Lorsque le dernier arbre

2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?

Quel livre magnifique! Il y a tant de choses à dire sur cet incroyable roman. J’ai adoré cette lecture. L’histoire est prenante, fascinante, les personnages sont complexes, l’histoire de cette famille est fabuleuse et tellement imbriquée dans celle des arbres, que c’est beau, tout simplement.

« Il n’y a pas de meilleur endroit par où s’échapper qu’une forêt. »

Le roman s’ouvre sur une image d’une coupe d’arbre où l’on voit les anneaux de croissance, associés aux années dont il est question dans le roman. On passe donc de 2038 à 2008, 1974 à 1934 puis 1908, avant de revenir en remontant jusqu’à 2038. Chaque vie, chaque personnage de l’histoire nous est raconté, pour finalement tracer le portrait d’une famille qui s’est construite elle-même: les Greenwood. Un nom tout trouvé! On comprendra d’ailleurs d’où il provient.

« Le bois, c’est du temps capturé. Une carte. Une mémoire cellulaire. Une archive. »

Les chapitres ont tous en commun la relation des personnages aux arbres. L’arbre est présenté comme symbole de vie, mais aussi comme un être vivant que l’on doit protéger à tout prix. Les années qui ont précédé 2038 sont très sombres pour l’arbre qu’on tente de protéger à tout prix. L’arbre a été exploité à un niveau tel qu’il n’en reste presque plus. Toutefois, l’arbre est aussi présenté comme un symbole d’espoir, comme un noble matériau de construction et d’ébénisterie. L’arbre devient à la fois symbole de fortune et choix d’une vie militante, écologique et plus frugale. L’arbre sert de refuge pour deux jeunes garçons, afin de survivre. C’est aussi de l’arbre que l’on tire les plus beaux instruments de musique et la sève sucrée pour en faire du sirop. Dans ce roman, l’arbre suit la famille Greenwood au fil des ans et des générations. L’arbre devient un héritage familial, mais aussi un élément central pour l’humanité.

« Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a vingt ans. À défaut de quoi c’est maintenant. »

Il est très difficile en quelques lignes de raconter cette histoire foisonnante, touchante, dont les chapitres s’imbriquent finalement les uns dans les autres pour ne former qu’une seule et même histoire qui traverse les années. Avec, comme fil conducteur, les arbres qui sont toujours très importants et la recherche d’un précieux journal. De nombreux passages de cette histoire sont magnifiques, j’en ai noté une grande quantité qui résonnaient en moi. Que ce soit la ferme et la table ouverte de Temple, la relation entre Gousse et Everett, la découverte de liens familiaux ou le rôle central que prennent les arbres au cœur de la vie de chacun, à différents niveaux, c’est un roman qui amène de belles choses même dans la noirceur. Au fil des chapitres, on voit comment la vie se déroule en 2038, alors que la terre étouffe. Puis, on plonge dans le passé pour comprendre comment les Greenwood sont devenus qui ils sont au fil des générations, avant de revenir en 2038. 

« Moi je rêve surtout d’arbres. Des arbres que j’ai connus. D’autres que je ne connais pas encore. Parfois ils me viennent en aide, parfois ils me tombent dessus. Parfois je les plante, parfois je les coupe. Mais toujours ils sont là. »

Lorsque le dernier arbre parle naturellement de forêt et de bois, mais surtout d’écologie et de l’importance des arbres dans nos vies. C’est un roman magnifiquement construit que j’avais du mal à mettre de côté. Il m’a rappelé tout le plaisir que j’avais eu à lire, à l’époque, L’arbre-Monde de Richard Powers. La construction est tout aussi ingénieuse et le plaisir de lecture était au rendez-vous. Tellement, que ce livre de Michael Christie est l’une de mes meilleures lectures de l’année et que j’ai eu un gros coup de cœur pour cette histoire familiale étonnante. 

Un livre que je ne peux que vous suggérer, tellement j’ai passé de très beaux moments de lecture.

Lorsque le dernier arbre, Michael Christie, éditions Albin Michel, 608 pages, 2021

11 réflexions sur “Lorsque le dernier arbre

  1. Cet épais bouquin-là, je l’ai dans le colimateur depuis cet été!
    Merci pour la piqure de rappel…
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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