Créatures t.3 – Dans les entrailles de Yog

Leur survie dans un monde post-apocalyptique était déjà compliquée… Mais voici que Vanille, Minus et les autres enfants s’enfoncent un peu plus dans le cauchemar… Alors que Vanille, inconsciente, est la victime désignée des terribles « Têtes de pieuvre » de la divinité Yog-Sothoth, deux étranges créatures accourent soudain à son aide. Minus, lui, toujours séparé du groupe, se débat dans un rêve étrange, emprisonné avec d’autres enfants aux pouvoirs hors-normes. Les deux héros, tout comme Chief, La Crado, Testo, La Taupe et les autres jeunes survivants d’un monde apocalyptique soumis au règne d’une brume qui pourrait les changer en « baveux » – des zombies sans âme – vont-ils enfin comprendre comment sortir de ce cauchemar ?

Créatures est une série que j’aime beaucoup, avec des clins d’œil et des références à Lovecraft ainsi qu’à d’autres univers du même genre. On pense aussi un peu à Stranger Things par exemple, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’ai aimé les deux premiers tomes et celui-ci m’a beaucoup plu, peut-être même encore plus. L’univers commence à prendre forme et à nous offrir un peu d’action, dans cet univers post-apocalyptique où tout est une question de survie (et de monstres).

« Je vous ai réunis ici pour qu’on trouve ensemble un plan de sortie en utilisant la méthode infaillible dite de la « Tempête de cervelles ». « 

Pendant que Minus est emprisonné avec d’autres enfants ayant des pouvoirs particuliers, les autres enfants du groupe, accompagnés de grand-père (qui ne se « rappelle » pas de ses petits-enfants) tentent de survivre dans un monde post-apocalyptique dévasté par des créatures terrifiantes. Ils doivent aussi prendre garde à la brume qui pourrait les transformer en « baveux » des sortes de zombies. Dans ce troisième tome, le groupe va devoir tenter de se protéger les uns les autres, de survivre et de trouver un moyen de « passer de l’autre côté ». Mais pour ça, ils devront plonger en plein cauchemar!

« J’ai mal partout!
-C’est bon signe. C’est quand t’as mal nulle part qu’il faut s’inquiéter. »

J’étais contente de retrouver le petit groupe dans cette nouvelle histoire et de suivre leurs péripéties, qui ne sont pas de tout repos! Je me suis prise au jeu, comme avec les autres tomes, et j’ai très hâte de découvrir la suite. Le scénario est efficace et plein d’aventures dangereuses. On aime ça!

Vivement le quatrième tome!

Créatures t.3 – Dans les entrailles de Yog, Betbeder & Djief, éditions Dupuis, 72 pages, 2022

Peur sur le lac

Ollie, Brian et Coco ont une nouvelle fois échappé de justesse à l’impensable sur le Mont Hemlock. Ils vivent désormais dans la peur de voir réapparaître un ennemi surnaturel. Or cette crainte fragilise leur amitié. Alors quand leurs parents proposent une virée en bateau sur le lac Champlain, ils restent sur leurs gardes… À juste titre ! Car un monstre surgi des abysses les envoie s’échouer sur la plage la plus proche : celle d’une île coupée du monde par un inquiétant et persistant brouillard…
Piégés, Ollie, Coco et Brian sauront-ils vaincre leur terreur et unir leurs forces pour survivre ?

J’aime beaucoup le travail de Katherine Arden. Je garde un grand plaisir de lecture de sa Trilogie d’une nuit d’hiver et j’aime beaucoup sa série jeunesse. Chaque tome se déroule dans des lieux et des saisons différentes. Ici il s’agit du troisième tome de sa série d’horreur pour les jeunes. Après l’Halloween et l’hiver, l’intrigue se déroule cette fois sur un bateau. 

On retrouve naturellement notre attachant trio habituel: Ollie, Brian et Coco. Après les événements vécus dans les derniers livres, les jeunes sont constamment sur le qui-vive et inquiets à tout moment de ce qui pourrait survenir dans leur vie. Ils savent bien que rien n’est vraiment terminé avec L’homme qui sourit…

Quand la mère de Coco propose à tout le monde une excursion sur le lac Champlain à la découverte du monstre légendaire, les jeunes sont enthousiastes. Enfin quelque chose pour leur changer les idées. Et il ne peut rien leur arriver sur un bateau, n’est-ce pas? Ils y retrouvent avec surprise Phil, neveu du capitaine, avec qui ils vont à l’école. Ils réalisent alors qu’il n’y a peut-être pas qu’eux qui ont gardé des souvenirs de ce qui s’est passé à Smoke Hollow (dans le 1er livre).

« Mais Brian avait visité suffisamment d’endroits étranges, de petits mondes hantés, pour savoir qu’il n’y avait jamais de miracle, jamais d’issue facile. »

Naufrages, île déserte, fantômes, monstres, ce roman réunit tous les ingrédients d’une bonne balade terrifiante en bateau. Comme dans les autres tomes, c’est efficace et c’est le genre de série que j’aurais adoré enfant. J’ai toujours autant de plaisir à découvrir les histoires de Katherine Arden.

J’ai passé un très bon moment avec ce livre et j’ai hâte à la dernière aventure qui devrait paraître à l’automne.

Peur sur le lac, Katherine Arden, éditions Pocket jeunesse, 216 pages, 2022

Le Cauchemar d’Innsmouth t.2

Innsmouth est une ville bien étrange. Jadis prospère, elle paraît désormais à l’abandon, et les rares habitants semblent tous victimes d’une même affection qui déforme membres et visage… Robert Olmstead, voyageur de passage, cherche à en savoir plus. Le vieux Zadok Allen lui conte alors une sinistre histoire…. Quelques générations plus tôt, le capitaine Obed March aurait livré la cité aux griffes d’innommables créatures marines pour construire sa fortune ! Ébranlé, Robert n’a plus qu’une idée en tête : quitter ce terrible endroit. Mais sa curiosité pourrait encore lui coûter cher….

Après avoir lu le premier tome, je voulais assurément savoir la suite. C’est le genre de manga où il vous faut absolument les deux tomes sous la main, sinon l’histoire perd un peu de son sens. Le premier se termine abruptement et celui-ci reprend là où l’on avait laissé le personnage principal.

Après être arrivé à Innsmouth, Robert attend le prochain bus qui devrait l’amener à Arkham pour ses recherches généalogiques. Il a rencontré les étranges habitants et vu des choses auxquelles il ne s’attendait pas. De plus en plus inquiet, il doit vraiment quitter cette ville. Mais on lui dit que le bus est tombé en panne et qu’il doit rester pour la nuit. Le seul hôtel de la place est en décrépitude et Robert s’y sent de plus en plus confus. Quand il entend des pas dans le couloir et qu’on tente de défoncer sa porte de chambre, il sait qu’il doit partir et s’enfuir à tout prix. Il n’a absolument aucune idée de ce qui l’attend et des découvertes qu’il fera alors sur sa propre famille…

Efficace et terrifiant! C’est de cette façon que je qualifierais ce second manga. Le cauchemar d’Innsmouth porte bien son titre. Cette ville donne le frisson. C’est inquiétant, effrayant et c’est vraiment une adaptation terrifiante. Le travail est réussi. Le magnifique dessin de Gou Tanabe rend très bien cette atmosphère étouffante de chasse à l’homme. Si le premier tome met en place les lieux et les événements à venir, c’est dans le second que tout se passe. C’est le souffle court qu’on referme ce livre.

Un excellent moment de lecture avec cette histoire terrifiante, portée par des dessins époustouflants, réalistes et… terrifiants! Si comme moi vous aimez le genre, cette histoire en deux tomes est pour vous!

Il est intéressant, quoique plutôt triste, de savoir que Le cauchemar d’Innsmouth est le seul livre de H. P. Lovecraft à avoir été publié de son vivant. Il n’a jamais connu la reconnaissance associée à son nom aujourd’hui, lui qui aura finalement inspiré nombre d’auteurs et de créateurs.

Le Cauchemar d’Innsmouth t.2, Gou Tanabe, éditions Ki-oon, 240 pages, 2022

Le Cauchemar d’Innsmouth t.1

En 1927, le jeune Robert Olmstead débarque à Newburyport. En quête de ses origines, il n’a d’autre option, pour atteindre sa destination, que de prendre un bus qui passe par Innsmouth, ville voisine sur laquelle courent d’effroyables rumeurs : pacte avec les démons, habitants difformes, culte ésotérique d’un étrange dieu marin… La peur qu’elle inspire est telle que personne n’ose s’y rendre, et nul ne sait ce qui se cache derrière les façades de ses maisons délabrées… Pourtant, les mises en garde des résidents de Newburyport, loin de décourager Robert, le poussent au contraire à s’intéresser à ce lieu pestiféré : il décide d’explorer les méandres de la cité maudite ! C’est le début d’une descente aux enfers qui le mènera aux portes de la folie…

J’avais hâte de me plonger dans ce manga, le dernier paru de Gou Tanabe qui nous offre des adaptations toujours très réussies des chefs-d’œuvre de H. P. Lovecraft. Le cauchemar d’Innsmouth ne fait pas exception. Il est intéressant de savoir que c’est d’ailleurs la seule histoire de Lovecraft à avoir été publiée de son vivant. 

Nous sommes au Massachusetts, en 1927. Robert célèbre sa majorité en voyageant en Nouvelle-Angleterre en quête d’antiquités et de généalogie. Il cherche à se rendre à Arkham, mais le coût est exorbitant. On lui propose alors de prendre un bus qui passe par Innsmouth. À cause de cela, personne ne monte dedans. Mais Robert tient à faire ce trajet et il ignore les mises en garde sur cet endroit. Il en est même de plus en plus curieux. Ce qu’il ne sait pas, c’est que c’est dans une ville portuaire en perdition, effrayante et glauque qu’il va se retrouver…

« Les rumeurs à propos de la lugubre Innsmouth circulaient depuis plus d’un siècle, et rien de nouveau n’aurait pu être aussi délirant ni hideux que ce qui s’était murmuré au cours des années passées. »

Chaque fois que je découvre un nouveau manga de cette collection, adapté des œuvres de Lovecraft, je suis sous le charme. Gou Tanabe a définitivement trouvé le genre qui lui convient. Les mangas sont prenants, on a l’impression de plonger totalement dans l’histoire glauque et effrayante imaginée par Lovecraft. Le manga est un bel objet, le dessin est d’un réalisme inquiétant et l’atmosphère étrange et étouffante se distille doucement au fil des pages.

Ce premier tome met en place l’ambiance et le personnage de Robert. Il est jeune, il n’a pas vraiment peur de ce qui effraie tout le monde et il veut rejoindre Arkham. Les légendes entourant Innsmouth l’intéressent et il est curieux plutôt qu’apeuré. Mais cette ville est assurément très bizarre et la rencontre que fait Robert va changer les choses…

« Au milieu du silence qui régnait… Je me sentis soudain épié par une foule d’yeux sournois… Des yeux fixes qui ne se fermaient jamais. » 

Un excellent manga qui s’achève abruptement. Vaut mieux avoir le tome 2 sous la main!

Le Cauchemar d’Innsmouth t.1, Gou Tanabe, Éditions Ki-oon, 222 pages, 2021

L’Appel de Cthulhu

Quand Francis Thurston hérite des possessions de son grand-oncle archéologue, il se retrouve lié à la tragique destinée du vieil homme… D’après ses papiers, le défunt scientifique enquêtait sur une religion étrange : le culte de Cthulhu. Une mystérieuse gravure représentant son dieu dépeint un monstre cauchemardesque ! Selon le journal laissé par le professeur, cette tablette est l’œuvre d’un artiste qui l’a créée en pleine nuit, alors qu’il était assailli de visions d’une cité fantastique habitée par une créature gigantesque. Or, ce phénomène a eu lieu le lendemain d’un séisme d’une intensité inégalée, qui a affecté des hommes dans plusieurs contrées… Qu’est-ce qui a bien pu perturber ainsi l’équilibre du monde ? Intrigué par ces écrits, Francis reprend le flambeau et se lance sur la piste du culte, au cœur des ténèbres…

Je poursuis ma découverte des superbes mangas de Gou Tanabe, d’après les chefs-d’œuvre de Lovecraft. Ici, c’est un classique que nous découvrons, revisité par le dessin époustouflant du mangaka. L’appel de Cthulhu est l’un des textes fondateurs de Lovecraft. C’est ce qui est à la base du mythe de Cthulhu et qui a fait une différence en littérature de l’imaginaire, puisque ce texte a inspiré un grand nombre d’écrivains par la suite. C’est aussi la pierre angulaire de l’œuvre de Lovecraft. 

Nous sommes en 1926, à Providence au Rhode Island. Le grand oncle archéologue de Francis Thurston est décédé et Francis hérite de ses possessions. Il s’apprête à faire un tri dans ses papiers quand il découvre une histoire sur laquelle son oncle enquêtait: le culte de Cthulhu. Il découvre aussi une étrange gravure représentant un monstre, créé en pleine nuit inconsciemment par un artiste assailli de terrifiantes visions. Francis décide donc d’en savoir plus tant cette histoire lui semble étrange. Plus il creuse, plus il découvre des choses bouleversantes et incroyables. Le pas entre la lumière et les ténèbres devient alors bien mince…

« Quand les grands anciens sont venus des étoiles pour habiter notre monde… Ils ont apporté leurs idoles avec eux! Depuis des temps immémoriaux… ils s’immiscent dans nos rêves et nous transmettent des visions! »

Chaque fois que je plonge dans un nouveau manga de Gou Tanabe adapté des histoires de Lovecraft, je suis subjuguée par la qualité du travail d’adaptation. Le dessin est parfait, minutieux et nous plonge merveilleusement bien dans l’univers sombre et inquiétant de Lovecraft. C’est un manga d’atmosphère fantastique qui nous offre une fascinante plongée en images dans l’œuvre du grand auteur américain. 

Je dois aussi parler de la qualité du livre en lui-même. Mon ouvrage provient d’un coffret de deux titres, mais il se vend aussi séparément. Le livre bénéficie d’un travail très soigné de l’éditeur. Ce que j’aime ces couvertures de qualité et les coffrets regroupant les histoires! C’est un bonheur chaque fois de découvrir un nouveau titre dans cette collection. Je les attends avec une grande impatience à chaque fois. 

L’appel de Cthulhu est une histoire terrifiante et fascinante, qui nous aide à comprendre le mythe derrière toute l’œuvre de Lovecraft. Elle a été publiée pour la première fois en 1928. C’est sans doute le texte par excellence pour nous permettre de mieux appréhender ses autres livres. Il jette un éclairage sur le reste de son œuvre. Un incontournable pour quiconque s’intéresse à la littérature de l’imaginaire et aux textes importants qui l’ont façonnée.

Un vrai plaisir de lecture (avec quelques frissons naturellement!)

L’Appel de Cthulhu, Gou Tanabe, éditions Ki-oon, 294 pages, 2020

Widjigo

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. A l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres… 

Widjigo est un roman prenant qui nous amène dans un monde de légendes. L’atmosphère est tout de suite intéressante dès les premières pages et j’ai aimé le contexte historique, assez rare il me semble en littérature de l’imaginaire. 

Nous sommes en 1793. Jean Verdier est un jeune lieutenant sommé de capturer un noble, Justinien de Salers, qui a trouvé refuge dans une vieille tour de pierres. Contre toute attente, le vieil homme accepte de le suivre à une seule condition: que Verdier écoute son histoire. D’abord méfiant, il accepte finalement. Autour d’une tasse de café, le noble lui parle de ce qu’il a vécu quarante ans plus tôt. Son histoire est celle d’un naufrage et de la survie en pleine nature, où l’horreur, la peur, la solitude, le froid et les monstres ne sont jamais loin…

« Ma mort traverse l’océan. Elle vient des glaces et des neiges. Il y a un Ankou, tu sais, là-bas… À Terre-Neuve. Ce sont les pêcheurs de Bretagne qui l’ont amené. Et d’autres créatures encore, qui étaient là bien avant nous. Qui naissent de la faim, et de la solitude… »

L’histoire racontée par Justinien de Salers se déroule en 1753, dix ans avant que la Nouvelle-France ne devienne une colonie britannique. Nous sommes aussi à l’aube de la déportation des Acadiens qui commencera deux ans plus tard, mais dont on perçoit déjà les prémisses dans ce roman. Le contexte historique est en filigrane, mais contribue beaucoup à l’ambiance du livre. J’ai adoré!

« En tous lieux les histoires se mêlent à ce que nous sommes, cette Terre même que nous arpentons, ces océans au travers desquels nous lançons nos courses. Les histoires nous relient à ceux qui nous ont précédés, également, tout au long des siècles. Ceux qui ont vécu bien avant notre ère, mais aussi ceux que nous avons croisés, ceux que nous avons aimés, ou haïs, et qui sont partis avant nous. »

Un mécène regroupe des personnages variés qui n’ont rien en commun. Ils sont mandatés pour une expédition à la recherche d’une autre expédition disparue, qui n’est jamais revenue. Ce roman, autant dans sa forme que dans le fond, est intrigant. On suit les personnages, qui se retrouvent malgré eux rescapés du naufrage de leur bateau, avec d’autres rescapés. C’est alors que le petit groupe tente de s’organiser et de survivre.

« Comment es-tu certain de n’être pas déjà mort? »

Les lieux sont isolés, la température est hostile. La nature est dangereuse. C’est alors que surviennent des événements troublants et on est rapidement happé par l’histoire. Le roman puise dans les légendes, les mythes autochtones et les histoires de marins, pour nous offrir une expédition étonnante et terrifiante.

Une histoire fantastique qui nous amène en Acadie, avec une atmosphère particulièrement inquiétante et efficace. J’ai beaucoup aimé l’époque du roman et la rencontre improbable des personnages. Si j’avais deviné une petite partie de l’intrigue, d’autre révélations se sont avérées plutôt surprenantes et je ne m’y attendais pas. Le livre est assez court, ce qui nous garde plutôt sur le qui-vive.

Une bonne lecture qui a su me surprendre!

Widjigo, Estelle Faye, éditions Albin Michel, 256 pages, 2021