Stranger Things – Hawkins Horrors

Un soir, Dustin, Lucas, Max et leurs amis veulent louer des cassettes vidéo. Mais une panne d’électricité contrarie leurs projets et ils se retrouvent à échanger sept histoires terrifiantes sur leur ville. Quels secrets cache le vieil asile ? Y a-t-il vraiment une créature mutante au fond du lac des amoureux ? Une force surnaturelle contrôle-t-elle un ours en peluche inoffensif ? Voilà quelques-uns des mystères inquiétants que contient ce recueil et qui feront le bonheur des fans de Stranger Things.

Chaque fois que je tombe sur un livre issu de l’univers de Stranger Things, je ne peux m’empêcher de le lire. Il y a du bon et du mauvais, mais celui-ci était très bien et j’ai passé un bon moment. Il s’agit d’un recueil de sept nouvelles étranges et mystérieuses dans l’univers de Stranger Things.

Il est presque minuit. Nancy se dépêche d’arriver au Club vidéo avec Dustin, Erica, Lucas et Mike pour y retrouver Steve et Robin pour leur film du soir. Malheureusement, une panne de courant frappe la ville de Hawkins. Pas d’électricité veut donc dire pas de magnétoscope. Le groupe décide donc, pour passer le temps, de s’offrir une soirée d’histoires terrifiantes. Chacun entreprend donc de raconter l’histoire la plus effrayante possible…

J’ai bien aimé ce recueil que j’ai lu d’une traite et qui est assez prenant je dois l’avouer. Ça m’a rappelé les lectures que j’aimais enfant, la collection Chauve-souris et les Frissons, mais cette fois dans l’univers de la série Stranger Things. Chaque personnage raconte à sa façon des histoires d’horreur en essayant de faire peur aux autres. Le point de départ est l’asile de Pennhurst et l’histoire que raconte Nancy, Une petite voix, est vraiment efficace. J’ai aussi particulièrement aimé celle de Dustin avec le dé de Donjons & Dragons. Les autres aussi sont intrigantes.

J’ai également aimé que chaque chapitre, alors que le personnage raconte son histoire, trouve sa suite dans le titre du chapitre suivant. Ça crée un effet continu et les histoire, même si elles sont différentes, s’emboîtent les unes aux autres. L’idée de regrouper les personnages de la série autour de légendes en lien avec Hawkins me plaît beaucoup aussi.

On retrouve bien l’ambiance d’histoires racontées dans le noir, autour d’une lampe de poche qui circule d’un à l’autre. À chaque fois, les personnages remettent en question la véracité de l’histoire racontée, ils puisent dans les légendes et les rumeurs qui circulent à Hawkins et il y a même une histoire incomplète parce que Lucas… n’a jamais su la fin! J’ai aimé qu’on retrouve les interventions des personnages entre les histoires et leurs particularités, telles qu’on les voit dans la série, sont respectées. 

J’ai passé un bon moment avec ce recueil jeunesse qui, ma foi, est quand même effrayant, même si le texte reste léger. C’était divertissant et j’ai aimé le concept de se raconter des histoires en groupe. C’est bien mené dans ce recueil. Une bonne lecture!

Stranger Things – Hawkins Horrors – Nouvelles terrifiantes, Matthew J. Gilbert, éditions Hachette, 256 pages, 2022

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Refrigerators full of heads

Durant un an, la mystérieuse hache qui a causé tant de chaos pendant l’ouragan de 1983 est restée prisonnière de la vase de la baie de Brody Island… mais un objet aussi puissant ne peut sommeiller bien longtemps. Un nouveau shérif a pris poste et les touristes sont revenus, même si la rumeur court qu’un grand requin blanc a été aperçu dans les eaux alentours. Et lorsqu’un couple en goguette venu profiter de ses vacances se rend compte des aspects les plus inquiétants de l’île, leur repos va vite se transformer en cauchemar

J’avais beaucoup aimé Basketful of Heads de Joe Hill et Leomacs. Quand j’ai vu la parution de Refrigerators full of heads, j’ai tout de suite voulu le lire. Même s’il s’agit d’auteurs différents, cette bande dessinée est en quelque sorte la suite de l’histoire imaginée par Joe Hill. Les deux sont publiées dans sa collection: Hill House.

Nous sommes en 1984, à Brody Island. Un jeune couple débarque dans une maison de vacances. Elle est écrivain et lui, un peu trop grande gueule. Ils se font donc remarquer et prendre en chasse par un groupe de motards. Puis nous nous déplaçons vers Green Ridge pour retrouver June qui était au centre de l’histoire de Basketful of Heads. Du temps a passé depuis et June travaille avec des enfants. Elle a mit le passé de côté, mais les choses ne sont pas si simples. Qu’ont en commun ces deux histoires?

Nous allons croiser certains personnages et certaines situations similaires au premier tome puisque les reliques scandinaves, dont la hache si spéciale, font l’objet d’une active recherche depuis les événements de la première bd. Le passé reste rarement enfoui très longtemps… C’est ce que découvrira à ses dépend June et les autres personnages.

« La dague de Fenrir, dont la poignée fut sculptée dans un des crocs du loup géant lui-même. Selon la légende, un seul petit coup de cette lame plonge l’adversaire dans un état catatonique, le piégeant dans son propre corps. »

L’esprit de cette bande dessinée est similaire à la première. C’est tordu et rempli d’hémoglobine. De beaucoup d’hémoglobine. On retrouve l’histoire de reliques ayant un pouvoir terrifiant couplée à une sombre histoire à la Jaws. C’est complètement fou! J’y vois un peu un hommage aux films d’horreur des années 80, déjantés et sanglants. Cœurs sensibles s’abstenir!

Si dans l’ensemble j’ai bien aimé, j’ai préféré le premier tome. L’humour qu’on y trouvait m’a un peu manqué ici. Le premier tome, même si les scènes sanglantes sont légion, était un peu plus « raffiné » que cette suite, beaucoup plus crue et plus gore. J’ai beaucoup moins ressenti l’humour noir ici. Pour moi, ce genre de scènes macabres à souhait est toujours mieux avec beaucoup d’humour (noir, assurément, mais humour quand même). Je trouve que ça se sent qu’il ne s’agit pas des mêmes auteurs que pour la première bande dessinée.

J’ai passé un bon moment, parce qu’il y a des références à la culture populaire horrifique et que certaines scènes sont tellement grotesques (le requin, assurément!) qu’elles font sourire. Si un autre tome paraît en français je le lirai assurément. Ma préférence va toutefois à la première bande dessinée. Cependant, le concept de cette histoire, avec la hache et les têtes, me plaît beaucoup!

Refrigerators full of heads, Rio Youers, Tom Fowler, éditions Urban Comics, 160 pages, 2022

Celui que tu aimes dans les ténèbres

Ro est une jeune peintre dont les dernières toiles lui ont assuré une renommée naissante. Malheureusement, ses nouvelles créations se font attendre. Aussi, son galeriste lui conseille une retraite au calme, à l’abri du tumulte de la ville. Ro trouve alors une vieille demeure, prétendument hantée, dans laquelle elle retrouvera l’inspiration, et bien plus encore…

J’avais si hâte de lire cette bande dessinée quand j’ai vu qu’elle était de Skottie Young et Jorge Corona. J’étais impatiente de retrouver ces deux auteurs après la lecture de la trilogie fantasy Middlewest. Ici, ils reviennent dans un registre différent: la bande dessinée d’atmosphère et d’horreur. 

Ro est une artiste peintre qui a perdu l’inspiration. Après un début de carrière fulgurant, elle est au point mort et cherche à se renouveler. Elle décide de se trouver un lieu différent où vivre un moment afin de renouer avec l’inspiration. En visitant une maison beaucoup trop grande qui a la réputation d’être hantée, Ro a une bonne impression et décide d’y aménager.

Elle travaille toujours en musique avec une bonne bouteille de vin. J’ai aimé ces scènes où elle tente de créer. L’art est délicat et l’inspiration ne se commande pas. Cette période est difficile pour elle car, même dans un lieu différent de son quotidien, l’inspiration ne vient pas. Découragée, elle s’adresse en blague au fantôme de la maison en lui disant qu’il devrait faire quelque chose.

« Tu pourrais au moins remettre de la musique et me servir du vin. Ou alors, genre, m’inspirer un peu. Ce serait la moindre des choses. Un manoir hanté sans fantôme digne de ce nom, c’est vraiment l’arnaque! »

Et il lui répond…

J’ai beaucoup aimé cette lecture qui mélange à la fois une histoire de maison hantée bien différente de ce à quoi on a l’habitude, au thème de la création et ses difficultés. C’est aussi une histoire qui parle d’emprise. J’ai apprécié le contexte artistique de l’histoire. J’aime quand les œuvres mettent en scènes des artistes. On peut interpréter cette histoire singulière de différentes façons, et j’ai bien apprécié Ro et les thèmes abordés.

L’horreur réussi bien aux auteurs et j’espère qu’ils récidiveront. Leur histoire est sombre, noire, mais assurément plus mature et dans un monde plus adulte que Middlewest. C’est intéressant de les voir exploiter d’autres univers. Le dessin colle à la perfection à l’ambiance sinistre de la maison hantée, qui garde constamment ses rideaux fermés…

Une bonne lecture!

Celui que tu aimes dans les ténèbres, Skottie Young, Jorge Corona, éditions Urban Comics, 128 pages, 2022

Widjigo

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. A l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres… 

Widjigo est un roman prenant qui nous amène dans un monde de légendes. L’atmosphère est tout de suite intéressante dès les premières pages et j’ai aimé le contexte historique, assez rare il me semble en littérature de l’imaginaire. 

Nous sommes en 1793. Jean Verdier est un jeune lieutenant sommé de capturer un noble, Justinien de Salers, qui a trouvé refuge dans une vieille tour de pierres. Contre toute attente, le vieil homme accepte de le suivre à une seule condition: que Verdier écoute son histoire. D’abord méfiant, il accepte finalement. Autour d’une tasse de café, le noble lui parle de ce qu’il a vécu quarante ans plus tôt. Son histoire est celle d’un naufrage et de la survie en pleine nature, où l’horreur, la peur, la solitude, le froid et les monstres ne sont jamais loin…

« Ma mort traverse l’océan. Elle vient des glaces et des neiges. Il y a un Ankou, tu sais, là-bas… À Terre-Neuve. Ce sont les pêcheurs de Bretagne qui l’ont amené. Et d’autres créatures encore, qui étaient là bien avant nous. Qui naissent de la faim, et de la solitude… »

L’histoire racontée par Justinien de Salers se déroule en 1753, dix ans avant que la Nouvelle-France ne devienne une colonie britannique. Nous sommes aussi à l’aube de la déportation des Acadiens qui commencera deux ans plus tard, mais dont on perçoit déjà les prémisses dans ce roman. Le contexte historique est en filigrane, mais contribue beaucoup à l’ambiance du livre. J’ai adoré!

« En tous lieux les histoires se mêlent à ce que nous sommes, cette Terre même que nous arpentons, ces océans au travers desquels nous lançons nos courses. Les histoires nous relient à ceux qui nous ont précédés, également, tout au long des siècles. Ceux qui ont vécu bien avant notre ère, mais aussi ceux que nous avons croisés, ceux que nous avons aimés, ou haïs, et qui sont partis avant nous. »

Un mécène regroupe des personnages variés qui n’ont rien en commun. Ils sont mandatés pour une expédition à la recherche d’une autre expédition disparue, qui n’est jamais revenue. Ce roman, autant dans sa forme que dans le fond, est intrigant. On suit les personnages, qui se retrouvent malgré eux rescapés du naufrage de leur bateau, avec d’autres rescapés. C’est alors que le petit groupe tente de s’organiser et de survivre.

« Comment es-tu certain de n’être pas déjà mort? »

Les lieux sont isolés, la température est hostile. La nature est dangereuse. C’est alors que surviennent des événements troublants et on est rapidement happé par l’histoire. Le roman puise dans les légendes, les mythes autochtones et les histoires de marins, pour nous offrir une expédition étonnante et terrifiante.

Une histoire fantastique qui nous amène en Acadie, avec une atmosphère particulièrement inquiétante et efficace. J’ai beaucoup aimé l’époque du roman et la rencontre improbable des personnages. Si j’avais deviné une petite partie de l’intrigue, d’autre révélations se sont avérées plutôt surprenantes et je ne m’y attendais pas. Le livre est assez court, ce qui nous garde plutôt sur le qui-vive.

Une bonne lecture qui a su me surprendre!

Widjigo, Estelle Faye, éditions Albin Michel, 256 pages, 2021

N.

Alors qu’il traverse le Maine en voiture, N. tombe par hasard sur un étrange monument mégalithique dressé au beau milieu d’un champ. Aussitôt, tout autour de lui vacille… Sa santé mentale serait-elle en train de l’abandonner ? Ou aurait-il découvert un portal séparant la réalité d’un univers parallèle ?

N. est la plus récente parution de Stephen King dans la collection jeunesse Wiz. Il s’agit d’une longue nouvelle parue précédemment dans le recueil Juste après le crépuscule. À chaque fois, je suis toujours impatiente de découvrir un nouveau titre, puisque j’adore ces parutions de nouvelles en format individuelle. La collection est très belle.

L’histoire s’ouvre sur une étrange lettre d’une femme à un ami d’enfance. Elle se termine également sur une lettre. Entre les deux, nous découvrons l’étrange histoire de N. telle qu’il l’a racontée à son psychiatre. Ce dernier a d’ailleurs pris soin de prendre des notes tellement ce qu’il a entendu était troublant.

« Ce truc qui ne tourne pas rond chez moi pourrait être très dangereux. Pour moi. Et peut-être pour d’autres. »

N. se présente en consultation car il est épuisé. Il est arrivé à un point de non retour. Sa santé mentale ne va pas bien et il souffre de nombreux troubles obsessionnels-compulsifs. Comptable de métier, la photographie lui sert de passe-temps et d’échappatoire. Il se promène donc parfois dans la nature à la recherche de lieux inspirants. C’est en découvrant un champ magnifique qui l’incite à s’arrêter pour prendre des photos, qu’il tombe sur une très étrange formation de pierres…

Cette histoire est à la fois intrigante et troublante. Elle aborde des thèmes difficiles, liés à la santé mentale: les tics, les hallucinations, la dépression, le suicide, la médication. Toutefois, il s’agit d’une histoire fantastique et très étrange, comme King en a l’habitude. Le récit inclut des lettres, des notes et des articles de journaux.

« C’est la manière dont nous voyons le monde qui tient en respect les ténèbres. »

C’est une longue nouvelle que j’ai trouvé intéressante. L’histoire fait peur, tant ce qui s’y déroule pousse les gens à perdre le contrôle d’eux-mêmes. Elle met en scène des forces sorties tout droit des ténèbres. C’est une lecture que j’ai aimé, qui est suffisamment intrigante (mais triste aussi) pour nous pousser à la lire d’une traite.

N., Stephen King, éditions Albin Michel, 144 pages, 2022