Curieuses histoires de plantes du Canada, tome 2: 1670-1760

Un botaniste itinérant décrit une plante canadienne devenue nuisible à l’échelle mondiale ; une plante grimpante nommée Canada envahit l’Europe ; un poète chirurgien savoure une limonade d’eau d’érable ; des cucurbitacées sauvages canadiennes cultivées en Bavière ; de l’usage et des prix de drogues canadiennes… Des médecins du roi, des chirurgiens, des apothicaires, des agronomes, des botanistes, des militaires, des administrateurs, des entrepreneurs, des missionnaires et des religieuses se familiarisent avec les plantes nord-américaines et leurs usages, souvent médicinaux, inspirés de pratiques amérindiennes. En continuité avec le premier tome, les auteurs couvrent la période du Régime français à travers 29 histoires vulgarisées qui mettent à l’avant-scène savants et autres personnages œuvrant en Nouvelle-France et dans divers pays d’Europe. Une histoire innovatrice et fascinante.

Cet ouvrage fait partie de la très belle collection Curieuses histoires de plantes qui comprend quatre tomes dont un cinquième sortira prochainement. J’avais apprécié le premier tome, dans lequel j’avais appris de nombreuses choses. J’aime beaucoup cette série que je laisse à portée de main sur la table et dans laquelle je me plonge pour un ou deux chapitres de temps en temps. C’est donc une lecture que je fais sur plusieurs mois. Je trouve que le genre d’ouvrage s’y prête bien puisqu’il est une mine d’informations sur les plantes, la culture, la vision de l’Europe sur nos plantes à nous lors de la colonisation, les herbiers, les plantes médicinales, les connaissances autochtones, etc. C’est passionnant, mais très dense, c’est pourquoi je préfère une lecture sur le long terme.

Les livres sont visuellement très beaux, avec des reproductions en couleurs de dessins botaniques d’époque et de nombreux encadrés anecdotiques. On apprend une foule de choses aussi utiles et intéressantes que curieuses. L’ouvrage est agréable à feuilleter aussi par son format: assez grand et plutôt carré. Ce second tome regroupe 29 histoires relatant des découvertes ou expliquant des usages des plantes du Canada de 1670 à 1760.

Saviez-vous par exemple que la sève d’érable était surtout utilisée en médecine à l’époque? Que le plus vieux livre de botanique médicinale écrit en Amérique l’a été au Mexique en 1552? Que le mot « lauréat » a un rapport direct avec les plantes? Qu’en 1726 on identifiait les cabarets qui vendaient de l’alcool avec des branches de pins et d’épinettes? Qu’on croyait que les gens pouvaient être affectés par l’herbe à puce juste en la regardant? Qu’en moyenne, les plantes possèdent 25 000 gènes contrairement à 22 000 pour l’humain?

C’est fou comme les plantes et leur histoire ont des choses fascinantes à nous apprendre. De mon côté, je poursuis la découverte des plantes avec le troisième tome que je vais débuter bientôt. 

Je vous laisse sur une citation de John Evelyn, qui me parle naturellement beaucoup et que je trouve appropriée: « Mieux vaut être sans or que sans arbres ».

Curieuses histoires de plantes du Canada, tome 2: 1670-1760, Alain Asselin, Jacques Cayouette et Jacques Mathieu, éditions du Septentrion, 328 pages, 2015

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Apprendre sur le tas

 » Le rapport que l’humanité entretient avec les excréments est bien singulier. Mélangez la honte, le dédain et la fascination et vous obtenez les états d’âme qui habitent un individu moyen devant ces reliquats de notre digestion. Il existe même une forme d’humour dit « pipi-caca » qui les glorifie. Ce sont des performances où chaque évocation scatologique trouve un public pour se dilater la rate et, incidemment, accélérer son transit, car le rire est aussi très bon pour la motilité intestinale. Je voulais prendre le taureau par les cornes et aborder le sujet plus en profondeur dans ce petit bouquin qui mélange humour et connaissances. Lorsqu’on s’intéresse aux excréments avec un œil de biologiste, on découvre un univers fascinant. Ils sont utilisés dans le monde animal pour marquer un territoire, tromper les prédateurs, piéger des proies, se rafraîchir, signer des alliances, imposer sa suprématie, signaler sa disponibilité sexuelle, etc. Entre l’humour et l’information, ce livre vous dilatera la rate et vous stimulera l’esprit. C’est le bouquin idéal pour les jeunes et les moins jeunes qui veulent apprendre sur le bol et être bollés sur un sujet qui est loin d’être banal. » – Boucar Diouf

Voilà un livre étonnant que je voulais lire depuis un moment. Le sujet peut paraître rebutant – les excréments – mais pourtant c’est un ouvrage à la fois passionnant et instructif, mais aussi très amusant.

« Une crotte bien placée vaut mille infos. Statut social, lien de parenté, cohésion du groupe, maturité sexuelle, accès aux femelles: la crotte informe le groupe, les intrus, les autres espèces et, parfois, dégage une odeur apaisante et sécurisante pour les congénères, assurant ainsi une cohésion sociale ou hiérarchique. Évidemment, on parle du règne animal. Un simple passage dans une toilette publique vous convaincra que ce n’est assurément pas le cas pour l’humain. »

J’aime beaucoup Boucar Diouf, autant comme biologiste que comme humoriste. Il aborde ici les excréments d’un point de vue biologique, mais aussi sociologique, médical et écologique. Il parle de notre rapport aux excréments, qui change selon les époques, les cultures et les pays, ainsi que de son utilisation d’un point de vue technologique, médical et animal. Il a une façon d’expliquer les choses avec humour et de les rendre abordables. Même ici avec un sujet à la fois repoussant et qui fait sourire. Boucar Diouf amène les choses de façon à ce que l’on prenne beaucoup de plaisir à lire sur ce sujet peu banal. Il aborde ce thème à travers les connaissances que nous en avons, des anecdotes personnelles, les recherches scientifiques. On en sort captivé, alors qu’il s’agit d’un sujet vers lequel on ne serait peut-être pas allé d’emblée.

J’ai appris beaucoup de choses intéressantes. On retrouve d’ailleurs un grand nombre d’applications pour les reliquats de nos intestins et ceux des animaux: combustibles, briques, cosmétiques, isolants, rituels religieux et même dans le café du matin (du moins si on a les moyens de s’offrir cette variété fort couteuse!) On connaît bien sûr l’application dans le domaine du jardinage, mais on découvre aussi une foule de choses sur la façon dont les excréments sont utilisés, autant par les humains que par les animaux, qui s’en servent aussi de bien des façons. Le livre amène également des idées amusantes sur l’utilisation des bouses qui ne s’avèrent finalement pas si folles que ça!

En lisant cet ouvrage, on réalise que notre culture dédaigne tout ce qui est relatifs aux excréments. Cette vision est en fait très différente selon les peuples et selon les utilisations qui en sont faites. Déchet pour les uns, mine d’or pour les autres!

« En Inde, dans les régions rurales, la bouse est utilisée depuis des générations comme isolant. Elle garde les habitations plus fraîches l’été et plus chaudes durant la saison froide. Autre avantage méconnu: la bouse peut faire office de combustible. C’est du moins le cas dans mon Sénégal natal. Ma mère utilisait la bouse de vache, appelée oumbel, pour nous faire à manger pendant la saison sèche. Et à la manière des scouts qui cherchent du bois mort dans la forêt pour le feu de camp, je parcourais la savane avec mon frère, chacun armé d’un sac à la recherche de bouses à ramener à la case. »

Un ouvrage qui fait sourire et qui nous apprend plein de choses. Le livre est joliment illustré par Philippe Béha. J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir cet ouvrage. C’était amusant et très instructif. Autant l’auteur parle d’un sujet plutôt tabou dans nos sociétés, autant on réalise que les excréments sont essentiels à la vie. Un livre qui permet de voir tout cela d’un œil bien différent!

Apprendre sur le tas. La biologie des bouses et autres résidus de digestion, Boucar Diouf, éditions La Presse, 144 pages, 2018

La cité oblique

Au début des années 1930, Québec est l’hôte d’un visiteur taciturne et discret, dont la vision a marqué au fer rouge la littérature fantastique : Howard Phillips Lovecraft. Celui qui a donné naissance au mythe de Cthulhu, peuplé de créatures antédiluviennes, a rédigé lors de ses trois séjours dans la «cité aux énigmes murées » une histoire de la Nouvelle-France qui sera publiée à titre posthume en 1976 dans l’ouvrage intitulé To Quebec and the Stars. Inspirée de cette entreprise méconnue, La cité oblique propose une relecture hallucinée et magnifiquement illustrée des débuts de la colonisation jusqu’à la Conquête. Oubliez l’histoire officielle, voici celle que l’on vous a cachée, narrée par un de Ceux-qui-savent.

J’attendais ce livre avec tellement d’impatience, depuis les premiers dessins partagés sur Instagram par l’illustrateur Christian Quesnel. J’aime beaucoup l’univers de Lovecraft, à la fois fascinant et inquiétant. Avec Ariane Gélinas, Quesnel nous offre une plongée fabuleuse dans l’histoire et dans le monde de Lovecraft, en un savant mélange totalement réussi.

La cité oblique s’inspire des voyages de H.P. Lovecraft à Québec. Le maître du fantastique y est venu à trois reprises, ce que la plupart des gens ignorent. Il y a même rédigé une histoire de la Nouvelle-France (publiée de façon posthume en 1976) et un guide du marcheur. C’est en s’inspirant de ce fait assez peu connu que les auteurs nous offrent une réécriture de notre histoire, peuplée de mythes et de créatures sorties de l’univers de Lovecraft.

« La monarque immortelle et absolue ne permettra pas que je révèle ici l’histoire secrète des territoires érigés entre fleuve en marche et montagnes hallucinées. Car je suis de Ceux-qui-savent. Le temps me manque, Elkanah et les siens m’épient depuis longtemps et leur patience s’use. J’entame mon troisième voyage dans la cité aux mille remparts. Ce sera mon dernier. »

Le livre en tant qu’objet est magnifique. Le papier est de qualité, les pages sont entièrement en couleurs avec le style si particulier et si parlant de Quesnel. Les textes sont à la fois merveilleux et inquiétants. Ce duo auteure/illustrateur fonctionne à merveille. Le travail qu’ils nous présentent est impressionnant. L’idée de mélanger l’histoire et la culture de l’imaginaire avec un personnage comme Lovecraft qui a révolutionné le genre, est brillant. On plonge dans cet ouvrage en se demandant bien dans quel univers sombre les auteurs vont nous transporter. Assurément dans un monde où les ténèbres ne sont jamais bien loin…

J’ai eu un plaisir fou à lire cette histoire. Déjà, je suis une très grande fan du travail artistique de Christian Quesnel. Sa façon d’illustrer me plaît et me touche. Ici, on est dans un monde effrayant magnifiquement bien rendu. Le texte est fascinant. On se laisse porter dans cette réécriture de l’histoire, onirique et inquiétante, totalement prenante. Les pages sont un vrai plaisir pour les sens, surtout si on apprécie ce genre d’atmosphère. C’est totalement mon cas. J’aime Lovecraft, j’ai adoré ce que les auteurs ici ont fait de son monde, en le couplant avec l’histoire de Québec. On se laisse porter par l’ambiance hallucinée et fantastique de cette histoire.

Gros coup de cœur pour ce magnifique livre. Vous aimez l’histoire, Lovecraft ou les ouvrages d’atmosphère? Ce titre est assurément pour vous! Une très belle découverte!

La cité oblique, Christian Quesnel, Ariane Gélinas, éditions Alto, 168 pages, 2022

 

Vivre sans argent: les premiers pas vers l’autosuffisance

Vivre sans argent ? C’est possible ! Si vous avez le sentiment de passer votre vie à travailler pour gagner un salaire que vos factures et vos dépenses mensuelles font fondre comme neige au soleil, alors vous n’êtes pas les seuls ! C’est ce que ressentait Björn Duval qui voyait, année après année, son niveau de vie diminuer tandis que son salaire restait le même. En 2010, Björn décide de changer de mode de vie et d’apprendre à se passer d’argent pour assurer ses besoins vitaux.

J’ai toujours beaucoup d’intérêt pour les ouvrages sur l’autosuffisance et l’autarcie, qu’ils soient conçus sous forme de guide ou de récit biographique. Je trouve intéressant de voir le parcours de gens qui ont décidé de vivre autrement et de faire différemment de la société en général. À plus petite échelle et à notre façon (nous n’avons pas encore d’élevage et on mise beaucoup sur le jardinage) c’est un peu ce que l’on tente de faire aussi, chez nous. Choisir un autre mode de vie. Quand on a connu l’éternel adage métro-boulot-dodo et que ça ne nous correspond pas, on cherche forcément de nouvelles façons de vivre. 

« La permaculture vise à construire des systèmes de production alimentaire centrés autour de points d’activités où l’on passe du temps régulièrement, comme cette table sur laquelle une partie du présent ouvrage a été écrite. »

Dans cet ouvrage, l’auteur qui est le fondateur d’une chaîne Youtube consacrée à l’autosuffisance, nous parle de son expérience en la matière et de ses premiers pas dans le domaine de l’autosuffisance. Avant de lire cet ouvrage, je ne connaissais pas l’auteur ni sa chaîne. Par contre, être plus autonome et autosuffisant est quelque chose qui nous parle beaucoup à la maison. Ce sont des compétences que l’on tente de développer le plus possible. J’étais donc très curieuse de découvrir cet ouvrage.

C’est principalement la philosophie derrière ce livre qui m’a plu. Vivre sans argent et en autonomie, ça ne veut pas dire de laisser tomber son emploi et de vivre en pleine forêt sans rien du tout. C’est même assez difficile de mettre ça en pratique du jour au lendemain, dans la société où nous vivons. En fait, l’idée ici est d’acquérir différents niveaux d’autonomie, pour dépenser moins. Et ça, c’est vraiment intéressant. C’est un mode de pensée qui trouve écho chez nous.

« La première chose que vous avez à faire pour vous lancer, c’est commencer à apprendre tout ce que vous ignorez. »

L’auteur dans son livre aborde une foule d’aspects allant du choix du terrain et du bâtiment, jusqu’à l’autonomie en eau et en électricité, en passant par la culture, l’élevage et la plantation d’arbres. Il y a aussi des trucs pratiques de toutes sortes, pour la vie quotidienne. L’auteur partage son expérience personnelle et sa philosophie de vie, que je trouve intéressante. Devenir autonome est aussi une belle façon d’être moins dépendant des autres et des événements. 

Ce qu’il faut savoir avec ce livre c’est qu’il s’agit d’un ouvrage européen. Donc certaines choses ne correspondent pas vraiment à notre réalité. Comme par exemple, les moyens de chauffage qui sont différents de ce que l’on connaît ici ou alors le zonage des terrains. Il y a aussi des choses moins adaptables chez nous, à cause du climat. Ça reste un gros défi de se loger dans une tente à l’année ou de cultiver la terre (à moins d’avoir une serre chauffée et isolée, donc forcément coûteuse) avec les températures de -30°c que nous connaissons chez nous en hiver. On peut donc adapter à notre façon et à notre région, les idées de cet ouvrage.

N’empêche que ce livre m’a plu, pour son approche assez simple de la vie en autosuffisance et pour le mode de pensée de son auteur. C’est inspirant! Ça nous donne envie d’expérimenter de nouvelles choses et de réfléchir à notre mode de vie et à ce que l’on peut, et l’on veut, améliorer pour être plus autonome et autosuffisant. 

Vivre sans argent: les premiers pas vers l’autosuffisance, Björn Duval, éditions Albin Michel, 240 pages, 2022

Vacances

Bonjour à tous!

Un petit mot pour vous dire qu’il y aura un ralentissement des publications cette semaine et la semaine prochaine. Nous sommes en vacances. Les lectures vont toutefois bon train et nous aurons plein de beaux livres à vous présenter à notre retour! À bientôt!

Guy & Genevieve