Les Montagnes hallucinées tome 2

À son arrivée au campement de Pr Lake, l’équipe du Pr Dyer découvre un véritable charnier… Seul Gedney, l’assistant du biologiste, aurait vraisemblablement réussi à fuir en traineau. Mais l’homme a t-il réellement une chance de survivre dans ces contrées hostiles? Rien n’est moins sûr… Il est pourtant le seul qui saurait expliquer le spectacle de désolation que les scientifiques ont sous les yeux, et surtout le mystérieux tumulus qui renfermait les spécimens décrits par son mentor quelques jours plus tôt ! Bien décidé à retrouver le disparu, le géologue part en expédition au-delà des montagnes…

J’avais adoré ma lecture du premier tome de cette histoire. Il s’agit de l’adaptation en manga du roman de H.P. Lovecraft, Les montagne hallucinées. Le premier tome m’avait beaucoup plu, tant au niveau de l’histoire que de son adaptation graphique. Le dessin est d’une précision et d’une beauté, c’est vraiment magnifique. Je n’ai encore jamais lu Lovecraft, mais la découverte de ce manga me donne une furieuse envie de me lancer dans son œuvre et de découvrir par le même fait, les autres adaptations qu’en a fait Gou Tanabe. J’en ai d’ailleurs deux autres qui m’attendent et que j’ai très hâte de lire: Dans l’abîme du temps et La couleur tombée du ciel. Il faut dire que la qualité est vraiment au rendez-vous. On sent que l’adaptation est soignée, tant pour le scénario que pour le dessin. 

Ce deuxième tome se poursuit là où on avait laissé l’équipe de sauvetage dans le premier tome. Après avoir fait la « découverte du siècle », l’équipe du professeur Lake en informe ses collègues, sans mentionner de quoi il s’agit, puis c’est le silence radio. N’ayant plus de nouvelles, une équipe de sauvetage part sur les traces du professeur pour comprendre ce qui s’est passé. Elle retrouve le campement dévasté et seul un des leurs semble avoir disparu. Le retrouver est leur unique chance de comprendre et d’expliquer ce qui a pu se passer. 

« C’était donc vrai… Edgar Allan Poe a bien eu accès à des sources insoupçonnées et dangereuses en écrivant ses « Aventures d’Arthur Gordon Pym » il y a un siècle! »

Cavernes, blocs gravés, étranges dessins dans la pierre, vestiges, ce que les hommes découvrent dépasse l’entendement. Ils ne sont même pas certains de ce que c’est, mais une chose est sûre, tout ce qui apparaît devant leurs yeux est très vieux et rappelle les mythes primitifs. Ils se donneront quelques heures pour explorer le terrain et tenter de mettre la main sur Gedney, leur collègue mystérieusement disparu. Leur découverte donne le frisson et coupe le souffle. Ils ne s’attendaient assurément pas à ce qui se présentera à eux et ils en reviendront totalement changés.

Avec ce deuxième tome et les découvertes faites par l’équipe de sauvetage, nous entrons à pieds joints dans la légende, profonde, mythique, effrayante. Plusieurs chapitres nous plongent dans l’histoire des Anciens, les Shoggoths, le mythe de Cthulhu, l’époque glaciaire et les guerres féroces entre différentes espèces. Le dessin de Gou Tanabe est d’ailleurs un véritable tour de force pour représenter avec autant d’effets, tout l’imaginaire horrifique de Lovecraft. C’est avec une étonnante précision graphique qu’il réussit à nous amener avec lui dans un univers sombre et terrifiant.

« Nous décidâmes d’abandonner le matériel, et dès le lendemain matin, le 27 janvier, tous les appareils regagnèrent notre ancienne base. Le 28, nous étions de retour au détroit de McMurdo. Cinq jour plus tard, l’Arkham et le Miskatonic, avec tous les hommes et l’équipement à bord, quittaient le rivage glacé de ce continent maudit. »

En mêlant la science, la science-fiction, l’horreur et les mystères venus d’un autre âge, le texte de H.P. Lovecraft adapté par Gou Tanabe est toujours bien effrayant aujourd’hui. Tranquillement, il instille l’horreur et joue sur le moment précis de la découverte étonnante faite par l’équipe de sauvetage. Nul besoin de préciser que l’intrigue est très efficace et que ce que l’on découvre est totalement surprenant. J’ai adoré le travail de Gou Tanabe qui est vraiment magnifique. Son trait de crayon est juste, précis, détaillé et recrée parfaitement une atmosphère inquiétante et incertaine. 

Cette lecture des deux tomes de l’adaptation en manga du roman Les Montagnes hallucinées, m’a donné envie de lire les autres œuvres de Lovecraft adaptées par Gou Tanabe. Elle m’a aussi donné envie de plonger dans l’univers de H.P. Lovecraft pour découvrir ses écrits et, pourquoi pas, éventuellement sa biographie? 

Mon avis sur le premier tome.

Les Montagnes hallucinées tome 2, Gou Tanabe, d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft, éditions Ki-oon, 336 pages, 2019

Les Montagnes hallucinées tome 1

En 1931, une expédition de sauvetage découvre le campement en ruines du Pr Lake, parti explorer l’Antarctique quelques mois plus tôt. Son équipe de scientifiques avait envoyé un message annonçant une découverte extraordinaire avant de sombrer dans le silence… Sur place, des squelettes humains dépouillés de leur chair laissent imaginer les scènes d’horreur qui ont pu se dérouler. Plus perturbantes encore : les immenses montagnes noires aux pics acérés au pied desquelles le Pr Lake et ses compagnons ont rendu l’âme… Ces terres désolées semblent cacher de terribles secrets. Gare aux imprudents qui oseraient s’y aventurer !

Avant de découvrir cette adaptation de Gou Tanabe en manga, je n’avais encore jamais lu Lovecraft, ce qui est tout de même étonnant puisque je m’intéresse aux classiques, à la littérature fantastique et à l’horreur. Cette lecture, qui est une adaptation du roman Les montagnes hallucinées, a été une belle découverte. Je ne peux comparer avec l’œuvre originale, toutefois, le manga m’a semblé être de grande qualité à tous les niveaux, tant pour la trame narrative que pour les dessins qui sont époustouflants. Et l’objet-livre en lui-même est fabuleux, avec sa couverture souple et gravée qui rappelle le cuir, et son format un peu plus grand que les mangas habituels.

« Quel fascinant continent que l’Antarctique. Il recèle tant de mystères et de trésors! »

Dans ce premier tome, une expédition montée par des universitaires, chercheurs et spécialistes, arrive en Antarctique avec l’intention de faire des recherches scientifiques. Ils se retrouvent sur des lieux historiques, le Mont Terror et le Mont Erebus. Puis, leurs recherches débutent. Les lieux sont arides, difficiles, intrigants et le groupe est victime à quelques reprises de mirages. Leurs recherches ne se déroulent pas vraiment comme ils l’espéraient et sont assez décevantes. Toutefois, le professeur Lake fait une curieuse découverte: des stries particulières dans des morceaux d’ardoise. Il en est obsédé et demande de pouvoir poursuivre ses recherches un peu plus loin. Le groupe se sépare alors. C’est à ce moment qu’il annonce par radio à ses compagnons, avoir fait la découverte du siècle. Puis c’est le silence total. Une équipe de secours est lancée à sa poursuite. Ce qu’il découvriront dépasse l’entendement.

Contrée glacée et inhospitalière, découvertes incroyables, expédition de survie, rencontre macabre, ce manga se dévore comme un véritable roman d’aventure. On suit avidement les recherches de l’expédition envoyée en Antarctique avec beaucoup d’intérêt. Surtout que ces lieux semblent cacher quelque chose d’incroyable et d’abominable. Avec ce premier tome, l’auteur met en place les personnages et le début de l’expédition et nous abandonne alors que l’équipe de secours vient de faire une découverte troublante et effrayante. La suite est à découvrir dans le tome 2.

« L’exploration du vaste continent blanc et glacial s’étendant au sud du globe constituait pour l’homme, toujours désireux de repousser les limites de l’inconnu, le dernier grand défi géographique mondial. »

Ce premier tome des Montagnes hallucinées est tout simplement génial! L’histoire, vraiment très prenante, est portée par des illustrations magnifiques et réalistes. C’est du grand art! J’ai bien envie maintenant de lire les autres titres de Gou Tanabe, qui a entreprit de transposer en mangas, les chefs-d’œuvre de Lovecraft. J’ai tout aimé de cette première adaptation que je découvre: le format du manga, les illustrations, le récit, les références à Edgar Allan Poe que j’aime beaucoup, le côté sombre de l’histoire et l’horreur qui est doucement instillée au fil des pages.

Une lecture vraiment remarquable, à tous points de vue! J’enchaîne avec le second tome, qui promet d’être aussi bon et prenant que le premier.

Les Montagnes hallucinées tome 1, Gou Tanabe, d’après l’œuvre de H.P. Lovecraft, éditions Ki-oon, 310 pages, 2018

Le jardinier autonome

Engagez-vous sans plus tarder dans une démarche d’autonomie alimentaire viable, durable et gratifiante ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, le premier endroit pour vous approvisionner en graines ou en tubercules, c’est votre cuisine. Les aliments périmés, tels que les pommes de terre germées ou les pois secs, peuvent être facilement utilisés pour produire de nouvelles récoltes. Dans cet ouvrage, l’auteur partage avec vous son expérience et tous les conseils pratiques dont vous aurez besoin pour planter, entretenir et recueillir vos propres légumes et fruits bio. Il vous guide au cours d’une période d’un an pour créer un potager autonome et économique : les composteurs commerciaux sont au-dessus de vos moyens ? Fabriquez le vôtre ! Vous n’avez pas assez d’espace à la maison pour faire pousser vos légumes et vos fruits ? Inscrivez-vous dans un jardin communautaire et échangez des informations, des astuces ou encore des outils avec les gens de votre quartier ! Que vous soyez un jardinier novice ou chevronné, n’hésitez pas à mettre les mains à la terre !

Dans cet ouvrage qui comporte beaucoup d’illustrations, Huw Richards nous partage ses idées et son expérience personnelle pour nous aider à produire un jardin peu coûteux et très productif. La construction du livre est bien faite et d’une grande simplicité. Le livre aborde autant le jardinage en ville, sur un balcon, que le jardinage avec de grands espaces. On y apprend, entre autres, comment construire son jardin, récolter ses semences, fabriquer son propre compost, se débarrasser des insectes nuisibles et des limaces, faire ses semis, doser les arrosages, le rôle primordial des fleurs et des insectes pollinisateurs, la récupération de l’eau, entre autres sujets.

« De la fin de l’hiver à l’été, il est tout à fait judicieux d’exploiter les rebords de vos fenêtres pour les semis jusqu’au moment où ils seront prêts à être transplantés à l’extérieur. La saison de croissance commencera plus tôt, les plantes seront plus résistantes, tandis que la période entre l’ensemencement et la récolte sera plus courte et vos rendements plus abondants. »

À la maison, nous avons un jardin et chaque année, nous tentons de l’améliorer, de lui donner plus d’ampleur, de le rendre plus productif et d’éloigner ces parasites nuisibles qui cherchent à se régaler de notre travail, tout en demeurant le plus écologiques possible. Ce livre m’a donc beaucoup plu. Il m’a apporté de nombreuses idées et m’a aussi appris plusieurs choses sur le monde du jardinage. Ce qui est intéressant chez l’auteur, c’est qu’il met en avant l’idée qu’un jardin, peut aussi être une source d’échanges, de troc, de récupération. Il y a de très belles idées à explorer dans cet ouvrage. 

« Les tubes de papier toilette ou d’essuie-tout présentent deux avantages essentiels: ils sont faciles à trouver et entièrement biodégradables. Lorsque les jeunes plants sont prêts à être repiqués, il suffit de planter le contenant et son contenu. »

Le jardinier autonome est un livre très utile pour quiconque souhaite devenir plus autonome au niveau du jardinage et de la culture de son potager, tout en recyclant et en utilisant ce qu’il a sous la main. C’est un livre qui propose des idées abordables et concrètes. Il est donc facile de suivre étape par étape les conseils. Visuellement, l’ouvrage est coloré et très illustré. À la fin, un calendrier mois par mois explique en résumé ce dont l’auteur parle.

Même si l’auteur vient du Pays de Galles, son livre est très adaptable ici. On ne sent pas du tout la différence de climat entre nous et lui, sauf pour quelques petites notes concernant l’hiver et les plantations en décembre ou janvier. De façon générale, c’est un livre qui rend l’idée du jardinage la plus simple possible, avec ce qu’on a sous la main, pour devenir le plus autonome possible, à moindre coût. C’est donc un ouvrage emballant pour toutes ses belles idées et ses trucs simplifiés, qui donne envie de se lancer dans plusieurs beaux projets au jardin. 

Une lecture rafraîchissante et très accessible, qui m’a beaucoup plu. Je garderai assurément ce livre à portée de main. Il me sera très utile dans mon jardin, ayant un grand intérêt pour les plantes, les fleurs et les potagers. L’approche simple de l’auteur, qui priorise la réutilisation et le recyclage, en fait un outil parfait pour les jardiniers amateurs.

Le jardinier autonome, Huw Richards, éditions Multimondes, 224 pages, 2021

Si ça saigne

Les journalistes le savent : si ça saigne, l’info se vend. Et l’explosion d’une bombe au collège Albert Macready est du pain béni dans le monde des news en continu. Holly Gibney de l’agence de détectives Finders Keepers, travaille sur sa dernière enquête lorsqu’elle apprend l’effroyable nouvelle en allumant la télévision. Elle ne sait pas pourquoi, le journaliste qui couvre les événements attire son attention…

Si ça saigne: un recueil de quatre nouvelles de Stephen King. Quatre excellentes nouvelles dont l’une est la suite directe du roman L’Outsider. J’avais tellement aimé ce roman que j’étais très heureuse de retrouver Holly, Jerome, Ralph, Barbara et plusieurs références à l’enquête. Cette histoire de L’Outsider est vraiment très prenante et très originale. Si vous n’avez pas lu le roman, j’en profite pour vous le suggérer. C’est une atmosphère inquiétante qu’on a beaucoup de mal à lâcher! J’étais donc très contente de voir qu’une nouvelle faisait suite à cette histoire. Holly est un personnage différent et attachant. Je crois que Stephen King avait hâte d’y revenir aussi, surtout si je me fie à sa note en fin de recueil. Je me suis donc un peu retenue pour ne pas me lancer dans la troisième nouvelle du livre et plutôt les lire dans l’ordre de présentation. 

Voici un petit résumé des quatre histoires de ce recueil: 

Le téléphone de M. Harrigan
Cette nouvelle se déroule au tout début des nouvelles technologies. Craig est un jeune garçon engagé par son nouveau voisin Harrigan pour lui faire la lecture et s’occuper de ses plantes. L’homme lui offre un petit salaire (de radin, selon le père de Craig) et quelques billets de loto de temps à autres. Quand Craig gagne, il offre un téléphone intelligent première génération à Harrigan qui va alors découvrir le « World Wide Web ». J’ai adoré cette histoire qui parle de plusieurs générations et de l’apprentissage des nouvelles technologies. Avec un petit frisson en prime! 

La vie de Chuck
Cette nouvelle débute alors que nous sommes dans un monde apocalyptique, où partout des affiches apparaissent: « Charles Krantz. 39 années formidables! Merci, Chuck! » Si le début est un peu déstabilisant, la suite est à la fois belle, triste et terrifiante. Cette histoire est très intéressante à cause de sa construction atypique. Elle est présentée de façon antichronologique en trois parties, qui racontent des moments précis de la vie de Chuck.

Si ça saigne
C’est l’histoire que j’attendais avec le plus d’impatience, puisqu’elle reprend le contexte de L’Outsider, quelques temps après. On retrouve donc Holly et les autres, ainsi que l’agence Finders Keepers. Une explosion dans un collège qui fait plusieurs victimes trouble énormément Holly. Dans le secret, elle va donc se pencher sur cette affaire et faire quelques recherches. Dans le même genre que L’Outsider, cette nouvelle est pleine de rebondissements. J’ai adoré! Ça se lit tellement bien et c’est très prenant. 

Rat
Drew est professeur. Il a publié quelques histoires et quand il s’est essayé à un roman quelques années auparavant, il a sombré dans la dépression et a failli mettre le feu à sa maison. Quand il annonce à nouveau à sa femme qu’il a une idée de roman et va partir un mois au chalet de son père pour écrire, elle est soudainement très inquiète… et avec raison! Une histoire incroyable et inquiétante. J’aime toujours beaucoup quand King met en scène des écrivains. 

Plus je lis King, plus je l’aime! Qu’il écrive des romans, des nouvelles, qu’il tende plus vers le fantastique ou l’horreur, il me surprend toujours. Les quatre nouvelles sont bonnes, étonnantes et variées, tant dans la construction que dans le thème, même si certaines choses reviennent toujours un peu chez King, peu importe ce qu’il écrit. Il parle beaucoup des nouvelles technologies par exemple. Avec la première nouvelle, c’est le tout début des téléphones intelligents et de la découverte des possibilités. Dans Si ça saigne, on est au cœur de l’informatique et de tout ce qui nous est offert présentement. J’aime définitivement beaucoup King parce que ses écrits s’insèrent parfaitement dans notre époque, sont de vraies critiques de notre société, mais toujours aussi avec un petit côté nostalgique du temps passé. Ça me plaît énormément!

« Maintenant, je pourrais croire à tout et n’importe quoi, je pense, des soucoupes volantes aux clowns tueurs. Car il existe réellement un deuxième monde. Et il existe parce que les gens refusent d’y croire. »

La nouvelle n’est pas toujours un genre privilégié par plusieurs lecteurs. C’est dommage mais si vous n’aimez pas les nouvelles, King pourrait être une très bonne façon d’aborder ce genre. Il est bon pour en écrire car elles sont tellement longues, complètes et descriptives, qu’on dirait de petits romans.

« Et quand on grandit dans un endroit sans feux rouges, avec des routes de terre, comme Harlow, le monde extérieur est un endroit étrange et attirant. »

De mon côté, j’ai passé un excellent moment avec ce recueil. C’était vraiment très très bon, si bien que j’avais beaucoup de mal à le lâcher, ne serait-ce que pour aller travailler… King me fait toujours cet effet. C’est drôle parce que lorsque j’étais adolescente, King était aussi très à la mode. Ses livres me faisaient très peur et je n’arrivais pas à le lire. Mais aujourd’hui, il aborde tellement de sujets, joue avec tellement de styles différents, que plus je le découvre, plus j’adore le lire, qu’il s’agisse de ses premiers livres ou des plus récents.

« La réalité était profonde. Lointaine. Elle renfermait d’innombrables secrets et ne connaissait pas de limites. »

Je vous conseille donc fortement la découverte de Si ça saigne. Si vous avez déjà lu (et aimé) L’Outsider, n’hésitez même pas! C’est un bonheur de retrouver Holly et le même univers que le roman. Bonne lecture! 

Si ça saigne, Stephen King, éditions Albin Michel, 464 pages, 2021

Le Club de l’Ours Polaire t.2: Le Mont des sorcières

Une île maudite peuplée de sorcières, de trolls et de loups damnés: la suite tant attendue du Club de l’Ours Polaire. Personne n’est jamais revenu vivant du Mont des Sorcières, or c’est justement là que se dirige le père de Stella… Accompagnée d’Ethan, Shay, Dragigus et de Gideon, un explorateur du Club du Chat de Jungle pas très coopératif, la jeune fille doit à tout prix lui venir en aide.

Le mont des sorcières est le titre du second tome de la série Le club de l’ours polaire. J’avais passé un excellent moment de lecture avec le premier tome intitulé Stella et les mondes gelés. Les trouvailles d’Alex Bell pour créer l’univers du Club de l’ours polaire sont très intéressantes. Il s’agit d’un club d’explorateurs dont il existe d’autres regroupements, qui ont chacun leurs règles et leur code de conduite. Il existe aussi le Club du Calmar Géant, celui du Chacal Doré et celui du Chat de Jungle. À la fin du livre, on retrouve d’ailleurs des informations sur les différents clubs et on croise de plus en plus des membres d’autres clubs, ce qui nous permet d’en découvrir toutes les particularités.

Dans cette nouvelle aventure, nous retrouvons les personnages du premier tome: Stella la princesse des glaces, Shay le chuchoteur de loup, Dragigus le guérisseur et Ethan le magicien. Un vautour tente de s’en prendre à Stella et son père, Felix, part pour le Mont des sorcières afin de découvrir qui envoie le volatile. Mais ce Mont effrayant et rempli de dangers est un endroit dont on ne revient pas… Stella ne veut pas perdre son père et, avec l’aide de ses amis, elle part à la recherche de Felix avant qu’il ne soit trop tard…

Le groupe n’a pas du tout l’accord du club pour partir en expédition puisque le Mont des sorcières n’est pas un lieu recommandé. Qu’à cela ne tienne, rien n’empêchera Stella de voler au secours de son père adoré! Avec ses amis, elle s’envole pour les lieux sombres et infestés de pièges du Mont des sorcières. Les lieux sont à la fois effrayants et magiques. Le groupe devra mettre ses forces en commun pour réussir à affronter tous les obstacles qui se présentent à lui. Il y a de belles trouvailles dans ce roman, comme la couverture-forteresse qui fait littéralement rêver ou les différents animaux et dangers que croisent le groupe. J’aime que les animaux de compagnie de Stella soient un ours polaire nommé Mal-Léché et un petit dinosaure nain.

« Mme Sap n’avait pas apprécié l’arrivée de Mal-Léché – vraiment pas – et ne cessait de soutenir à son maître que les ours polaires n’étaient pas des animaux domestiques et qu’ils ne devraient pas être autorisés à entrer dans une maison, ni à se laver dans la grande baignoire sur pieds de la plus belle salle de bains, ni à se coucher sur le grand lit à baldaquin de la chambre d’amis quand il n’y avait pas d’invités (et même occasionnellement quand il y en avait…) »

Le personnage de Stella est intéressant car elle hérite d’un titre – princesse des glaces – qu’elle n’a pas envie d’avoir. Les princesses des glaces ont le cœur glacé et deviennent de mauvaises personnes. Stella doit donc aller au bout d’elle-même et apprendre à aimer qui elle est pour réussir à affronter les épreuves qui l’attendent. Elle découvre ses dons particuliers et doit apprendre à les utiliser, en dosant savamment ce qu’elle peut accomplir et les dangers qui la guettent. Être princesse des glaces n’est pas tout ce qui la définie.

« Stella est une princesse des glaces parmi bien d’autres choses, répondit tranquillement Felix. Avant tout, c’est une remarquable navigatrice, une exploratrice intrépide, une fille adorée par son père, une excellente patineuse, une lectrice infatigable, une amie fidèle et une fabricante virtuose de licornes en ballons. »

C’est donc un roman qui parle en filigrane de l’identité et de l’héritage que l’on reçoit. Felix est un père adorable, qu’on aime tout de suite. On apprend d’ailleurs plusieurs petites choses sur lui dans ce tome. J’adore également le personnage de Shay, vraiment doux et courageux, qui entend les loups et a un animal totem. L’univers du Club de l’ours polaire est à la fois magique et intéressant. C’est l’occasion de vivre beaucoup d’action et c’est ce qui me plaît de cette série. C’est un roman d’aventure magique, quelque part entre Harry Potter et À la croisée des mondes. J’adore l’imaginaire de l’auteure et les aventures improbables et étranges qu’elle fait vivre à ses personnages. Le texte est parfois teinté d’humour, souvent par l’entremise d’Ethan, un magicien bourru et grognon. 

« Ce n’est pas possible! Cette expédition est en train de devenir la plus malchanceuse de l’histoire des explorations. Un tapis volant apparaît miraculeusement devant nous, mais il ne fait que sauver une vache, un dinosaure et une bande de fées! »

Plus je découvre cette série pleine de magie et de personnages fantastiques, plus je l’aime! Le troisième tome est dans ma pile à lire et je compte bien le dévorer très bientôt. Je reviendrai vous en parler prochainement. En attendant je vous invite à découvrir cette série enneigée et pleine d’aventures et de magie!

Le Club de l’Ours Polaire t.2: Le Mont des sorcières, Alex Bell, illustrations de Tomislav Tomić, éditions Gallimard Jeunesse, 400 pages, 2019

À la rencontre des Algonquins et des Hurons 1612-1619

Avec les récits de ses expéditions menées de 1613 à 1618, Samuel de Champlain nous livre ici, en français moderne grâce à Éric Thierry, le premier grand témoignage européen sur les Algonquins et les Hurons. Il raconte sa remontée de la rivière des Outaouais, en 1613, à la recherche de l’Anglais Henry Hudson et de la «mer du Nord» qui devait permettre aux Français d’atteindre la Chine en contournant le continent nord-américain. À cette occasion, il évoque sa traversée du pays algonquin jusqu’au lac des Allumettes et sa confrontation avec le redoutable chef Tessouat. Champlain relate ensuite comment, en 1615, il a été obligé ­d’accompagner les Hurons à travers l’Ontario et l’État de New York pour combattre les Iroquois et de quelle façon ses alliés s’y sont pris pour le forcer à passer l’hiver en Huronie, au bord de la baie ­Georgienne. Il a alors eu le temps d’observer leurs «moeurs et façons de vivre», en particulier leur liberté sexuelle, leurs soins aux malades et leurs pratiques funéraires. Champlain ne fut pas seulement l’intrépide découvreur de l’Ontario. Il fut aussi un remarquable diplomate au milieu des Algonquins et des Hurons.

J’ai choisi ce livre parce que j’étais intéressé à approfondir un peu plus mes connaissances sur les expéditions menées par Samuel de Champlain et à connaître ses réflexions sur les relations qu’il entretenait avec les Premières Nations. C’est un ouvrage intéressant pour mieux comprendre ces premières rencontres.

La première portion du livre, la présentation faite par Éric Thierry, est une sorte de résumé explicatif du texte de Champlain qui y fait suite. J’ai trouvé cette partie du texte plutôt compacte au départ et très dense. Par contre, quand les récits de Champlain débutent, j’ai eu l’impression que les notes de l’historien mettaient en lumière les textes de l’expédition. La lecture en devient plus aisée, puisqu’on entre en plein cœur des récits d’origine qui ont tout de même été traduits en français moderne. Ce qui aide naturellement le public d’aujourd’hui à s’y intéresser.

On y découvre alors les récits de voyage de Champlain, ses expéditions, sa perception des Premières Nations et ses réflexions sur leur façon de vivre. Ce qui est intéressant, autant dans l’introduction que dans la partie de Champlain, c’est que le livre contient beaucoup de cartes et de croquis, Champlain étant avant tout un navigateur, un explorateur et un cartographe. Ces illustrations permettent de mieux remettre en contexte l’époque de Champlain, de comprendre les lieux qui ont été visités et cartographiés. On y retrouve, entre autres, des reproductions des cartes dessinées par Champlain lui-même suite à certains de ses voyages.

L’ouvrage permet de voir, à travers les récits du cartographe, le mode de vie de plusieurs peuples autochtones, qu’ils soient sédentaires ou nomades. On en apprend beaucoup sur leur vie quotidienne à travers les écrits de Champlain. On découvre les différences entre les peuples, ce qui les liait, ce qui les divisait, leur façon de s’organiser, de se nourrir, de se faire justice. Ils pouvaient utiliser le troc comme façon de commercer et d’acquérir des biens ou de la nourriture en fonction des caractéristiques de leur nation.

« Tous ces peuples sont d’une humeur assez joviale, bien qu’il y en ait beaucoup de complexion triste et saturnienne entre eux. Ils sont bien proportionnés de leur corps, y ayant des hommes bien formés, forts, robustes, comme aussi des femmes et des filles, dont il s’en trouve un bon nombre d’agréables et belles, tant en la taille et la couleur qu’aux traits du visage, le tout à proportion. »

L’auteur aborde de nombreux sujets qui font partie intégrante de la vie quotidienne: les rites funéraires, les techniques de chasse, les moyens de conserver la nourriture, le descriptif de leurs repas (que les français trouvaient souvent bien mauvais), leurs cultures, comme la citrouille et le maïs. C’est donc un portrait fascinant, vu par les yeux d’un français qui découvre un monde différent du sien, du mode de vie des premiers peuples. La perception des français est aussi intéressante, même si elle est souvent particulière, face au mode de vie des Algonquins et des Hurons. Leurs croyances étant bien différentes, les autochtones n’étaient pas toujours bien perçus des français, comme par exemple tout ce qui concernait la religion. Elle est importante pour les français qui voient d’un mauvais œil les mœurs bien différentes des autochtones.

« Mais, auparavant, il est à propos de dire qu’ayant reconnu aux voyages précédents qu’il y avait, en quelques endroits, des peuples sédentaires et amateurs du labourage de la terre, n’ayant ni foi ni loi, vivant sans Dieu et sans religion, comme des bêtes brutes, alors je jugeai à part moi ce que ce serait faire une grande faute si je ne m’employais à leur préparer quelque moyen pour les faire venir à la connaissance de Dieu. »

On apprend également des choses intéressantes sur les échanges entre les différents peuples, permettant par exemple à un jeune français de découvrir le pays aux côtés d’autochtones, d’apprendre la langue et de partager un nouveau savoir avec Champlain afin de lui permettre de cartographier les lieux et d’augmenter les connaissance globales de ce Nouveau Monde. L’inverse était aussi vrai, alors que de jeunes autochtones sont allés en Europe.

Champlain cartographiait tout et ses recherches pour trouver un chemin vers la Chine étaient très importantes. Sa vision est intéressante et parfois surprenante à découvrir aujourd’hui. Elle met en lumière les échanges entre les français et les premiers peuples, ainsi que les ententes qu’ils pouvaient avoir entre eux. Champlain voulant aller vers la Chine et les premières nations souhaitant combattre les iroquois, chacun comptait sur l’autre pour réussir à mener à bien son projet. Champlain avait une certaine importance pour les Premières Nations, ce qui pouvait donc amener jalousie et querelles entre les membres des différents clans.

Un livre que j’ai bien apprécié. Il nous transporte dans les années 1612 à 1619 alors que Samuel de Champlain relate ses voyages et ses découvertes à la recherche de la rivière qui permettrait aux français d’atteindre la Chine par le nord de l’Amérique. Une lecture qui débute de façon assez lente, car le texte annoté et la présentation sont très denses. Toutefois, l’introduction prend tout son sens quand on aborde les récits de Champlain, puisque Éric Thierry met en lumière le texte de l’explorateur. Traduit en français moderne, le texte devient donc accessible et est accompagné de nombreuses notes afin de mieux en saisir toute l’essence. C’est un peu comme plonger dans les carnets de Champlain et lire ses impressions sur ce qu’il découvre. Impressions qui sont, pour lui, souvent négatives ou déroutantes d’ailleurs.

Le livre nous permet de mieux comprendre le déroulement des premières rencontres entre européens et autochtones. Par les yeux de Champlain, on découvre aussi la manière dont les gens vivaient, leurs croyances, leur gestion des conflits et les caractéristiques des différents peuples. C’est un livre parfait pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des débuts de l’Amérique, à la conquête de la Nouvelle-France, aux relations entre les Européens et les Autochtones, et qui désirent en apprendre un peu plus sur ces premiers moments d’échanges entre les deux peuples.

Le livre est complété par une chronologie et une bibliographie.

À la rencontre des Algonquins et des Hurons 1612-1619, Samuel de Champlain, texte en français moderne établi, annoté et présenté par Éric Thierry, éditions du Septentrion, 240 pages, 2009