Charlotte Brontë

Charlotte Brontë (1816-1855), avec ses sœurs Emily et Anne, également romancières, fait partie des mythes de l’histoire littéraire. Sa vie est celle d’une femme marquée par la tragédie: orpheline de mère, devenue l’aînée de la famille après la mort de deux sœurs, elle survécut à la disparition de son frère Branwell, puis aux décès prématurés d’Emily et d’Anne. Restée seule en compagnie d’un père malade, le destin ne lui laissa guère le temps de profiter de son mariage heureux mais tardif. La romancière Elizabeth Gaskell avait été intriguée par l’auteur du scandaleux Jane Eyre, publié sous le pseudonyme de Currer Belle et décrit par G. K. Chesterton comme l’«expression du romantisme le plus élevé à travers le réalisme le plus bas». Les deux femmes se rencontrèrent et correspondirent jusqu’à la mort de Charlotte. Écrite à la demande de son père peu après, cette biographie de Charlotte Brontë, qui se fonde sur les témoignages de ses contemporains et sa correspondance, est aujourd’hui considérée comme une œuvre majeure de la littérature victorienne. 

Cette biographie est dans ma pile à lire depuis presque 20 ans. J’avais très envie de la lire, mais c’est le défi Parcours Victorien qui me l’a fait sortir de ma pile. Je m’intéresse aux Brontë depuis très longtemps et cet ouvrage est intéressant à plusieurs niveaux.

Il s’agit d’une biographie plutôt costaude qui demande un peu d’investissement au lecteur qui décide de s’y plonger. L’ouvrage fait près de 500 pages et contient principalement des extraits de la correspondance de Charlotte Brontë. La grande majorité du texte, dès qu’elle atteint l’âge adulte, est en fait sous forme de lettres. La biographie présente aussi près de 50 pages de notes en petits caractères, en fin de volume. Le texte s’y rapporte souvent. Les notes sont importantes car elles donnent de nombreuses indications sur l’époque, la culture, les gens côtoyés par Charlotte et la famille Brontë, ainsi que d’autres informations nous permettant de mieux saisir l’entourage de l’écrivaine.

On y découvre la vie de Charlotte Brontë, de la naissance jusqu’à ses derniers jours. Ce que j’ai trouvé le plus intéressant c’est que Gaskell était une contemporaine de Charlotte et que les deux ont été amies. On plonge donc dans l’époque de Charlotte et cette biographie nous permet de mieux saisir l’écrivaine qu’elle a été, ses idées, ses aspirations, mais aussi et surtout la façon dont on vivait à son époque. De quelle façon la famille Brontë évoluait au quotidien et affrontait les aléas de la vie. On découvre aussi plusieurs choses sur l’écriture des sœurs et de Charlotte en particulier, sur la publication de leurs livres, la façon dont les romans ont été reçus et leur place dans le monde littéraire en tant qu’auteures féminines écrivant sous des pseudonymes masculins.

« Par ailleurs, les commérages londoniens font de ma discrétion un sujet d’étonnement et donnent lieu à vingt récits romantiques qui puissent en justifier. »

Cet ouvrage a connu plusieurs éditions. Sous la menace de poursuites judiciaires, Elizabeth Gaskell a modifié son texte pour les versions ultérieures. Cette biographie se base sur la première édition, qui n’avait pas souffert de corrections et de coupures. Les notes expliquent les changements qui sont survenus lors des éditions suivantes et nous aident à mieux comprendre ce qui a pu déranger les gens concernés. 

Cette biographie me donne envie de relire Charlotte et ses sœurs, Anne et Emily. J’ai aussi très envie de me plonger un peu plus dans la vie tumultueuse de leur frère Branwell. J’ai d’ailleurs noté à ce sujet l’ouvrage de Daphné Du Maurier qui me tente énormément. J’ai également comme projet de découvrir les romans d’Elizabeth Gaskell pour percevoir sa plume différemment. J’ai aussi envie de lire d’autres biographies des Brontë, avec différents points de vue, afin de mieux saisir cette famille d’écrivains.

« Papa m’a remis un petit paquet de lettres et de papiers, en disant qu’ils étaient de Maman et que je pouvais les lire. Je les ai lus, dans quel état d’esprit je ne saurais vous dire. Les feuilles étaient jaunies par le temps, les lettres ayant toutes été écrites avant ma naissance: c’était une chose étrange que de lire ainsi, pour la première fois, les écrits d’une âme dont la mienne est issue… »

En tournant la dernière page, je réalise que Charlotte a eu une vie bien rangée, où le devoir primait énormément et où la maladie semblait bien trop présente. J’ai aussi eu une pensée pour son père, le révérend Patrick Brontë, qui a enterré sa femme et, au fil des ans, ses six enfants avant de se retrouver bien seul…

Une biographie intéressante sur plusieurs points, qu’il vaut la peine de prendre le temps de découvrir.

Charlotte Brontë, Elizabeth Gaskell, Éditions du Rocher, 512 pages, 2004

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