Natalia Z

Natalia ZOslo, juin 1945. Natalia accouche d’un garçon qu’elle abandonne à la naissance.
Plus de soixante années se sont écoulées lorsque Tollef met la main sur son dossier d’adoption. Il apprend alors que le destin de sa mère est intimement lié à l’état du monde pendant la Deuxième Guerre mondiale. Décontenancé par ce qu’il découvre, il décide d’entreprendre les démarches qui feront la lumière sur les événements entourant sa venue au monde. À sa grande surprise, sa mère n’habite plus en Norvège, mais au Québec, dans la petite ville de Chambly. Par l’entremise d’une amie québécoise, il parvient à établir un premier contact avec elle. Mais Natalia paraît peu disposée à lever le voile sur son passé. Ces retrouvailles inattendues ravivent chez elle de profondes blessures. Les images de l’enfer auquel elle a survécu reviennent la hanter, des souvenirs se situant à la frontière de la vérité et du mensonge.

Ce livre a été une agréable surprise. Natalia Z est un très beau roman, inspiré de faits réels.

On se retrouve rapidement happé par l’histoire de cette femme, Natalia Z, qui a dû traverser tellement d’horreurs au cours de la Seconde Guerre mondiale et dont la paix tant espérée est maintenant troublée par cette nouvelle qu’un fils non désiré qui avait été abandonné dans un orphelinat de Norvège (dans le but d’être adopté par une famille norvégienne), cherche maintenant à entrer en contact avec elle. Il souhaite connaître son histoire et ses origines, alors que Natalia Z. cherche à oublier le passé.

« Tollef avait des interrogations? Elle y avait répondu dans la mesure de ses capacités. Se contenterait-il de cela? Il le faudrait bien, car il était hors de question d’approfondir le sujet. Hier encore, elle se plaignait de la monotonie des jours qui se suivent et, pourtant, elle n’était pas prête à échanger la platitude de son quotidien contre de grands bouleversements. »

C’est un roman qui intrigue et happe le lecteur dès le début. Le roman est remplit d’émotions. L’histoire de Natalia Z, son passé sombre, les questionnements, la peur et pour son fils, l’envie absolue de tout savoir, se heurtent régulièrement à travers tout le roman. C’est donc un concentré de questions et d’émotions que l’on retrouve dans cette histoire.

D’un côté, Tollef, qui a envie de connaître son histoire, de tout déterrer du passé de sa mère pour comprendre qui il est et d’où il vient. Il souhaite ainsi pouvoir tracer une ligne plus claire pour sa descendance, mieux saisir ce qui est arrivé lors de sa venue au monde et essayer de comprendre pourquoi sa mère a dû l’abandonner. Il cherche constamment des réponses et tente de remonter le fil de son arbre généalogique pour sa propre famille.

« Il n’y avait pas l’ombre d’un doute. Il suffisait d’associer la date où il avait vu le jour, le 7 juin 1945, avec le fait qu’il avait été abandonné à l’orphelinat pour conclure que la guerre, d’une manière ou d’une autre, était responsable du drame provoqué par sa naissance, car, bien sûr, il ne pouvait s’agir que d’un drame, d’un échec, de l’envers d’une médaille qu’on aurait attribuée à des héros. »

De l’autre côté, Natalia et la peur, l’angoisse. Elle se pose énormément de questions. Elle cherche à comprendre ce que veut ce fils qu’elle n’a pas connu. Pourquoi tient-il à déterrer toutes ses souffrances et ses secrets, à rouvrir des plaies qu’elle a mit tant de temps à essayer de refermer. Elle refuse sans condition de se replonger dans cette douleur qui permettrait à son fils de mieux se comprendre lui-même.

De nombreux thèmes sont abordés dans ce roman et à travers l’intrigue. Les amateurs d’histoire, de généalogie, les gens qui s’intéressent à la Seconde Guerre mondiale et tous les lecteurs qui recherchent de l’émotion pure seront bien servis. Natalia Z. est un roman qu’on peut lire facilement d’un trait, tant il est difficile de refermer le livre entre les différents chapitres. Tout comme Tollef, on veut découvrir ce qui se cache dans le passé de Natalia et mieux comprendre les personnages, dans le but de connaître le fin mot de l’histoire.

L’écriture du roman nous permet d’avoir l’impression d’habiter les personnages du livre. On se surprend à vouloir calmer un peu les ardeurs de Tollef, qui est trop insistant face à sa mère âgée. Parfois, on aimerait le pousser un peu car il se fait beaucoup trop hésitant à prendre des décisions. On a envie de secouer un peu Natalia pour qu’elle s’ouvre d’avantage à ce fils en recherche d’identité. Et que dire de Jeanne également, qui tente par tous les moyens de réunir les pièces du puzzle d’un passé déchiré.

Les échanges écrits entre le fils et sa mère, les recherches de Tollef pour savoir d’où il vient, les échanges de Jeanne qui servira d’intermédiaire entre Tollef et Natatia, permettent de démontrer les séquelles psychologiques qu’engendre la guerre. La réalité des moments durs et inhumains que ces rescapés de la Seconde Guerre mondiale on pu subir. La honte qu’ils peuvent, même encore aujourd’hui, ressentir face au passé. Ces jardins secrets que ces gens refusent d’ouvrir de peur que ce mal revienne à nouveau les hanter, eux et leur descendance.

C’est un roman psychologique très fort qui nous donne à voir les deux côtés d’un même événement et la façon dont il est vécu tant par la mère que par le fils, avec pour toile de fond la guerre, la recherche d’identité et l’histoire.

Une lecture captivante que je conseille fortement. Chantal Garand est une nouvelle auteure que je viens de découvrir et que je relirai assurément. J’adore sa façon de transmettre l’émotion et de transporter le lecteur dans l’univers de son roman.

Un livre à mettre dans votre liste d’achat pour Le 12 août, j’achète un livre québécois!

À noter que les droits en norvégien ont été cédés aux Éditions Cappelen Damm et en ukrainien à Anetta Antonenko Publishers. Natalia Z a aussi été finaliste du Prix des Nouvelles voix de la littérature 2020 du Salon du livre de Trois-Rivières.

Natalia Z, Chantal Garand, Annika Parance éditeur, 324 pages, 2018

4 réflexions sur “Natalia Z

  1. Je n’ai fait qu’un survol de ton billet car comme j’ai lu ce roman il y a quelques temps, je ne l’ai pas encore chroniqué. Par contre dès que j’aurai déposé mon billet, je vais revenir te lire à ce sujet.

    J’aime

Laisser un commentaire