L’hôtel de verre

Sur une île près de Vancouver, dans un hôtel à la beauté surréelle dressé au milieu d’une nature sauvage, convergent une poignée de destins fêlés. Alors qu’on attend la venue du riche propriétaire, un étrange graffiti apparaît sur la vitre de la réception. « Et si vous avaliez du verre brisé ? » Ce soir-là, une jeune femme prénommée Vincent officie au bar et le milliardaire lui fait une proposition qui fait tout basculer. Treize ans plus tard, elle disparaîtra du pont d’un cargo au large de la Mauritanie. Au fil d’un récit à relais qui nous entraîne dans une multitude de lieux interlopes – coulisses de Wall Street, terrains de camping pour les quasi-sans-abri, clubs underground, hôtels de luxe, prisons fédérales –, on prend peu à peu la mesure de l’onde de choc créée par l’effondrement d’un réseau financier pyramidal.

J’avais adoré à l’époque Station Eleven d’Emily St. John Mandel, un livre que je me promets de relire un de ces jours. J’avais donc très hâte de découvrir L’Hôtel de verre et j’ai été agréablement surprise. Cette histoire est fascinante et étend ses ramifications d’un chapitre à l’autre pour finalement ne former qu’un tout. On dit qu’il s’agit d’un récit à relais et je trouve l’image très juste. L’auteure a un style très particulier et une façon extraordinaire de construire ses histoires. Soit on adore, soit on n’y comprend rien.

De mon côté, j’ai chaque fois l’impression d’ouvrir une porte secrète qui va me mener dans un endroit auquel je ne m’attendais pas. Les chapitres alternent les époques et les personnages, qui sont tous reliés par des fils plus ou moins ténus. J’adore sa façon de raconter ses histoires. Station Eleven a été mon coup de cœur absolu. L’hôtel de verre a été une lecture fort intéressante qui m’a aussi beaucoup plu et qui me donne envie de lire ses autres livres que je n’ai pas encore découvert. C’est parfait puisque j’en ai deux qui m’attendent dans ma pile à lire.

À partir de l’histoire d’une jeune femme qui s’appelle Vincent, le roman présente plusieurs personnages qui gravitent autour d’elle. Tout part d’un hôtel de verre, perdu au milieu de nulle part et inaccessible en voiture. Alors qu’elle y travaille, Vincent reçoit une proposition qui changera sa vie ainsi que celles des autres autour d’elle également.

« Il y a une exquise insouciance à se réveiller chaque matin en sachant que le pire est déjà arrivé. »

L’hôtel de verre, c’est l’histoire d’un frère et d’une sœur, c’est l’histoire de choix, pas toujours judicieux, d’art, mais aussi d’argent. Par petites touches, l’auteure raconte la montée en flèche d’une affaire financière qui s’effondrera comme un jeu de cartes. Un système pyramidal qui tombe, entraînant des conséquences qui se répercutent bien plus loin qu’on peut le penser, avec tout ce que ça implique pour tous.

« Ce qui la retenait dans le royaume, c’était le fait – précédemment inconcevable – de ne pas avoir à penser à l’argent, car c’est bien cela que l’argent vous procure: la liberté de cesser d’y penser. »

J’ai beaucoup aimé ce livre. J’aime la façon dont Emily St. John Mandel parle des humains, de leurs faiblesses, de leur avidité, de leurs désirs et de leurs émotions. Le roman aborde également l’idée de contrevie, d’une version alternative des événements, une version fantôme de nos vies vécues (ou qui auraient pu l’être). L’idée m’intéresse beaucoup.

« Nous traversons ce monde si légèrement. »

Un roman particulier et assurément atypique. Emily St. John Mandel a un style original où les événements et les personnages se croisent et se recroisent. Chaque fois que je la lis, j’ai envie de la relire. Parce que l’expérience de lecture vaut le détour.

« Il y a un tel bonheur dans une fuite réussie. »

L’hôtel de verre, Emily St. John Mandel, éditions Alto, 392 pages, 2021

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