Alice au pays des merveilles / De l’autre côté du miroir

Cette édition présente les deux principaux récits de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles (1865) et De l’autre côté du miroir (1871), qui en est la suite. Le premier est l’histoire d’un rêve : animaux fantastiques, changements de taille, animation d’objets, toutes les ressources du merveilleux s’y déploient. Dans le second, plus moderne encore, la petite fille accomplit un voyage «derrière le miroir», dans un pays fabriqué comme un échiquier, et où elle devient une figure dans le rêve d’un rêveur, avant d’être la reine du jeu d’échecs. Alice est en vérité un voyage initiatique, qui permet de découvrir le monde, et soi-même.

On ne présente plus Alice qui est largement connue, même si on n’a jamais lu le livre. Que ce soit à travers le cinéma ou simplement dans la culture populaire. Alice incarne l’imaginaire enfantin et est un véritable récit d’aventures fantaisistes. Alice suit un lapin pressé, vêtu d’un gilet et d’une montre, et se retrouve dans un terrier qui l’amène au pays des merveilles. Il lui arrive alors une foule d’aventures et elle y rencontre de nombreux personnages farfelus.

La suite, De l’autre côté du miroir, offre quant à elle une histoire fantastique qui permet à l’enfant de traverser dans un autre monde, à l’aide d’un grand miroir. Qui n’a pas déjà, enfant, rêvassé à l’idée de découvrir un autre monde, que ce soit en entrant dans une pièce, un garde-robe par exemple, ou en découvrant une issue secrète en pleine nature? L’idée est séduisante et a assurément tout pour plaire. 

J’ai lu ce livre pour la première fois en 2005, soit il y a presque 20 ans. Pour cette relecture, je me suis plus attardée sur les détails et les particularités en lien avec la traduction. Cette édition est intéressante car elle regroupe de nombreuses notes qui abordent les choix liés à la traduction. Il faut dire qu’Alice (et sa suite) regorgent de jeux de mots pratiquement intraduisibles, de blagues, de parodies de chansons et de poèmes, qui sont beaucoup plus intéressants pour la compréhension avec des notes explicatives.

L’univers d’Alice me plait toujours autant. J’aime l’originalité et le côté un peu loufoque de certaines situations. Plusieurs dialogues ou conversations entre Alice et les personnages ne vont nulle part et sont insensés, au grand désarroi de la fillette. Ça m’a toujours beaucoup amusée. Certaines scènes sont aussi bien ancrées dans notre imaginaire collectif – celle du thé par exemple ou ce que mange et boit Alice qui la fait changer de taille – et c’est toujours un plaisir de les retrouver à l’écrit. Le texte est aussi poétique et reprend des chansons et des poèmes. Il y a beaucoup d’humour, de jeux, de casse-têtes, de problèmes de logique et d’absurdités. 

Au-delà des films et des dessins animés, il est vraiment agréable de lire et relire le texte à l’origine d’une histoire qui, en son temps, détonnait assurément un peu parmi la production des autres auteurs victoriens. Le monde imaginaire d’Alice est rafraîchissant.

« C’est là que réside sans doute l’innovation la plus radicale dans la conception que Carroll se fait de la littérature pour enfants: installer l’enfant dans un univers dont il est le centre, et permettre aux adultes d’y lire ce qu’ils ont oublié d’eux-mêmes. »

Le livre contient des illustrations de John Tenniel. La préface est très éclairante sur l’époque où l’œuvre a été écrite et sur la place qu’elle prend dans la production littéraire de son époque. Celle-ci, ainsi que les notes, sont de Jean Gattégno.

Alice au pays des merveilles / De l’autre côté du miroir, Lewis Carroll, éditions Folio, 374 pages, 1994

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