Mortina t.1: une histoire qui te fera mourir de rire

Mortina est une petite fille tout ce qu’il y a de plus convenable, mis à part le fait que c’est un zombie. Elle vit à la villa Décadente avec sa tante Trépassée et son lévrier albinos également mort-vivant, Touillette. Les amusements se font rares. Il faut dire qu’on ne peut pas tellement quitter la maison, à cause des villageois étriqués, prompts à sortir les fourches à leur approche… Jusqu’au jour d’Halloween, où profitant de la distraction de sa tante, Mortina rejoint une bande d’enfants pour faire du porte-à-porte. Chacun est déguisé et elle se fond dans le décor. Bientôt pourtant, Mortina n’aura plus qu’une solution pour garder son secret : le révéler !

Voilà un album au format original, plus petit que la plupart des albums jeunesse et ayant presque le format d’un roman. J’ai vraiment apprécié cette lecture très « halloweenesque ». 

Mortina est une fillette un peu différente des autres, qui vit avec sa tante dans une maison organisée pour donner l’impression d’être abandonnée. C’est que Mortina est une zombie et qu’on ne doit pas savoir qu’elle existe. Vaut mieux vivre à l’écart et rester discrète. 

Le rêve le plus cher de Mortina est de se faire des amis et de voir d’autres enfants. Naturellement, quand on peut détacher son bras ou sa tête de son corps comme bon nous semble, c’est beaucoup plus difficile de sociabiliser normalement avec les humains. Ça complique énormément les choses. Ses tentatives sont de véritables échecs. Mortina n’a décidément pas vraiment l’air d’une petite fille humaine. 

Quand Mortina entend parler de la fête de l’Halloween, elle trouve que c’est l’occasion parfaite de se fondre dans la masse et d’approcher enfin d’autres enfants. Elle pourra enfin être elle-même. Naturellement, les choses ne se déroulent pas tout à fait comme elle s’y attendait!

J’ai adoré les illustrations de ce livre, à la fois vivantes, différentes, drôles et pleines de découvertes. Les pièces de la maison où évolue Mortina regorgent de toutes sortes d’objets et de l’histoire de sa famille, dont le grand-oncle Funeste et la tante Trépassée. Des flèches et des notes nous indiquent qui sont les gens sur les portraits et amènent notre attention sur des objets importants pour Mortina. 

L’histoire, même si elle est courte et peut être lue dès 6 ans, est belle et amusante. Elle met en avant, par l’entremise d’une histoire fantastique, la différence et ce que ça peut apporter à chacun. C’est aussi une belle façon d’initier les plus jeunes au monde fantastique. Mortina est un univers intéressant, qui amène le côté « créatures horrifiques » avec humour et de belle façon. 

Un album très intéressant pour l’Halloween, vraiment agréable à lire. À noter que la série Mortina compte quatre albums à ce jour.

Mortina t.1: une histoire qui te fera mourir de rire, Barbara Cantini, éditions Albin Michel, 48 pages, 2018

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Stranger Things : Zombie Boys

1983. Le printemps s’est installé dans la (presque) paisible ville d’Hawkins. Mike, Lucas, Dustin et Will essayent tant bien que mal de se remettre de leur rencontre traumatisante avec le Démogorgon. Le Monde à l’Envers continue de les hanter et des tensions naissent entre les quatre garçons : leur groupe est au bord de l’éclatement. C’est à ce moment que Joey Kim, un nouvel élève, vient frapper à la porte du club d’audiovisuel, un caméscope à la main et des idées plein la tête. Cet apprenti Spielberg veut en effet réaliser un film de zombies basé sur les dessins de Will, et leur propose de jouer dedans. Ce projet sera sans doute l’opportunité pour les jeunes acteurs de resserrer leurs liens et de surmonter les horreurs qu’ils ont vécues.

Je suis une grande fan de la série Stranger Things. J’ai d’ailleurs présenté plusieurs livres en lien avec la série sur ce blogue. Je suis toujours à l’affût de nouveautés s’inspirant de la série, tant j’adore cet univers. J’avais donc très hâte de découvrir Zombie Boys. Le sujet, en lien avec le cinéma, m’interpelait beaucoup.

Cette bande dessinée se déroule après les événements de la première saison. Will Byers tente de poursuivre sa vie normalement, mais ce qu’il a vécu fait de lui une curiosité aux yeux des autres. Ils l’appellent « le zombie ». Un dessin qu’il a fait le met d’ailleurs en scène dans la peau de ce personnage, comme on le voit aussi à un moment dans une scène de la série.

Les choses ont beaucoup changé entre les garçons. Leur amitié a été émoussée. Malgré cela, ils continuent d’aller au club d’audiovisuel, une passion qu’ils partagent toujours. Ils y font la rencontre d’un nouveau venu, Joey Kim, qui débarque avec sa caméra vidéo et ses t-shirts en hommage aux grands films des années 80. Désireux de monter son propre film, il propose d’adapter à l’écran les dessins de Will et de lui faire jouer son propre rôle.

Cette bd est différente des précédentes, puisqu’elle met en avant l’art – dans ce cas-ci le cinéma – et l’imaginaire des jeunes. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire cette bande dessinée puisque ça m’a rappelé de beaux souvenirs de mes cours de cinéma au secondaire, où l’on partait à l’extérieur avec nos caméras empruntés au « magasin » de l’école, nos storyboards et nos projets.

Comme toujours, les références aux années 80 sont réjouissantes. C’est ce qui fait l’une des grandes forces de la série et, par ricochet, des livres qui s’en inspirent. Dans Stranger Things Zombie Boys, on perçoit la vulnérabilité de Will et de ses amis. Le tournage du film est aussi l’occasion pour eux d’affronter leurs peurs et de comprendre que les choses peuvent forcément finir par aller mieux.

C’est une histoire différente de ce à quoi on a l’habitude. L’arrivée d’un personnage extérieur permet de voir une autre facette de Will, Dustin, Mike et Lucas, ce que je trouve très intéressant. Je l’ai beaucoup aimé! J’ai bien hâte de découvrir la prochaine sortie BD inspirée de cet univers. 

L’éditeur présente cette bande dessinée comme un tome 1 sur son site. Il y aura peut-être donc d’autres bd à suivre, dans le même univers. Sachez toutefois que celle-ci se suffit à elle-même. 

Mes avis sur d’autres bandes dessinées de la série:

Stranger Things : Zombie Boys, Greg Pak, Valeria Favoccia, Dan Jackson, éditions Mana Books, 72 pages, 2020

Payer la terre

Joe Sacco, l’auteur de Gaza 1956 et Gorazde, reprenant ses carnets de reporter-dessinateur, s’est rendu dans les Territoires du Nord-Ouest du Canada, au-dessous de l’Arctique, une région grande comme la France et l’Espagne, mais peuplée de seulement 45 000 personnes.
Allant à la rencontre des Dene, il nous retrace l’histoire de ce pays depuis l’arrivée des premiers colons et dresse un portrait actuel, économique, écologique et terriblement humaniste.

Payer la terre est une bande dessinée sous forme de reportage sur les Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest. Dès les premières pages, c’est la qualité du dessin qui nous frappe. C’est beau sans bon sens! Tout est détaillé avec minutie. On a l’impression de suivre réellement le voyage de Joe Sacco à la rencontre des Dene et de leur mode de vie. Cette expérience de lecture a été extraordinaire. Ce livre est un chef-d’œuvre, rien de moins.

« Pour les anciens, les vies étaient dictées par l’environnement, par les animaux. Ils vivaient en harmonie à leur contact. Les Dene mesuraient l’importance du monde qui les entoure. Ils devaient se lever tôt, pour pouvoir saluer le soleil. Ils enseignaient à traiter la terre avec égard. Avant de creuser des trous, de faire du tapage, ils disaient de prier, et de payer la terre. Donner quelque chose… de l’eau, du tabac ou du thé. Il fallait apporter un cadeau, comme lorsque tu rends visite à quelqu’un. »

Le dessin est époustouflant de détails. Le projet est passionnant: partir à la rencontre des autochtones pour comprendre leur histoire, leur relation à la nature, au gouvernement, au travail et à l’exploitation des différentes ressources de leurs terres. On rencontre une foule de personnes fascinantes et intéressantes. Joe Sacco présente de nombreux entretiens avec des gens de cette région, des jeunes, des anciens, des survivants des pensionnats indiens, des hommes, des femmes, des politiciens, des entrepreneurs, des étudiants, des trappeurs, des gens qui vivent dans la nature et d’autres dans de petits villages ou en ville. C’est instructif, passionnant et nécessaire.

C’est une bande dessinée qui nous amène à la rencontre de l’autre, qui nous permet de mieux le comprendre. L’approche de Joe Sacco à ce sujet est fantastique. Il observe, il apprend, il découvre, il questionne, mais jamais il ne juge. Le regard qu’il pose sur les gens qu’il rencontre est curieux et avide de connaître et de comprendre. On sent dans son travail que ce projet lui tient à cœur. Il en fait d’ailleurs une œuvre majestueuse et dont la publication est encore plus à propos en lien avec l’actualité.

On apprend toutes sortes de choses à travers les différents entretiens que mène l’auteur avec les autochtones des Territoires du Nord-Ouest. On comprend comment il vivaient à l’époque et la façon dont la passation des savoirs se déroulaient au sein de leur communauté. Les Anciens, leurs connaissances, l’enseignement qui est prodigué aux plus jeunes, la connaissance de la nature qui les entoure sont toutes des choses qui sont très importantes. Le rôle des hommes et des femmes aussi est abordé. 

Puis il y a eu l’arrivée des Blancs et dans leur sillage, la religion, les pensionnats, l’assimilation, l’appropriation des terres, les différents traités, l’exploitation des ressources, le travail, le chômage, la pauvreté, l’alcoolisme, la dépendance et la violence. Il y est question des nombreux traités « signés » à travers le temps et des différentes affaires politiques qui ont ébranlées la région, comme l’affaire Paulette par exemple. On y parle de politique et d’économie, mais aussi de la façon dont les jeunes d’aujourd’hui perçoivent leur héritage et la situation dans les villages. 

Payer la terre est avant tout une histoire d’identité. L’identité d’un peuple, l’identité culturelle et sociale. On y comprend de quelle façon la culture se meurt doucement, pourquoi les langues se sont perdues au fil des générations, de quelle façon le savoir ancestral commence à devenir chose du passé. 

« Sans la terre, on ne peut pas être des Dene. Sans la terre, on n’a pas d’intégrité. Nous serions un peuple faible sans la terre. »

C’est aussi une œuvre qui s’intéresse aux conséquences de l’exploitation des ressources naturelles sur ce peuple qui vivait de la nature. L’écologie, les désastres liés à l’exploitation et les changements climatiques sont aussi des thèmes étroitement liés à la vie quotidienne et ses conséquences chez les Dene. 

Une bd absolument magnifique et touchante, à lire assurément. C’est une œuvre humaine, qui pousse à la réflexion. L’auteur nous permet de rencontrer des gens et de comprendre leur façon de vivre. Il nous permet aussi de mieux saisir toute la portée de ce que veux dire être autochtone aujourd’hui. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Même entre les différents groupes autochtones, il existe aussi des tensions et des désaccords. L’auteur nous amène à rencontrer différentes personnes et donc, différents points de vue. C’est ce qui est à la fois très riche et passionnant dans cet ouvrage. La diversité d’opinions et de gens, qui dénotent aussi la diversité d’une région. 

L’auteur offre en fin de volume quelques notes sur les langues Dene avec des liens pour ceux qui seraient intéressés à en apprendre un peu plus. 

Ma rencontre littéraire avec Joe Sacco m’a presque coupé le souffle. C’est dans ces cas-là qu’on se dit que l’on tient un chef-d’œuvre entre les mains. Un immense coup de cœur pour cette œuvre que je ne peux que vous conseiller de découvrir.

Un ouvrage incontournable!

Payer la terre. À la rencontre des premières nations des Territoires du Nord-Ouest canadien, Joe Sacco, éditions Futuropolis / La revue XXI, 272 pages, 2020

Petits fruits nordiques

Écrire un haïku parce qu’il est nourriture, tel un fruit s’offrant à la cueillette et à la dégustation. Parler de l’Innu, de l’enfant, des bruants, des graines rouges, du grand vent, des traînées de soleil, de la neige à gros flocons… le haïku a pour assise le quotidien, mais se veut porteur d’éternité.

Petits fruits nordiques est un recueil de haïkus qui dépeint la beauté d’une région nordique, jetant un éclairage coloré sur la vie d’une région qui charme tout de suite le lecteur.

Le recueil est conçu en quatre grands chapitres, qui débutent tous par une photo et une plus longue poésie, suivie par quelques magnifiques haïkus. Voici un petit tour rapide des différentes sections:

Retour des bruants
On y parle de la neige qui s’en vient, de l’arrivé des bruants, des enfants le nez dans les fenêtres, des pluies abondantes et du retour du printemps.

Pour une plaquebière
Les pissenlits qui annoncent l’approche des vacances, la rosée, le parfum des lilas, la plaquebière (fruit), le soleil de la plaine dans la cuisine.

Dans mon panier
La mer, les fleurs, les fruits nordiques, les chenilles, les ballot de foin, l’automne, la plage, les Innus.

Refrain d’hiver
La neige, le rire des enfants, les paysages, la glace, le verglas, l’ombre des pins sur la neige blanche ensoleillée.

À travers sa poésie, l’auteure cherche à nous émerveiller face à chaque petit plaisir de la vie. Les poèmes visent à élargir la vision poétique du lecteur en lui rappelant que chaque forme de vie peut être sublime lorsqu’on prend le temps de la regarder, tel un enfant qui s’émerveille en observant à travers les carreaux d’une vitrine.

L’auteure transmet l’élégance et la beauté de tout ce qui l’entoure dans sa région de Sept-Îles. La nature est omniprésente, partout dans sa poésie. L’écriture est lumineuse et j’ai presque envie de dire « automnale » tant pour moi, sa façon de raconter ce qui l’entoure est associée à cette belle saison. Le texte donne envie de profiter de chaque saison, de chaque petit moment qui marque le temps et le passage de l’été, à l’automne, puis à l’hiver, avant de revenir vers le renouveau du printemps. Pour moi, Petits fruits nordiques représente tout cela. C’est une lecture tellement propice à cette période de l’année.

Le recueil ajoute luminosité et soleil à tout ce que l’auteure voit et nous relate. On s’attarde sur les petits bonheurs qui se découvrent au fil des saisons. Beaucoup de thèmes sont abordés. On y parle aussi de territoire innu, des ancêtres, des tâches et petits plaisirs, du temps. C’est un recueil sur la beauté qui rythme les saisons, offrant même aux pissenlits – cette fleur mal aimée – l’élégance d’annoncer les vacances.

Les mots d’Hélène Bouchard créent une poésie lumineuse et solaire. Ils agissent comme un réconfort pour l’âme. Les mots de l’auteure font du bien, tellement ce qu’elle décrit est simple et beau. Elle donne à chacune des saisons, qu’elles soient pluvieuses ou glaciales, une lumière poétique qui rend agréable chaque instant. Ses mots nous incitent à prendre le temps de profiter de toutes les petites choses qui nous entourent et à vivre pleinement chacune des saisons. L’émerveillement n’est jamais bien loin, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Petit fait amusant, cette lecture m’aura permis de découvrir un petit fruit que je ne connaissais pas du tout, qu’on retrouve surtout au Nord, la chicoutai ou plaquebière.

Un recueil que je ne peux que vous conseiller.

Petits fruits nordiques, Hélène Bouchard, éditions David, 94 pages, 2011

Bandit: Mémoires d’une fille de braqueur

En 1994, l’été de de ses treize ans, le père de Molly Brodak braque onze banques. Surnommé « Super Mario le Bandit », La police finit par l’arrêter dans un bar, en train de siroter une bière. il passe sept années en prison. Quelques temps d’une vie normale pour sa fille… Après sa libération, il recommence. Molly raconte une enfance en eaux troubles. D’une part, la vie aux côtés de ce père normal, employé de l’usine General Motors, parfait père poule. De l’autre, la face sombre, la double vie, les crises de rage, la disparition soudaine de voitures pour payer des dettes, ou l’apparition de cadeaux extravagants sortis de nulle part. Sobre et envoûtant, Bandit est un récit sur la famille et la mémoire, sur la vulnérabilité tragique des histoires qu’on se raconte et la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants.

Bandit est le récit de Molly dont le père, travailleur chez General Motors, a braqué onze banques, avant d’être emprisonné, de faire sept ans derrière les barreaux, de sortir… puis de recommencer. C’est une histoire étonnante, à l’écriture totalement maîtrisée. La lecture s’avère en fait très prenante. On plonge littéralement dans le livre, en revenant sur le passé, afin de mieux saisir le présent. Molly nous raconte l’enfant qu’elle était, sa façon de gérer ce qui se passait dans sa famille et de vivre au quotidien. C’est un récit sur la confiance et les relations que l’on développe au sein d’une famille. 

« En l’écoutant, j’ai senti ma confiance, quelque chose que j’ignorais éprouver avant de la sentir vaciller, se détourner de lui jusqu’à disparaître, et il n’y avait plus que moi, qui opinais en souriant. »

Bandit c’est avant tout l’histoire d’une famille. L’enfance d’un père qui est né dans un camp de réfugiés de survivants de l’holocauste. La rencontre d’un homme et d’une femme, l’histoire d’un mariage, qui a souvent été rythmé par le mensonge, l’angoisse et la solitude. C’est aussi et surtout l’histoire de deux fillettes et de la difficulté de grandir dans l’ombre d’un père braqueur de banques, qui mène une double vie et qui engloutit tout au jeu. C’est l’histoire de toutes les conséquences qui en découlent, pour tous les membres de la famille. Ces choix qu’elles n’ont pas faits, mais avec lesquels elles doivent apprendre à vivre. 

« Je n’ai plus lu de fiction cette année-là. La poésie m’a accompagnée, d’abord Whitman, puis Dickinson, puis le reste du modeste rayon. Elle me révélait un accès meilleur au monde – une approche plus honnête, plus directe, plus précise. »

En filigrane, l’auteure aborde la maladie mentale. Celle de sa mère, souffrant de trouble bipolaire, ce qui angoisse l’adolescente qu’est Molly, incertaine et précaire, en craignant toujours que sa vie déraille. Et il y a aussi les difficultés à faire face aux débordements d’un père compliqué à cerner. 

« On dit que les traits caractéristiques de la sociopathie sont une malhonnêteté constante, parfois gratuite, une impulsivité incontrôlable et l’absence de remords, à quoi s’ajoutent le charme, le narcissisme et une attitude délibérément manipulatrice. »

Ce livre se lit comme un roman et est particulièrement bien écrit. Ce n’est pas larmoyant ou mélodramatique. Molly cherche simplement à comprendre, à cerner ce qui a pu se passer dans sa famille. Elle fait un travail de mémoire et de recherche, afin de mieux appréhender ce père difficile. Elle recherche les lieux qui l’ont vu vivre, avant que tout dérape. Son récit est porté par une plume sobre et authentique pour une histoire aussi flamboyante que touchante.

« Mais la famille ne vous quitte jamais vraiment, même pas, ou surtout, non, surtout pas, si vous, vous la quittez. »

Molly est malheureusement décédée en mars dernier, à l’âge de 39 ans. Ça m’a beaucoup touchée d’apprendre sa disparition, lorsque j’ai terminé ce livre. C’est une lecture que j’ai vraiment beaucoup aimé, que j’ai trouvé bien écrite. Le regard que Molly pose sur sa famille et son travail pour essayer de retracer le passé de son père afin de mieux le comprendre, est émouvant. Elle met en lumière les liens entre les membres d’une famille et les conséquences désastreuses que la maladie mentale et les mauvais choix de vie peuvent avoir sur eux.

C’est une excellente lecture, qui me fait apprécier de plus en plus la collection Non-fiction des éditions du Sous-sol. 

Bandit: Mémoires d’une fille de braqueur, Molly Brodak, Éditions du Sous-sol, 272 pages, 2020