Dent de dinosaure

1875. Dandy désoeuvré, le jeune William Johnson, après avoir perdu un pari, doit partir pour le Far West. Quittant son univers privilégié, l’étudiant de Yale rejoint une expédition à la recherche de fossiles préhistoriques dans les territoires reculés et hostiles du Wyoming. Mais la plus sanglante des guerres indiennes vient d’éclater. Et avec elle un autre conflit, opposant deux célèbres paléontologues prêts à tout pour déterrer d’inestimables vestiges de dinosaures et accéder à la gloire. Pactes secrets, trahisons et meurtres rythmeront l’épopée de Johnson, peuplée de figures mythiques de l’Ouest : chasseurs de bisons et chasseurs de primes, généraux en déroute et Sioux sanguinaires, as de la gâchette et danseuses de saloon.

Avec une amie, on a décidé de lire les romans de la saga du Parc Jurassique. Le premier était excellent et le second aussi. Ils sont d’ailleurs à découvrir. Ils sont remplis de détails, parlent de science et abordent toutes sortes de thèmes en lien avec les dinosaures: la paléontologie, les théories scientifiques, l’extinction, en plus d’être de vrais bons romans d’aventure. C’est donc avec beaucoup d’attentes que j’ai commencé Dent de dinosaure.

« Tous se sentirent ragaillardis, surtout quand, après avoir gravi une colline en pente douce, ils découvrirent une des scènes les plus inoubliables de l’Ouest. Aussi loin que portait le regard, un troupeau de bisons. Des formes sombres et touffues amassées sur l’herbe jaunie des plaines. Les bêtes paraissaient paisibles, avec quelques beuglements et mugissements çà et là. Cope estimait leur nombre à deux millions, peut-être davantage. »

Ce roman western nous plonge en 1875. William Johnson est un riche étudiant qui ne fait rien de sa vie. Après avoir perdu un pari il se retrouve à prendre part à une expédition commandée par un professeur. Dans un monde où les guerres entre Blancs et Indiens font rage (c’est l’époque de Fort Laramie et de Wyatt Earp), William et son expédition cherchent des fossiles dans un monde très dangereux… Même si l’histoire du roman a fait de William Johnson le personnage principal, il a pour toile de fond la célèbre rivalité entre les paléontologues Edward Drinker Cope et Othniel Charles Marsh. Le fond historique a donc tout pour être captivant.

« J’ai trente-six ans, reprit Cope, mais quand je suis né l’existence des dinosaures était inconnue. Toutes les générations de l’humanité, de leur naissance à leur mort, ont vécu sur cette planète sans que personne ne soupçonne que longtemps, très longtemps avant, la Terre était dominée par une race de reptiles géants dont le règne a duré des millions et des millions d’années. »

Dent de dinosaure a été écrit en 1974, mais publié en anglais seulement 43 ans plus tard. Ce roman a été retrouvé dans les archives de l’auteur après son décès. On dit que c’est ce livre qui lui aurait inspiré Le Parc Jurassique. Autant j’ai adoré les deux premiers livres de la série, autant celui-ci n’a pas été la rencontre que j’espérais. C’est toujours un peu triste quand on adore le travail d’un auteur et qu’un de ses livres ne nous rejoint pas. La première question que je me suis posée en terminant le livre c’est: à quel point ce livre était déjà écrit par Crichton (ou si ce n’était que des notes?) et à quel point il a été « remanié » pour publication? Parce que j’ai eu une drôle d’impression tout au long de ma lecture… comme si ce roman ressemblait plus à un collage de notes de recherche. L’histoire, même si elle historiquement documentée, reste continuellement en surface. Les événements s’enchaînent, mais chacun de façon assez brève. Des extraits de journaux sont ajoutés ici et là, sans que ce soit très fluide.

Je m’attendais à beaucoup plus. Surtout que l’auteur nous a habitué à des textes très riches, offrant une foule d’informations entourant la science. Je m’attendais donc à découvrir un peu la même chose, mais avec les connaissances de la fin des années 1800, ce qui aurait pu être très intéressant. Mais le début est très lent et on doit attendre plus de la moitié du livre avant d’avoir un peu d’action. Certaines scènes sont aussi assez bâclées, je pense aux moments où Johnson fait la rencontre de certaines personnes. On passe rapidement à autre chose, sans que ça semble vraiment utile à l’intrigue. Ce n’est pas un mauvais livre, mais je ne sais pas quoi en penser. Il m’a donné l’impression de lire un autre auteur que Crichton.

Une déception donc, pour un livre dont j’attendais beaucoup. Et je cherche encore le suspense mentionné en page couverture…

Dent de dinosaure, Michael Crichton, éditions de l’Archipel, 350 pages, 2021

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Widjigo

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. A l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres… 

Widjigo est un roman prenant qui nous amène dans un monde de légendes. L’atmosphère est tout de suite intéressante dès les premières pages et j’ai aimé le contexte historique, assez rare il me semble en littérature de l’imaginaire. 

Nous sommes en 1793. Jean Verdier est un jeune lieutenant sommé de capturer un noble, Justinien de Salers, qui a trouvé refuge dans une vieille tour de pierres. Contre toute attente, le vieil homme accepte de le suivre à une seule condition: que Verdier écoute son histoire. D’abord méfiant, il accepte finalement. Autour d’une tasse de café, le noble lui parle de ce qu’il a vécu quarante ans plus tôt. Son histoire est celle d’un naufrage et de la survie en pleine nature, où l’horreur, la peur, la solitude, le froid et les monstres ne sont jamais loin…

« Ma mort traverse l’océan. Elle vient des glaces et des neiges. Il y a un Ankou, tu sais, là-bas… À Terre-Neuve. Ce sont les pêcheurs de Bretagne qui l’ont amené. Et d’autres créatures encore, qui étaient là bien avant nous. Qui naissent de la faim, et de la solitude… »

L’histoire racontée par Justinien de Salers se déroule en 1753, dix ans avant que la Nouvelle-France ne devienne une colonie britannique. Nous sommes aussi à l’aube de la déportation des Acadiens qui commencera deux ans plus tard, mais dont on perçoit déjà les prémisses dans ce roman. Le contexte historique est en filigrane, mais contribue beaucoup à l’ambiance du livre. J’ai adoré!

« En tous lieux les histoires se mêlent à ce que nous sommes, cette Terre même que nous arpentons, ces océans au travers desquels nous lançons nos courses. Les histoires nous relient à ceux qui nous ont précédés, également, tout au long des siècles. Ceux qui ont vécu bien avant notre ère, mais aussi ceux que nous avons croisés, ceux que nous avons aimés, ou haïs, et qui sont partis avant nous. »

Un mécène regroupe des personnages variés qui n’ont rien en commun. Ils sont mandatés pour une expédition à la recherche d’une autre expédition disparue, qui n’est jamais revenue. Ce roman, autant dans sa forme que dans le fond, est intrigant. On suit les personnages, qui se retrouvent malgré eux rescapés du naufrage de leur bateau, avec d’autres rescapés. C’est alors que le petit groupe tente de s’organiser et de survivre.

« Comment es-tu certain de n’être pas déjà mort? »

Les lieux sont isolés, la température est hostile. La nature est dangereuse. C’est alors que surviennent des événements troublants et on est rapidement happé par l’histoire. Le roman puise dans les légendes, les mythes autochtones et les histoires de marins, pour nous offrir une expédition étonnante et terrifiante.

Une histoire fantastique qui nous amène en Acadie, avec une atmosphère particulièrement inquiétante et efficace. J’ai beaucoup aimé l’époque du roman et la rencontre improbable des personnages. Si j’avais deviné une petite partie de l’intrigue, d’autre révélations se sont avérées plutôt surprenantes et je ne m’y attendais pas. Le livre est assez court, ce qui nous garde plutôt sur le qui-vive.

Une bonne lecture qui a su me surprendre!

Widjigo, Estelle Faye, éditions Albin Michel, 256 pages, 2021

Adlivun

1847, Angleterre. La Mary Céleste, navire du capitaine Briggs, est accosté au port de Douvres. Les autorités britanniques sont à la recherche d’hommes assez téméraires pour retrouver l’Erebus et le Terror, deux vaisseaux d’exploration disparus il y a un peu plus d’un an lors d’une expédition en Arctique. Motivés par une belle récompense, Briggs et son équipage décident d’entreprendre la mission de sauvetage. Mais une fois arrivés en terre inuite, ils tombent sur un navire fantôme, trop petit pour être l’Erebus ou le Terror. Leur périple prend alors une tournure inattendue…

Vincenzo Balzano crée des bandes dessinées atypiques que, personnellement, j’apprécie beaucoup. J’avais beaucoup aimé Clinton Road du même auteur et j’avais hâte de découvrir ce livre-ci, surtout qu’il aborde la disparition des bateaux de l’expédition de Franklin, un thème sur lequel j’adore lire.

Cette superbe bande dessinée se déroule en 1847. Nous sommes en Angleterre, alors que les autorités cherchent à recruter des volontaires pour partir sur les traces des bateaux de Franklin portés disparus: l’Erebus et le Terror. Briggs, un capitaine mystérieux qui cache bien des choses, décide d’entreprendre les recherches et part sur le Mary Celeste. En arrivant sur place, l’équipage fait des découvertes déroutantes…

« Fuyez loin d’ici! Pauvres fous! »

L’auteur a un style très particulier qui me plait beaucoup. Son dessin est étrange et onirique. L’atmosphère dans laquelle baigne l’histoire est toujours mystérieuse et inquiétante. Ce n’est pas une histoire linéaire et on peut s’amuser à en faire plusieurs interprétations. C’est surtout une lecture d’ambiance et si on est sensible à ce genre particulier, Vincenzo Balzano est assurément un auteur à découvrir. Clinton Road était aussi un peu dans le même genre, même si le sujet était totalement différent. Chez Balzano, tout se joue sur les impressions et l’ambiance mystérieuse qui plane dans l’air.

Les thèmes qu’il utilise dans ses bandes dessinées sont intrigants. Ici, il mélange la légende et les histoires terrifiantes en lien avec les naufrages. Franklin et le naufrage de ses bateaux ont marqué l’histoire. Il faut savoir que Briggs et le Mary Celeste ont aussi existé. Il est intéressant de lire sur ces deux événements puis de voir ce que Balzano en a fait dans Adlivun. Son interprétation de ces événements est intéressante.

J’aime définitivement beaucoup son travail puisqu’il nous plonger dans des lieux sombres et inquiétants, où le lecteur n’est jamais sûr de rien. Une belle découverte!

Adlivun, Vincenzo Balzano, éditions Ankama, 168 pages, 2022

Les Mapmakers et la magie oubliée tome 1

De génération en génération, les Mapmakers étaient les gardiens de la paix dans la Vallée, mais ils ont maintenant disparu depuis longtemps. De nos jours, les Manteaux Noirs monopolisent le pouvoir d’une main de fer : règles, punitions et conséquences sont leurs maîtres mots. Jusqu’à cette nuit où Alidade, (encore) poursuivie par les Manteaux Noirs pour avoir (encore) enfreint les règles, tombe par hasard sur une porte secrète qui va la mener à une cachette magique construite par les Mapmakers. Elle va y trouver une carte de sa région et accidentellement ramener à la vie Blue, une créature magique qu’on appelle un Memri. Leur rôle était de protéger la Vallée. Blue a besoin de l’aide d’Alidade pour retrouver les Mapmakers et sauver la Vallée des Manteaux Noirs. Mais les Mapmakers ont disparu depuis longtemps. Alidade va devoir faire un choix : s’enfuir de sa vallée comme elle en a toujours rêvée ou… devenir une Mapmaker pour sauver son village !

Les Mapmakers et la magie oubliée est le premier tome d’une trilogie. C’est une bande dessinée remplie d’aventures et de magie. J’ai passé un très bon moment avec ce livre et j’ai hâte de découvrir la suite, qui est à paraître.

Alidade est une jeune fille qui rêve de voir le monde au-delà de son petit village. Elle entraîne constamment son ami Lewis dans des situations problématiques, surtout que la vallée est dirigée par les Manteaux Noirs. Ils exercent leur autorité sur les villageois et décident des règles à ne pas enfreindre. L’univers d’Alidade est réduit à presque rien, mais la jeune fille rêve d’ailleurs, d’aventures et d’espace. Quand elle est bannie de la vallée après une autre de ses frasques qui ne passe plus auprès des Manteaux Noirs, elle fait la découverte d’une porte dans un arbre qui l’amène vers un autre monde: celui du refuge des Mapmakers. Elle y fait la rencontre d’un memri, une créature magique, et découvre que le monde, son monde, n’a pas toujours été aussi confiné qu’il ne l’est présentement.

« Vous n’avez jamais entendu parler des Memris?! Les Mapmakers nous ont créés afin qu’on puisse guider l’humanité à vivre en harmonie avec la nature. »

J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée colorée et pleine de vie, qui raconte les aventures magiques d’une jeune fille qui ne s’en laisse pas imposer, même si on tente de la brider. Elle bouge beaucoup, cherche à comprendre ce qui l’entoure même si elle voit clairement que ce n’est pas pour elle. Quand on tente de la calmer pour qu’elle reste tranquille et ne se fasse pas remarquer, c’est pire. Alidade veut avoir une vie pleine de rebondissements et elle veut voyager. 

« Le monde sera toujours rempli de dangers. Tout ce qu’on peut faire, c’est les affronter avec courage. »

Ce premier volet est bien prometteur puisqu’il nous permet de découvrir le monde des Mapmakers, les cartographes d’un temps passé, et qu’il promet de nouvelles aventures pour les tomes à venir. Tomes que j’ai d’ailleurs bien hâte de lire, le second devrait paraître cette année.

J’ai bien apprécié le dessin qui est très joli. La nature est omniprésente, avec le personnage de Blue, la vallée et la beauté du refuge des Mapmakers qui rappelle LA cabane entre les arbres que tout le monde rêve d’avoir. Il y est aussi question de la nature, domptée pour qu’elle corresponde à ce que l’humain veut, et de belles découvertes pour Alidaee sur le monde avant, quand les cartographes existaient toujours. Le livre est complété par un cahier regroupant toutes sortes de choses diverses et variées: carnet naturaliste, recette, guide de dessin et travaux manuels, esquisses des personnages et élaboration des planches. Un contenu supplémentaire que j’apprécie toujours beaucoup.

Une histoire pleine de magie avec une héroïne forte. Une belle découverte!

Les Mapmakers et la magie oubliée tome 1, Cameron Chittock, Amanda Castillo, éditions Kinaye, 240 pages, 2022

La Traversée des temps t.2: La Porte du ciel

L’éternité n’empêche pas l’impatience : Noam cherche fougueusement celle qu’il aime, enlevée dans de mystérieuses conditions. L’enquête le mène au Pays des Eaux douces — la Mésopotamie — où se produisent des événements inouïs, rien de moins que la domestication des fleuves, l’irrigation des terres, la création des premières villes, l’invention de l’écriture, de l’astronomie. Noam débarque à Babel où le tyran Nemrod, en recourant à l’esclavage, construit la plus haute tour jamais conçue. Tout en symbolisant la grandeur de la cité, cette Tour permettra de découvrir les astres et d’accéder aux Dieux, offrant une véritable « porte du ciel ». Grâce à sa fonction de guérisseur, Noam s’introduit dans tous les milieux, auprès des ouvriers, chez la reine Kubaba, le roi Nemrod et son architecte, son astrologue, jusqu’aux pasteurs nomades qui dénoncent et fuient ce monde en train de s’édifier. Que choisira Noam ? Son bonheur personnel ou les conquêtes de la civilisation ?

Après avoir lu et beaucoup aimé Paradis perdus, j’avais bien hâte de me plonger dans La porte du ciel. Ce livre est le second tome de l’imposante saga en cours d’écriture d’Éric-Emmanuel Schmitt, un auteur que j’adore. La série peut paraître impressionnante, puisqu’elle comportera huit tomes, mais la lecture est vraiment intéressante et on lit ces pavés sans réaliser le nombre de pages, tellement le projet est captivant. Réaliser un portrait de l’histoire de l’humanité sous forme de roman est colossal. 

« Le monde n’avait pas trouvé qu’un miroir dans l’écriture, il y avait gagné des portes, des fenêtres, des trappes, et des pistes d’envol. »

Avec ce livre nous retrouvons Noam, doté d’immortalité, qui est à nouveau séparé de son amoureuse Noura. Parti à sa recherche et voyageant dans le temps, il découvre cette fois encore une nouvelle période de l’humanité et il doit s’y adapter puisqu’il ne provient pas de cette époque. En lien avec l’histoire de la tour de Babel, ce roman raconte le début de certaines civilisations, la confrontation avec l’esclavage, les débuts de l’écriture, les langues.

« Hélas, je passais le reste du temps en enfer. Aurais-je résisté privé de félicité domestique? J’affrontais des jours noirs chez les esclaves. Jamais je n’avais rencontré pareille misère, sans doute parce qu’elle faisait irruption dans l’histoire du monde… »

Noam devient un guérisseur, il y est donc question de botanique et de médecine également. Axé sur le savoir, la botanique, les plantes et l’apprentissage, le roman parle beaucoup d’histoire. C’est le début des grandes maladies comme le choléra et Noam se questionne en tant que guérisseur, pour réussir à comprendre et à trouver des remèdes. C’est intéressant car on découvre les époques et les découvertes qui ont été faites dans plusieurs domaines. Certaines notes de bas de pages offrent aussi un complément historique à ce qui se déroule dans le roman. C’est l’évolution de l’humanité que raconte l’auteur, celle des premières découvertes, de l’élaboration des villes et des premières grandes innovations qui ont changé la face du monde.

« Je parvins ainsi à sauver de plus en plus de vies. Roko, qui m’accompagnait, m’imitait et s’approchait avec compassion des égrotants. Il les regardait, il gémissait, donnant l’impression d’aspirer leur douleur. Il léchait certaines plaies. Les premières fois, il intervint sans que j’y prêtasse attention tant que je démenais, donc je ne l’en empêchai pas. Bien m’en prit! On me rapporta peu après que mon chien me concurrençait: des blessures avaient accéléré leur cicatrisation, des infections de peau avaient diminué, le bruit courut même qu’un enfant famélique dont il avait effleuré les paupières s’était remis à voir. On l’appela le « chien guérisseur ». »

Si le premier tome comportait peut-être un peu plus de rebondissements, j’ai pour ma part adoré celui-ci puisque l’histoire, les connaissances, l’apprentissage en général, les nouvelles technologies de l’époque et le développement du savoir humain sont beaucoup plus détaillés dans ce roman. On y apprend une foule de choses, on suit avec intérêt les découvertes de Noam et on apprend, tout comme lui, comment l’humanité s’est développée. Dans ce second volume, Noam va en apprendre plus sur les raisons de son immortalité. Sa position devient dangereuse et il doit se protéger pour sauver sa vie.

Comme dans le premier tome, les liens bibliques me semblent présents surtout pour faire une liaison entre les époques et marquer l’histoire de l’humanité. On retrouvait l’histoire du déluge dans le premier tome et ici, la construction de la tour de Babel. Toutefois, il s’agit vraiment d’une réécriture sous forme de roman. L’auteur puise son inspiration dans les textes sacrés, l’histoire et la science. Le résultat est vraiment intéressant. On reste avec un même noyau de personnages, mais comme on change d’époque, on suit l’évolution de l’humanité et on découvre de nouveaux personnages.

« Il y a deux sortes d’humains: les arbres et les cailloux. Les arbres existent par leurs racines, les cailloux roulent d’eux-mêmes. L’arbre pousse dans la forêt, entouré des autres, et s’étiole sitôt qu’il quitte sa terre. Le caillou dévale les chemins selon sa propre dynamique; si un obstacle l’arrête, il repart et ne s’immobilise qu’au plus bas. J’appartenais aux cailloux, Saul aux arbres. Je voyageais, il se perdait. Je cherchais, il regrettait. »

Un deuxième tome réussi qui me donne assurément envie de poursuivre la saga et de lire bientôt le troisième tome. Il m’attend d’ailleurs dans ma pile et cette fois il aborde la civilisation Égyptienne. Ça semble très prometteur! Schmitt est un auteur que j’adore et on sent que son travail de recherche est soigné. Sa plume est toujours agréable à lire, ses mots sont choisis avec soin. Ne vous laissez pas rebuter par ces pavés qui semblent imposants. L’histoire en vaut le détour.

Une très bonne lecture pour ma part et une série originale et documentée que je ne peux que vous conseiller. 

La Traversée des temps t.2: La Porte du ciel, Eric-Emmanuel Schmitt, éditions Albin Michel, 576 pages, 2021