Quand Ernt rentre du Vietnam, sa fille Leni, dix ans, ne le reconnaît pas. Poursuivi par de terribles cauchemars, il se montre violent envers sa femme Cora. Un jour, il reçoit une lettre du père d’un de ses amis, mort dans ses bras durant cet enfer, qui lui lègue un terrain avec un chalet en Alaska. Il se dit qu’il pourra peut-être s’y reconstruire. Avant la guerre, ils étaient si heureux… Au coeur de l’Alaska des années 1970, une poignante saga familiale qui prend racine dans la beauté d’une nature éblouissante et sauvage.
Le paradis blanc était la lecture commune de janvier pour le Défi Un hiver au chalet. Je l’avais choisi à cause de sa référence à l’Alaska, mais je ne m’attendais pas du tout à y trouver tout ce que j’y ai lu. Ce livre est magnifique et il m’a énormément remuée. L’histoire est axée sur Leni, qu’on voit grandir de l’enfance à l’âge adulte. Petit bout de femme courageux, amoureuse des livres et des grands espaces. Le roman parle de la force des filles et des femmes dans un univers hostile.
« Ils vivaient sur un terrain inaccessible par la mer à marée basse, dans une péninsule habitée seulement par une poignée de gens et des centaines d’animaux sauvages, dans un climat assez rude pour vous tuer. Il n’y avait pas de gendarmerie, pas le téléphone, personne pour vous entendre crier. Pour la première fois, Leni comprit vraiment ce que son père avait dit: ils étaient coupés du monde. »
Nous sommes en 1974. Ernt est revenu brisé de la guerre du Vietnam. Sa femme Cora, répète à sa fille que son père n’a pas toujours été comme ça et elle lui pardonne tout ce qu’il fait. Leni grandit donc dans un foyer instable et dysfonctionnel. Quand l’ami de Ernt, qui n’a pas survécu à l’abattage de leur avion de guerre, lui lègue un bout de terrain et une cabane en Alaska, la petite famille quitte Seattle pour la dernière frontière. Mal préparés, ils ont peu de matériel. L’hiver s’en vient vite en Alaska et il peut être impitoyable, surtout quand on vit dans les régions sauvages, à l’écart de tout. Ils reçoivent donc de l’aide de la communauté, petite mais soudée. Ernt semble prendre du mieux dans l’été scintillant de l’Alaska, mais quand l’hiver, la noirceur, la solitude, l’isolement s’abattent sur eux, la menace et la sauvagerie ne vient plus uniquement de la nature…
Ce livre m’a littéralement pris aux tripes et il a joué avec mes émotions. Aventures, nature incroyable, survie, amour, peur, horreur, ce pavé raconte la vie de Leni, jeune ado qui grandit en Alaska. Le récit de la nature est époustouflant. Les lieux sont magnifiquement décrits et ce qu’ils font vibrer chez ceux qui, comme Leni y sont sensibles, m’a beaucoup touchée. La nature peut être si grandiose! Les sentiments humains et le côté psychologique sont tellement bien décrits également. Tout n’est pas noir ou blanc. Les personnages sont attachants, terrifiants, drôles, courageux, forts, plus grands que nature.
« L’Alaska regorgeait de personnes inattendues, comme la femme qui vivait dans un bus scolaire hors d’usage à Anchor Point et lisait les lignes de la main. On racontait qu’elle avait été flic à New York. À présent, elle se baladait avec un perroquet sur l’épaule. Tout le monde ici avait deux histoires: la vie avant et la vie maintenant. »
Ce roman, qui se déroule en trois parties et sur trois périodes de temps, raconte l’histoire complexe de femmes, de survivantes, pour qui la nature devient vitale. C’est un lieu terrible, effrayant, magnifique, un lieu qui ne réussi pas à tous mais qui permet à Leni de respirer. D’être elle-même. De survivre. D’autres personnages y trouvent aussi leur compte. J’ai adoré Large Marge qui est une forte présence improbable dans cet Alaska sauvage.
Ce livre m’a fait pleurer. Je l’ai trouvé dur et beau à la fois. J’en ai aimé la nature majestueuse. J’ai eu peur aux côtés de Leni, tellement peur que j’ai même été feuilleter des pages un peu plus loin pour vérifier si Leni s’en sortait. Je ne fais jamais ça quand je lis, mais ce livre a su me procurer une gamme d’émotions très forte. L’auteure nous offre un personnage exceptionnel. Elle parle de l’héritage familial, des choix que l’on fait, de la place qu’on peut accorder à la nature dans sa vie. Elle parle d’entraide, d’amitié, de conflits et d’amour. J’ai tremblé avec Leni pour tout ce qu’elle vit auprès de Matthew.
Je suis contente d’avoir proposé la lecture commune de ce roman. Les retours que j’ai eu sur ce livre avec les autres participants ont été très positifs. C’était une très belle surprise pour plusieurs d’entre nous d’ailleurs. Je crois que ce livre peut vraiment aller chercher des lecteurs variés, de ceux qui aiment la nature aux autres, passionnés par les sagas familiales. Avec un petit côté rude qui n’est pas pour me déplaire.
Vraiment, un excellent roman qui m’a fait vivre une gamme très forte d’émotions. C’était un excellent choix pour la lecture commune de janvier. Si vous aimez les pavés qui se dévorent, celui-ci en est un!
Le Paradis blanc, Kristin Hannah, éditions Le livre de poche, 648 pages, 2020