de commencer le livre, je pensais qu’ils étaient encore enfants. Toutefois, leur vie personnelle est un peu compliquée. On ne sait pas trop ce que fait Al de son côté, mais Trig lui, vit dans sa voiture. Ils sont jumeaux et ont une relation plutôt fusionnelle. Quand leur père, qu’ils n’ont pas vu depuis des années, proposent une dernière aventure en canoë ensemble, ils acceptent. Le canoë et le camping sauvage ont été une grande part de leur enfance. C’est l’occasion de renouer avec de bons souvenirs. Et peut-être quelques secrets, profondément enfouis.

Les choses s’annoncent pourtant difficiles. Les bagages sont perdus à l’aéroport. On est à la fin de l’automne et la neige arrive vite, ainsi que le froid. Il y a beaucoup de lacs à traverser et de portages à faire. Ils réalisent bien vite que leur père, pourtant habituellement hyper préparé, ne l’est pas du tout. Son comportement est d’ailleurs de plus en plus perturbant…

Le roman est construit en alternant les différents points de vue de certains personnages. C’est Trig qui raconte leur histoire, à lui, sa sœur et son père. On retrouve toutefois des chapitres, ici et là, qui donnent la parole à la mère des jumeaux, Dory, qui s’inquiète pour eux; ainsi qu’à Chad, qui travaille à l’accueil du parc et qui est tombé amoureux de Al au premier coup d’œil.

Je n’ai pas lu beaucoup de livres de Pete Fromm. Je suis restée accrochée à Indian Creek, un de mes livres favoris, et je dois avouer que plusieurs de ses autres livres me parlent assez peu à cause des thèmes abordés. Ici, le cadre m’apparaissait vraiment intéressant. Et que dire de cette couverture absolument magnifique. Difficile de passer à côté! Le livre est bien, j’ai aimé la vie sauvage, l’expédition, la neige et la survie. J’ai un peu moins aimé cette dynamique familiale qui révèle tout un pan très triste de cette famille. Je ne m’attendais pas à ça et on dirait que ça m’a déçue.

J’ai passé un assez bon moment, mais j’en attendais beaucoup plus je dois l’avouer. Il y a un petit côté un peu « malsain » qui m’a parfois agacée. J’ai aussi eu l’impression de lire, par moments, du David Vann. Les parents désaxés, c’est un peu son style. Dans l’ensemble, c’est une assez bonne lecture, principalement pour le cadre naturel et enneigé, qui m’a énormément parlée.

« Pour la première fois de ma vie, je garde mon sang-froid. Seules les personnes qui ont succombé au stress et à la panique piétinent aveuglément dans les bois. »

J’aime les histoire de survie, l’hiver. Je voulais également connaître le dénouement parce que c’est assez intrigant, mais ce n’est pas le coup de cœur que j’attendais. J’avais sans doute beaucoup trop d’attentes envers ce livre…

Le Lac de nulle part, Pete Fromm, éditions Gallmeister, 400 pages, 2023

Les grands petits voyages d’Emil

Dans un pays lointain, là où il fait très très froid, Emil passe les vacances chez sa grand-mère, au milieu des flocons et des vieux souvenirs.. Mais il règne ici une drôle d’ambiance, et ce vieux livre trouvé dans le grenier semble cacher bien des secrets.. À commencer par cette mystérieuse lueur bleue…. Et si cette lumière était un passage vers des mondes imaginaires peuplés de créatures fantastiques ?. Emil a le pouvoir de protéger la magie du monde.. Acceptera-t-il d’accomplir son destin ?. Quand la magie se mêle au monde réel, c’est une fabuleuse histoire que l’on découvre

Ce bel album rassemble tout ce que j’aime: une jolie histoire, des créatures fantastiques, de la neige et des aurores boréales. En plus, il y a de petites portes à ouvrir tout au long de l’histoire, ce qui en fait un album ludique, aux illustrations presque magiques.

Emil est en vacances chez sa grand-mère et il s’ennuie. Il a l’impression d’être un peu déconnecté de son quotidien dans cette maison isolée, dans une forêt pleine de neige. Et il y a en plus, toutes ces histoires loufoques que lui raconte sa grand-mère.

Malgré l’interdiction, Emil va se réfugier au grenier. C’est là qu’il découvre un vieux livre auréolé d’une lueur bleuté. Il décide alors de l’ouvrir…

Cette aventure lui fera découvrir tout un monde qu’il ne soupçonnait pas. Une forêt magique, des créatures fantastiques, un monde qu’il se doit désormais de protéger. Il découvrira également certaines informations sur sa grand-mère qui lui feront voir les choses d’un tout autre œil.

Cet album est un voyage au pays de l’imaginaire, dans un univers de neige, de glace, où les dragons et la magie existent, quelque part dans ce bout de forêt enneigée. Les illustrations sont vraiment très jolies, teintées de fantastique et très lumineuses. Les couleurs sont magnifiques. Tout à fait le genre d’album que j’aime! Et puis les histoires de livre magique qui nous amènent ailleurs, c’est toujours gagnant. 

C’était un très beau voyage aux côtés d’Emil. J’espère qu’il y en aura d’autres!

Les grands petits voyages d’Emil, Maya Saenz, Sophie Le Hire, éditions Gründ, 24 pages, 2023