L’empire du froid

Le froid est un adversaire redoutable qui met tout le monde au diapason : qui ne s’adapte pas à ses rigueurs risque d’y laisser sa peau. Les bêtes font leur poil d’hiver, les hommes s’emmitouflent, et chacun rêve secrètement d’une hibernation qui ne prendrait fin qu’au retour des beaux jours. Mais au fait, qu’est-ce que le froid et comment délimiter son empire ? Fort de ses voyages dans les régions du monde où le froid est le plus tenace, François Garde se propose de cerner cet adversaire à travers 99 textes surprenants, insolites, drôles, poétiques. Ces variations qui vous feront frissonner sont à savourer bien au chaud.

J’aime l’hiver et j’aime le froid, bien plus que la chaleur. Bien habillé, on peut en profiter pleinement. Ce livre m’attirait donc beaucoup. C’est avec plaisir que j’ai donc commencé L’empire du froid de François Garde avec mon club de lecture. Sous-titré De l’importance de bien connaître son adversaire ce livre entreprend, en 99 courts textes, de nous parler du froid. 

Anecdotes, faits historiques ou insolites, expéditions, poésie, réflexions, humour, ces textes abordent le froid sous toutes ses formes. L’ouvrage est construit un peu comme un abécédaire pour les grands. Presque toutes les lettres de l’alphabet sont représentées, à raison d’un ou de plusieurs textes par lettre. C’est un livre qui se prête très bien à une « lecture calendrier » ou à une « lecture alphabétique », en choisissant de lire une lettre par jour ou par semaine par exemple. C’est le genre de livre à conserver sur la table de chevet et en lire quelques chapitres à la fois, pour avoir quelque chose de nouveau à découvrir chaque jour. C’est un peu ce que j’ai fait. 

« Le froid n’est pas un perturbateur, mais un conservateur. Un gage de paix. Son déclin ouvre les portes du temple de la guerre. »

Dans cet essai, l’auteur aborde toutes les facettes du froid. De celles qui sont évidentes, comme la Sibérie ou les pôles, à celles qui sont tellement ancrées dans notre quotidien qu’on n’y pense même plus. Il y est question de blizzard, de températures, de territoires, de mots, de culture, d’art, de garde-manger, de sports, de la banquise, des cornets de crème glacée, de cryogénisation, de glacière, de pemmican, des ours, des flocons, des engelures, des légendes, pour ne nommer que ceux-là.

« L’engelure est un petit dragon qu’il ne faut pas réveiller. »

C’est un livre très intéressant qui se lit avec plaisir. On peut grappiller ici et là quelques textes chaque jour et découvrir le froid dans sa globalité, d’un tout autre œil. Les chapitres sont courts, remplis d’anecdotes et on apprend plusieurs petites choses. Le texte est souvent poétique et l’écriture est très jolie.

« À leur façon, les sculpteurs sur glace, funambules du froid, méditent sur l’éphémère du monde. »

C’est une belle façon d’aborder la thématique du froid. Une très bonne lecture!

L’empire du froid, François Garde, éditions Paulsen, 240 pages, 2023

J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond

Né en Écosse en 1838, débarqué à dix ans dans la région des Grands Lacs, aux États-Unis, le jeune Muir s’échine chaque jour dans les champs et lève parfois la tête pour regarder la nature environnante qui l’émerveille. Il consacre une partie de ses nuits à l’invention d’objets mécaniques. Très vite, John Muir s’interroge sur le sens de cette vie de labeur, alors qu’il pourrait vivre en autonomie dans la nature. Il quitte le Wisconsin, sillonne le pays à pied, vit en ermite dans les bois, fasciné et nourri par la vie qui l’entoure. Dans la Californie de la ruée vers l’or, on fait fortune en creusant une dette écologique abyssale, que personne ne voit encore. Sauf Muir, qui la pressent grâce à son attention aux hommes et son amour du paysage. Figure mythique aux États-Unis, fondateur des parcs nationaux, sauveur du Yosemite, John Muir posa clairement la question du sens de la vie dans la nouvelle société industrielle. Ancêtre du concept d’écologie, il fut, selon Roosevelt, « l’homme le plus libre que j’ai jamais rencontré ».

J’ai lu ce livre en lecture commune avec mon club de lecture. Je commence à découvrir John Muir depuis tout récemment et j’avais beaucoup aimé Stickeen. J’avais donc très envie de découvrir un peu plus la vie de cet homme dont la nature était tout.

Quelque part entre la biographie et le recueil de réflexions sur l’univers de John Muir, ce livre retrace la vie de celui qui est considéré comme le créateur du parc national Yosemite. Il s’agit d’une biographie, oui, mais construite différemment peut-être de ce qu’on a l’habitude de lire. On retrouve en parallèle les réflexions et des liens entre la vie personnelle de l’auteur et sa découverte de Muir. Alexis Jenni admire beaucoup Muir et ne souhaite qu’une chose: qu’on lise cet amoureux de la nature. 

« Si on croise quelqu’un en un lieu inaccessible, car il n’existe pas de route, c’est John Muir. Celui qui apparaît dans la lueur de votre feu de camp solitaire, qui s’assoit près de vous et vous parle comme s’il vous connaissait, c’est encore John Muir. Il disparaîtra comme un chamois, en deux bonds, laissant un souvenir imprécis, quelques bonnes histoires, un feu partagé. Il y a quelque chose en lui d’un personnage de Tolkien, Gandalf, Legolas ou Grand-Pas, et dans cette Sierra Nevada presque inhabitée, on se raconte la légende du Marcheur qui peut à chaque instant sortir du bois. »

Originaire d’Écosse, Muir a déménagé enfant aux États-Unis. Il a réparé et créé des machines extraordinaires qui défient l’entendement. Il suffit de faire quelques recherches sur Internet pour réaliser à quel point il pouvait être ingénieux. Il a fait des études, travaillé en usine avant de trouver sa voie: explorer et observer la nature pour mieux la comprendre.

L’auteur, Alexis Jenni, compare régulièrement sa propre vie à celle de Muir et il tente de comprendre l’homme qu’il était. Ses réflexions sont intéressantes généralement, mais certains chapitres, qui me semblaient ne commenter que les écrits de Muir, m’ont laissée perplexe. Cependant, d’autres passages étaient fascinants et m’ont donné envie de lire tout Muir. J’ai appris une foule de choses sur son univers. Cet homme était à la fois intrigant et admirable. Jenni lui rend ici hommage afin qu’on découvre encore ses écrits et ses idées, aujourd’hui. C’est un pari réussi à ce niveau: j’ai envie de lire tout ce que je pourrai trouver de John Muir ou sur lui.

Si certains chapitres m’ont un peu moins intéressée, d’autres se sont avérés être une très belle lecture. Ce peut être un livre intéressant pour quiconque a envie d’une première approche de la vie et l’univers de John Muir. Pour ma part, je ne m’arrêterai certainement pas là!

J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond, Alexis Jenni, éditions Paulsen, 220 pages, 2020

Conan Doyle au Pôle Nord

En 1880, Arthur Conan Doyle, alors jeune étudiant, embarque comme médecin à bord du Hope, un baleinier arctique. Durant tout son périple près du pôle, il rédige son journal : on y découvre un chroniqueur fidèle de la vie à bord, un naturaliste précis mais aussi un jeune homme curieux de tout, plein d’humour et d’autodérision. Son récit, émaillé de nombreux croquis, nous plonge dans un monde à la fois inquiétant et fascinant : s’il dévoile les sombres pratiques des chasseurs de phoques et de baleines, la rivalité entre les navires, Conan Doyle évoque aussi avec enthousiasme les paysages glacés qu’il traverse et la richesse de la faune arctique. Cette expérience insolite, véritable voyage initiatique, a selon ses propres dires changé le cours de sa vie : peu après son retour en Écosse, le père de Sherlock Holmes publie sa première nouvelle, une histoire de fantômes quelque part dans le Grand Nord…

Ce livre m’a tout de suite attirée. J’aime Conan Doyle depuis l’adolescence. Je suis une grande fan de Sherlock Holmes, du canon en passant par les pastiches et les livres-hommage. Sans oublier les adaptations à l’écran! Quand j’ai découvert que Conan Doyle était parti en expédition sur un baleinier, en 1880, alors qu’il était étudiant en médecine, je voulais absolument lire ce livre.

Cette lecture a été vraiment très intéressante. L’objet-livre est magnifique. On l’ouvre comme on ouvrirait le journal de Conan Doyle. Ce très bel ouvrage reprend d’ailleurs les trois tomes de son journal de bord alors qu’il était en mer. Un ami qui devait partir sur le baleinier ne peut y aller et propose à Conan Doyle, alors en troisième année de médecine, de prendre sa place. Le futur créateur de Sherlock Holmes, alors âgé de vingt ans, accepte et part donc en mer sur le Hope. Une carte en début de volume nous explique un peu le trajet qu’il effectue alors avec l’équipage. Le bateau partira le 28 février 1880 pour ne revenir que le 11 août de la même année.

« Une semaine seulement depuis les Shetland, et nous sommes ici loin dans les champs de glace. Un splendide voyage, c’est certain. Champs de glace, blanc de neige dans le bleu très sombre de l’eau, aussi loin que le regard peut porter. »

Conan Doyle tient une chronique détaillée de ce qu’il voit et participe activement au travail sur le bateau, soit la navigation, la chasse à la baleine et aux phoques. Il nous raconte les longues soirées où l’équipage est en attente et qu’il n’y a rien à faire. Il sort souvent ses gants de boxe en soirée pour affronter l’un ou l’autre des membres de l’équipage. Il tient le journal de ses humeurs, de la concurrence entre les bateaux et des différentes prises, de ce qu’il lit, de certains repas ou de son travail comme médecin. Ses tâches ne sont pas toujours celles que l’on imagine. Par exemple, c’est la tâche du médecin de distribuer le tabac sur le bateau. Il nous raconte sa vie à bord, avec ses déceptions, ses drames (les funérailles de l’un des leurs) et les joies relatives au travail ou à de bons moments passés ensemble. Il tient le décompte des prises du jour pour lui et ses compagnons. Les hommes discutent de toutes sortes de choses et il y a plusieurs allusions culturelles ou d’époque. 

Conan Doyle parle aussi des espèces qu’il observe. D’abord celles à qui son baleinier fait la chasse. Les baleines et les phoques, leurs différentes selon les espèces et le rendement qu’elles peuvent apporter, selon celles qu’on doit chasser ou celle dont on doit s’abstenir. Il tient aussi un registre des espèces croisées pendant le voyage, de sa découverte d’espèce d’oiseaux qui l’intéressent bien et qu’il décrit dans son journal. Il rassemble aussi ce qu’il appelle son « musée arctique ».

Ce qui m’a surprise, c’est le ton qu’il emploie dans son journal. Conan Doyle est capable de beaucoup d’humour et d’autodérision. Il ne maîtrise par encore tout à fait le travail sur la banquise et se retrouve à l’eau plusieurs fois, ce qui lui vaut le surnom de « grand plongeur du Nord ». Il se joint à l’équipage comme médecin de bord, mais devient rapidement un membre à part entière et travaille comme les autres. C’est intéressant de le percevoir plus jeune, avec ses idées et sa façon d’être. 

« Absolument rien à faire à part râler, alors on a fait ça. Une journée des plus désagréables avec une horrible mer hachée et de la houle. Pas de phoques, rien que la misère. Me suis senti patraque toute la journée. Été tiré du lit à une heure du matin pour voir un homme à l’avant avec des palpitations cardiaques. Ça n’a pas amélioré mon humeur. »

Ce journal de bord est vraiment très beau. En plus du texte traduit, il contient des photos d’époque. Entre ses pages sont aussi reproduites des cartes et des croquis de l’auteur ainsi que celles d’autres passagers, des notes, lettres, poésie, réflexions, dessins explicatifs crayonnés par Conan Doyle pour tenter de reproduire au mieux ses impressions sur ce qu’il vit à bord du baleinier. C’est aussi l’occasion pour le jeune auteur de découvrir une biologie différente de ce à quoi il est habitué et d’en étudier les rouages. 

« Je ne reverrai peut-être jamais les grands floes du Groenland, ni la terre où j’ai fumé tant de pipes songeuses, où j’ai poursuivi le cétacé rusé, et tiré le malin phoque à capuchon. Qui dit que tu étais froide et inhospitalière, ma pauvre banquise? Je t’ai connu dans le calme et dans la tempête et je dis que tu es généreuse et bienveillante. »

J’ai beaucoup aimé cette lecture qui retrace le voyage initiatique de Conan Doyle et qui est en même temps un beau témoignage sur le travail et les expéditions en Arctique. Cette lecture m’a fait découvrir un Arthur Conan Doyle que je ne connaissais pas du tout, sans doute plus humain et défaillant que l’image qu’on peut s’en faire de façon générale. Un jeune homme faisant de son mieux, transformé en chasseur de phoques du jour au lendemain, mais s’émerveillant malgré tout devant la grandeur du monde polaire. 

Conan Doyle au pole nord. Les carnets retrouvés du père de Sherlock Holmes, Arthur Conan Doyle, éditions Paulsen, 192 pages, 2014

L’Erebus: vie, mort et résurrection d’un navire

ErebusEn septembre 2014, au fond des eaux glacées de l’Arctique canadien, la poupe brisée d’un vaisseau fut découverte. Il s’agissait d’un bateau mythique : l’Erebus. Michael Palin – pilier des Monty Python et réalisateur de documentaires pour la BBC – redonne vie à cet extraordinaire navire, depuis sa mise à l’eau en 1826 jusqu’à ses voyages d’exploration en Antarctique qui ont conduit à sa gloire, puis à son ultime catastrophe en Arctique. Il revisite les parcours entremêlés des hommes qui ont partagé son chemin : le fougueux James Clark Ross, qui cartographia une grande partie des régions australes et supervisa les premières expérimentations scientifiques menées sur place ; mais aussi John Franklin, homme tourmenté qui, à l’âge de 60 ans et après une carrière en dents de scie, prit le commandement du bateau. Il décrit avec brio le quotidien des hommes à bord qui, les premiers, débarquèrent sur la terre Victoria antarctique et ceux qui, à peine quelques années plus tard, finirent gelés jusqu’à en mourir dans les eaux du grand Nord, tandis que des missions de sauvetage tentaient désespérément de les atteindre.

L’expédition de Sir John Franklin est un événement historique qui m’intéresse et me fascine depuis de nombreuses années. C’est une expédition qui a rapidement tourné au cauchemar et qui a marqué les esprits. Quand on a découvert en 2014 l’épave de l’Erebus, c’est avec fascination que j’ai suivi les événements.

Dès l’annonce de la publication du livre de Michael Palin, il était assuré que je souhaitais le lire. Chinouk m’a proposé d’en faire une lecture commune et c’est avec elle que j’ai lu l’histoire passionnante de ce célèbre bateau.

Tout d’abord, l’ouvrage s’ouvre sur une carte retraçant les voyages de l’Erebus. Vaisseau de guerre, l’Erebus commença sa première journée de service le 21 février 1828. Ce bateau, d’abord construit pour la guerre, vit sa carrière s’arrêter avec la fin des guerres napoléoniennes. La constante recherche de nouvelles voies maritimes lui permet d’avoir une « vie » bien remplie, jusqu’à son ultime voyage dans l’Arctique.

« Il s’appelait l’Erebus. Ce n’était pas un nom très gai, mais le navire avait été construit pour intimider, non pour amuser la galerie. Et il n’avait pas été baptisé au hasard: dans la mythologie grecque, Érèbe, fils de Chaos, est associé au cœur obscur des enfers, un lieu synonyme de dislocation et de destruction. »

Avec Michael Palin, on suit la construction de l’Erebus puis sa mise à l’eau, avant de le voir patrouiller en Méditerrannée, avant d’être utilisé pour sa première expédition en Antarctique avec James Clark Ross. À l’époque, les Pôles sont perçus comme le summum de l’aventure et fascinent les population. Aujourd’hui, même si notre relation aux Pôles est un peu différente puisque tant de gens y sont allés et les ont explorés, la fascination n’en demeure pas moins, que ce soit pour les voyages passés ou ceux qui se déroulent en ce moment.

« …non seulement l’Erebus et le Terror étaient devenus les premiers voiliers à traverser la banquise, mais ils étaient parmi les premiers à prouver de manière irréfutable l’existence d’un continent antarctique. »

L’Erebus sera converti en navire polaire avant de se voir confier différentes expéditions, dont celle menée par Franklin. Il est intéressant de découvrir à travers ce récit, la façon dont était vécue la vie sur le bateau. On apprend beaucoup de choses sur la tenue des livres de bord, les lettres envoyées par l’équipage, les arrêts nombreux pour relever des informations, découvrir la faune et la flore, recueillir des données sur le magnétisme de la Terre ou sur les lieux visités et nommés pour les futures cartes. J’ai adoré découvrir comment vivaient les hommes qui devaient souvent partager des années de leur vie sur le bateau, ce qu’ils mangeaient, leur façon de faire face au scorbut, de fêter Noël, d’affronter le froid, les corvées sur le bateau, l’inspection quotidienne de l’hygiène et de la santé de l’équipage. On apprend aussi comment les moments de l’expédition étaient immortalisés – par l’art – jusqu’à l’arrivée de la photographie pour documenter les voyages.

Puis, il y a le départ de Franklin. On retrace son voyage jusqu’à la disparition des bateaux et la mise en place d’expéditions de secours qui arrivèrent, comme on le sait, beaucoup trop tard. Cette portion du livre est très intéressante. On apprend pourquoi certains personnages ont été oubliés, pourquoi certaines informations ont épouvanté la bonne société anglaise de l’époque et de quelle façon l’équipage a laissé des traces de son passage en Arctique. À la découverte de tombes creusées dans le sol glacé du grand nord, jusqu’à la note de Victory Point, toutes les découvertes sont fascinantes et troublantes. Elles ont aussi mené à l’élaboration de plusieurs théories quant à ce qui a pu se passer réellement sur l’Erebus et le Terror.

Bien plus qu’un simple ouvrage sur le parcours d’un bateau, L’Erebus: vie, mort et résurrection d’un navire est un véritable portrait d’une époque, d’une mentalité et de la société dans laquelle le navire a vu le jour. Tout restait encore à découvrir. Le monde s’ouvrait aux hommes avides d’expéditions et de nouveautés. La nature était au service des humains et leur offrait matière à étude. C’était aussi l’occasion pour eux de tenter d’introduire de nouvelles espèces sur des territoires vierges, le sentiment de conquête étant bien ancré dans les mentalités. Conquérir les territoires, les glaces, les animaux. Chaque homme est le produit de son époque et on le perçoit totalement dans l’ouvrage de Palin, avec les mentalités qui avaient cours lors de l’équipage de Franklin et même avant, ainsi que la façon dont l’homme utilisait la nature.

« Intelligents, remplis de curiosité, ils étaient animés par l’esprit des Lumières: il leur fallait chercher à découvrir, repousser les frontières de la connaissance car ils étaient persuadés que plus ils mesuraient, traçaient, calculaient et empilaient les observations, plus l’Humanité en bénéficierait. »

Ce qui est intéressant avec le livre de Michael Palin, c’est le ton qui est employé. Palin est fasciné par ce bateau et il nous transmet très bien cette passion. Il nous raconte l’histoire de ce « navire de guerre » qui ne servira jamais vraiment à combattre, de sa conception jusqu’à sa découverte dans les eaux canadiennes. Il complète son récit par ses propres réflexions et voyages. L’auteur s’est effectivement rendu sur place pour effectuer ses recherches et il nous offre des comparaisons très intéressantes sur les lieux visités par les différents équipages de l’Erebus. Ce qu’il voit aujourd’hui de lieux mythiques, versus ce qu’ils étaient à l’époque de l’Erebus.

« De nos jours, à Greenhithe, au bord de la Tamise, il existe un pub nommé Sir John Franklin où l’on peut boire une pinte de bière et manger un steak frites à l’endroit précis où la famille du navigateur l’aperçut pour la dernière fois. »

Le livre contient de nombreuses cartes en début de chapitres ainsi qu’un cahier de photos au centre de l’ouvrage. Les cartes tout comme les photos, sont passionnantes à regarder. On a l’impression de « vivre » un peu plus ce voyage particulier qu’a dû être celui de l’Erebus, surtout lors de l’expédition de Franklin. L’ouvrage est complété par une chronologie des événements entourant le bateau ainsi qu’une bibliographie.

En complément de cette lecture, je vous invite à découvrir la capsule vidéo créée par Parcs Canada concernant l’exploration, le travail d’archéologie sous-marine et la découverte d’artefacts sur l’épave de l’Erebus. Vous trouverez d’autres vidéos passionnantes sur le compte de Parcs Canada.

Si le sujet vous intéresse, le livre de Michael Palin est à lire assurément. Son ton est agréable, les informations qu’il partage sont accessibles et passionnantes. C’est un ouvrage qui vaut vraiment la peine d’être lu. On le dévore comme on lirait un roman d’aventures!

L’Erebus: vie, mort et résurrection d’un navire, Michael Palin, éditions Paulsen, 391 pages, 2020