Mike est écrivain et chasseur de fantômes. Non pas qu’il y croie lui-même, bien au contraire. Jusque-ici, rien n’est encore parvenu à vaincre son scepticisme. Rien, jusqu’à cette enquête qui le mène à l’hôtel Dolphin de New York, réputé pour sa tristement célèbre chambre 1408. Une chambre supposée hantée…
Chambre 1408 est une nouvelle parue tout d’abord dans le recueil Tout est fatal. Cette histoire est rééditée ici dans la collection jeunesse Wiz afin de faire découvrir King aux adolescents. Une collection que j’adore! J’ai toujours hâte à une prochaine publication. L’histoire de Chambre 1408 est intéressante. Cette nouvelle a d’abord été écrite pour être proposée en exemple dans l’essai Écriture de King. L’auteur a finalement décidé de terminer l’histoire pour en faire une nouvelle. Il a été bien inspiré puisqu’on en a même fait un film.
Alors, de quoi parle cette histoire? Mike Enslin est un chasseur de fantômes et un écrivain. Il fait le tour du monde à la recherche d’histoires effrayantes afin d’écrire des livres. Il dort dans des endroits présumés hantés, cherche des fantômes et des manifestations surnaturelles pour ensuite écrire sur le sujet. Alors qu’il travaille sur son nouveau livre qui parlera de chambres d’hôtels hantées, il tente de convaincre le gérant de l’hôtel Dolphin de le laisser passer la nuit dans la chambre 1408. Cette chambre est reconnue pour être hantée et pour cacher plusieurs morts suspectes. Mike frappe toutefois un mur. Convaincre Olin s’avère beaucoup plus difficile qu’il ne le pensait. Olin est bien décidé à ce que Mike ne s’approche pas de cette pièce. Mais Mike est déterminé. Olin entreprend alors de lui raconter tout ce qu’il sait sur cette mystérieuse chambre hantée. Son récit donne le frisson…
« Dans une maison abandonnée ou dans le donjon d’un vieux château, votre incrédulité peut vous servir de protection. Dans la chambre 1408, elle ne fera que vous rendre encore plus vulnérable. Renoncez, monsieur Enslin. »
Cette nouvelle est assez courte et se lit d’une traite. C’est une histoire de maison hantée assez classique à la base, mais que j’ai bien aimé en fait surtout parce qu’elle est un peu différente de ce à quoi on a l’habitude. Loin de subir les manifestations contre son gré, Mike souhaite y être confronté. Il tente coûte que coûte de voir de ses propres yeux ce qui se produit dans cette pièce. La dynamique est donc différente d’une histoire de maison hantée classique.
On peut également diviser virtuellement le livre en deux parties distinctes: avant d’entrer dans la chambre et après avoir poussé la porte. Avec Mike et le récit d’Olin, le lecteur appréhende ce qui va se passer, ce qui instaure une bonne dose de suspense. L’idée de mettre en scène un écrivain me plait aussi toujours beaucoup, King aimant souvent créer ce genre de personnage, pour mon plus grand plaisir.
Chambre 1408 se lit rapidement. Ce n’est pas ma nouvelle préférée, mais je l’ai bien aimé. C’est divertissant. Une histoire agréable à lire qui m’a bien plu. Le genre d’histoire qu’on s’offre pour une petite soirée de frissons. Le format court est parfait pour cela!
Chambre 1408, Stephen King, éditions Albin Michel, 128 pages, 2021
Pour célébrer le vingtième anniversaire de la publication de Harry Potter à l’école des sorciers, les conservateurs de la British Library et autres experts, historiens, critiques littéraires et J. K. Rowling elle-même, vous emmènent au cœur des mythes, traditions et trésors qui ont inspiré l’auteur. Découvrez livres de sorts, manuscrits enluminés, globes célestes, créatures fabuleuses, objets venus des musées du monde entier, et illustrations d’artistes… ainsi que des brouillons, manuscrits et croquis issus pour la première fois de la collection personnelle de J. K. Rowling. Un parcours complet, visuellement fascinant, riche en commentaires éclairants.
J’ai éprouvé un plaisir immense à lire ce livre. Cette lecture a d’ailleurs été un gros coup de cœur. Je voulais lire depuis longtemps un ouvrage sur l’histoire du monde d’Harry Potter. Je recherchais toutefois quelque chose d’instructif et de passionnant, pas simplement un ouvrage de fiction autour de l’univers magique de Poudlard. Je souhaitais un ouvrage plus adulte et moins enfantin. Il existe une quantité infinie de livres sur le sujet, mais peu abordent les sciences et l’histoire. Celui-ci aborde ces deux thèmes. Ce livre m’a été offert à Noël et il s’est avéré être un excellent choix!
Écrit par les conservateurs de la British Library et plusieurs scientifiques, historiens et experts, cet ouvrage est un véritable petit bijou. Il explore le monde d’Harry Potter à travers les mythes qui ont inspiré J.K.Rowling. Le parallèle est constamment fait entre ce qu’on retrouve dans les livres mettant en scène le petit sorcier à lunettes et les artefacts du passé. Les potions et l’alchimie sont expliquées à travers des documents historiques; l’astronomie à travers les découvertes; la botanique à travers l’histoire des jardins et des plantes; les sortilèges à travers les croyances au fil des époques; pour ne nommer que ces disciplines. Chaque matière abordée à Poudlard est documentée. On en comprend les origines historiques et scientifiques, ce qui est d’autant plus passionnant.
On y retrouve de nombreuses curiosités historiques fascinantes. Par exemple, saviez-vous que l’on retrouve dans un vieux manuscrit du XVIIe siècle un sortilège pour se rendre invisible? Que les prénoms des deux figures parentales d’Harry Potter représentent symboliquement deux étapes du processus de fabrication de la pierre philosophale? Que dans son ouvrage sur les drogues, l’apothicaire du roi Louis XIV aborde le thème… des licornes? Que Sirius Black doit son nom à la constellation du Grand Chien et à son étoile, Sirius, la plus brillante que l’on peut apercevoir de la Terre?
L’ouvrage est abondamment et magnifiquement illustré. Il nous amène à la découverte de parchemins, d’enluminures, de l’histoire de la sorcellerie, de la passion pour la divination qui a enflammé certaines époques de notre histoire. Le livre est aussi rempli de petites merveilles en lien avec les manuscrits d’Harry Potter, le travail sur les scénarios, de nombreux dessins de l’auteure elle-même et la reproduction de magnifiques œuvres d’art. Jim Kay, l’illustrateur des trois premiers romans, signe d’ailleurs de superbes œuvres dans cet ouvrage.
Ce livre est en fait le meilleur des deux mondes: historique et fictif. Il puise dans la fiction pour nous raconter l’histoire de certaines disciplines et il est suffisamment bien documenté pour être à la fois captivant et instructif. On apprend beaucoup de choses. L’ouvrage s’avère également être un hommage à l’univers d’Harry Potter, au personnage de fiction et à tout le travail d’écriture de l’auteur, tout comme il est également un bel hommage à l’art et à tous ceux qui travaillent dans l’ombre pour faire vivre sur papier comme à l’écran, des personnages que l’on aime.
Un beau coup de cœur pour ce livre superbe que j’ai eu un plaisir fou à lire. Il est bien construit, séparé par domaines d’études à Poudlard et offre une vision historique, scientifique et mythologique du monde merveilleux d’Harry Potter. Vraiment, une excellent découverte!
Harry Potter, un monde de magie, Collectif, éditions Gallimard, 256 pages, 2018
Cette histoire sociale de la baie des Chaleurs durant le régime français place en son centre ses premiers habitants permanents d’origine française et leur famille métisse. La famille Mallet est l’une des rares dont on connaît les antécédents et le parcours. Dans cet ouvrage, Marc-André Comeau explore le mode de vie, le milieu et les principaux évènements historiques qui ont façonné la vie de ces pêcheurs estivaux qui trappaient l’hiver venu. Au fil des décennies, ils développent une identité qui leur est propre et qui émergera dans toute sa différence durant la guerre de Sept Ans. Pendant ce conflit, les forces françaises et britanniques, ainsi que les Acadiens nouvellement arrivés à la baie, vont rapidement mettre en relief les particularités de cette petite communauté qu’on ne réussit pas à «classer». On utilise alors des vocables tels que Normands, Mistifs, Créoles ou «half-breeds» pour décrire ces habitants aux origines mixtes. Depuis, ce groupe singulier s’est lentement amalgamé à la population environnante.
Pêcheur normand, famille métisse est un ouvrage qui raconte l’histoire des ancêtres Normands des Mallet d’Acadie. Un livre qui nous plonge dans les années 1680 à 1763 dans la vie quotidienne des pêcheurs. On apprend une foule de choses sur leur façon de vivre de l’époque. C’est la petite histoire des gens qui forment, finalement, la grande histoire de cette période en Acadie.
Au tout début du livre, j’avais l’impression d’être totalement plongé dans la généalogie de la famille Mallet. Mais au fil des pages, on réalise que l’auteur nous convie aussi à tout un pan de l’histoire de pêcheurs courageux et vaillants, qui ont tout donné pour réussir à avoir une vie décente en travaillant sur les bateaux. On voit de quelle façon ils ont colonisé ces lieux, ce qu’ils ont vécu, par quelles épreuves ils ont dû passer. On apprend de quelle façon fonctionnait la hiérarchie entre les pêcheurs, selon les prises et le temps qu’ils pouvaient mettre à pêcher. Une partie de l’équipage demeurait ici, alors que certains repartaient. Les pêcheurs pouvaient donc passer plus de temps ici et sur la mer, parfois des années, plutôt qu’avec leur famille sur le vieux continent.
À partir de là, on constate à quel point ce métier était difficile pour la famille qui demeurait au pays. Tout comme elle était difficile pour ceux qui choisissaient de venir s’installer en Acadie. Les pêcheurs pouvaient aussi être réclamés pour participer à des guerres et subissaient bien souvent les attaques des anglais. Leurs outils étaient détruits, il ne leur restait plus qu’à tout recommencer. On vit dans ce livre les liens entre les français et les anglais, les combats pour les territoires de pêche, la piraterie. On apprend énormément de choses sur la façon dont ce mode de vie affectait les familles et les naissances, l’impact des conditions météorologiques sur le quotidien, les famines. On voit à travers leur histoire, les conditions de travail souvent pénibles, la compétition entre les pêcheurs, les rares bénéfices, le salaire final souvent insuffisant, les conditions déplorables de vie. C’était définitivement un monde très dur, caractérisé par les longues heures de travail.
« Nous avons déjà mentionné précédemment deux transactions impliquant François Larocque qui, dans un premier cas, avait offert du poisson en échange de sel et, dans un deuxième cas, s’était départi d’une paire de souliers pour obtenir du tabac. Il faut dire qu’à cette époque la monnaie courante et trébuchante est quasi absente et le troc associé au crédit est le moyen d’échange commercial prédominant. »
Ce que j’ai beaucoup aimé de ce livre, c’est tout ce qu’on apprend en parallèle: l’histoire des premiers colons et de la colonisation. Les déserteurs, les pêcheurs, les alliances avec les autochtones. Le métissage est beaucoup plus abordé au fur et à mesure qu’on avance dans le livre. On constate de quelle façon les liens entres les autochtones et les français se tissaient, la présence de la religion et sa façon de percevoir les autochtones, le jugement racial. On perçoit les différentes réalités au niveau des relations et des alliances entre blancs et autochtones.
J’ai appris énormément de choses intéressantes. Le livre regorge de faits étonnants et passionnants. C’est un ouvrage d’une grande richesse qui nous plonge dans un pan de notre histoire et nous permet de vivre le quotidien et les mœurs de l’époque: la façon de penser, de vivre et d’être, le travail de la pêche, la conservation des aliments, la vie familiale, le peuplement. Ces gens ont du bûcher quotidiennement pour simplement survivre. Dans ce livre, nous sommes témoins des changements survenus après l’installation des pêcheurs en Acadie, la vie sur l’eau, mais aussi comme cultivateurs. À travers la famille Mallet on vit ce que nos ancêtres ont pu vivre. En documentant la famille Mallet, l’auteur nous permet de plonger dans le quotidien de toute une époque.
« Leur engagement, en temps de paix, était habituellement volontaire. Lors d’une guerre, s’il manquait de marins pour compléter les équipages des vaisseaux du roi, des hommes de la marine royale procédaient régulièrement à la Presse dans un des villages du littoral. Celle-ci consistait en fait un enlèvement pur et simple d’hommes se trouvant malencontreusement sur le chemin des troupes de levées. On pouvait même aller jusqu’à boucler un port ou un village en entier et embarquer tous les jeunes gens valides en âge de connaître l’aventure. Cette méthode, quoiqu’expéditive, se soldait par des équipages inexpérimentés dont le taux de désertion était élevé. »
J’aime la généalogie et j’ai trouvé fascinant de découvrir la famille Mallet à travers une longue période. L’auteur aborde aussi l’histoire des déportations des acadiens. C’est un ouvrage qui nous touche. Je ne suis pas particulièrement fan des bateaux et de la pêche, mais j’adore l’histoire des gens et des sociétés. À ce niveau, le livre de Marc-André Comeau est exceptionnel. On vit littéralement le quotidien de ces pêcheurs de Normandie qui se sont installés ici.
Une histoire qui a des liens étroits avec notre propre histoire. Un ouvrage captivant parce que l’on apprend toujours quelque chose. Bien documenté, le livre est accompagné de quelques images, mais surtout de cartes pour mieux se situer. C’est un livre vraiment intéressant pour ceux qui veulent connaître l’histoire de la vie en Acadie et des pêcheurs. Riche et captivant!
Pêcheur normand, famille métisse, Marc-André Comeau, éditions du Septentrion, 306 pages, 2021
Jamie n’est pas un enfant comme les autres : il a le pouvoir de parler avec les morts. Mais si ce don extraordinaire n’a pas de prix, il peut lui coûter cher. C’est ce que Jamie va découvrir lorsqu’une inspectrice de la police de New York lui demande son aide pour traquer un tueur qui menace de frapper… depuis sa tombe.
J’étais très intriguée par ce roman et j’avais bien hâte de le lire. Ça été une excellente lecture, j’ai dévoré le livre pratiquement d’une traite. Les pages défilaient très rapidement. C’est tout à fait le genre d’histoire dans laquelle on plonge pour ne plus vouloir en sortir.
Après, c’est l’histoire de Jamie. Il a maintenant vingt-deux ans et c’est lui qui nous raconte ce qu’il a vécu étant plus jeune. Ce roman, c’est l’histoire particulière de son enfance. Car Jamie a un pouvoir très spécial. Il peut voir les morts. Et leur parler. Sa première expérience est un véritable cauchemar. Il est encore petit et il perçoit des choses que personne d’autre ne peut voir. Mais c’est surtout quand il peut voir la femme de son voisin, qui vient de mourir, et qu’il peut résoudre facilement un petit mystère entourant la disparition d’objets, que sa mère commence à saisir l’ampleur du don de son fils. Elle tente de le protéger comme elle le peut, même si elle ne comprend pas tout ce qui se passe en lien avec le pouvoir de Jamie. Lorsqu’une inspectrice de police est au courant de ce don et qu’elle veut tester ce que Jamie peut faire, elle décide de l’utiliser pour l’aider à la résolution d’un crime, alors que le criminel est mort. Avec cette expérience, Jamie réalise alors que son don a un prix très élevé et pourrait bien lui coûter la vie.
« Les morts sont obligés de dire la vérité, ce qui tombe très bien quand on a besoin d’une réponse. N’empêche que la vérité peut être vraiment pourrie, je le répète. »
J’ai vraiment aimé cette histoire. Toute l’intrigue entourant le don de Jamie est fascinante. On veut en savoir plus et on tente d’imaginer ce que ce serait d’avoir ce don, qui est aussi une forme de malédiction, surtout chez un enfant aussi jeune. Le roman est aussi très intéressant surtout parce qu’au-delà du pouvoir de Jamie, on découvre à travers ce qu’il nous raconte sa vie et son enfance: son père qu’il n’a jamais connu, la vie avec sa mère qui est agent littéraire, leurs problèmes financiers, la copine de sa mère qu’il reverra à quelques reprises après leur séparation, son oncle qui vit dans une institution et perd la mémoire, l’amitié qu’il développe avec le vieux voisin et ancien professeur à la retraite. Mais surtout, sa vie avec ce don à la fois fabuleux et totalement terrifiant.
« On s’habitue aux choses prodigieuses, on finit par les tenir pour acquises. Et on a beau essayer de lutter, ça ne sert à rien. Le monde est plein de prodiges, voilà tout. »
L’histoire d’Après se déroule pendant toute l’enfance de Jamie jusqu’à l’adolescence. Il nous parle de ce qu’il voit, des événements qui se sont enchaînés et des choses effrayantes auxquelles il a dû faire face. On s’attache tout de suite à ce personnage, c’est un narrateur sympathique, gentil, qu’on imagine aisément. J’ai adoré le suivre dans cette aventure effrayante. Confronté à un monde qu’il ne soupçonnait pas, Jamie doit faire face à des choses qu’il ne pouvait sans doute même pas imaginer.
Un livre prenant et intrigant!
Après, Stephen King, éditions Albin Michel, 336 pages, 2021
Tandis que le Vieux-Québec scintille sous la neige et s’égaye des flonflons du carnaval, Armand Gamache tente de se remettre du traumatisme d’une opération policière qui a mal tourné. Mais, pour l’inspecteur-chef de la SQ, impossible d’échapper longtemps à un nouveau crime, surtout lorsqu’il survient dans la vénérable Literary and Historical Society, une institution de la minorité anglophone de Québec. La victime est un archéologue amateur connu pour sa quête obsessive de la sépulture de Champlain. Existerait-il donc, enfoui depuis quatre cents ans, un secret assez terrible pour engendrer un meurtre ? Confronté aux blessures de l’histoire, hanté par ses dernières enquêtes, Gamache doit replonger dans le passé pour pouvoir enfin enterrer ses morts.
J’ai lu Enterrez vos morts de Louise Penny pour le livre de février de Un Penny par mois. Ce roman est la suite directe du précédent, Révélation brutale. Si ce dernier était un véritable un coup de poing, Enterrez vos morts est beaucoup plus triste et poignant. Déjà le titre pour moi évoque énormément. Enterrer ses morts, c’est aussi faire la paix avec soi-même et avec les événements. C’est ce que devra apprendre à faire Gamache. Après l’enquête qui a mené à l’arrestation d’un de ses amis et une opération policière qui a mal tournée et l’a traumatisé, Gamache se repose chez son mentor à Québec. Malgré lui, il se retrouve mêlé à une nouvelle enquête. On a découvert le corps d’un archéologue amateur connu – et détesté – dans la cave d’une majestueuse bibliothèque anglophone. Gamache tente de donner un coup de main tout en essayant d’apaiser les voix qui le hantent, alors que Beauvoir, blessé aussi dans l’opération policière, prend des « vacances » à Three Pines, où il pose beaucoup de questions… le chef lui ayant demandé d’enquêter discrètement afin de rouvrir l’enquête du livre précédent, l’accusation et l’incarcération d’un des habitants de Three Pines.
« Gamache le savait, les symboles étaient aussi puissants que n’importe quelle bombe. En effet, ils survivaient, prenaient de l’importance, alors que les hommes et les femmes périssaient, que les villes tombaient. Les symboles étaient immortels. »
Ce roman est sans doute le plus poignant jusqu’à maintenant de la série Armand Gamache enquête. L’histoire est passionnante et touchante. Elle mêle habilement deux enquêtes: une à Three Pines, l’autre à Québec, avec pour toile de fond le mystère qui entoure la vie de Samuel de Champlain, mais surtout, la recherche de sa sépulture. Il y est aussi question des combats entre anglophones et francophones qui remontent aussi loin que la bataille des Plaines d’Abraham. On passe aussi beaucoup de temps dans la ville de Québec et on en ressent tout le charme de ces lieux remplis d’histoire. L’enquête débute à la Literary and Historical Society of Quebec, qui est en fait le Morrin Centre. C’est tellement le genre d’endroit où on imagine sans mal Gamache!
« Gamache se dirigea vers le Château en passant à côté de l’énorme sculpture de style gothique au centre du petit parc, le monument de la Foi. Le Québec avait été bâti grâce à la foi et aux fourrures, mais les conseillers municipaux avaient préféré ériger une statue aux martyrs plutôt qu’à un castor. »
Un roman vraiment touchant et humain, qui ravive aussi des blessures profondes chez les personnages: Olivier en colère qui n’arrive pas à pardonner, Gamache qui doit vivre avec les fantômes d’une opération policière qui a mal tournée, Beauvoir qui n’arrive pas à avancer. Enterrez vos morts est un livre triste, surtout avec l’histoire terrible de l’agent Morin et des traumatismes de chacun, mais c’est aussi un livre fascinant et puissant, avec comme toujours, une pointe d’humour dans les dialogues. Gamache est en quête de guérison et la ville de Québec sous la neige, ses cafés, sa bibliothèque, son carnaval, son histoire passionnante, est un lieu parfait pour retrouver une ambiance feutrée et calme, à la recherche de secrets enfouis depuis quatre cent ans. Peut-être aussi réussir à trouver un peu de paix.
C’est un roman assurément puissant, qui sonde à la perfection les blessures de l’âme humaine. Il nous plonge également dans le passé et nous offre de beaux moments à Québec.
J’ai lu cet excellent livre pratiquement d’une traite!
Enterrez vos morts, Louise Penny, éditions Flammarion Québec, 464 pages, 2013