Parizeau. Oui au marketing d’un pays

À son époque et à sa manière, Jacques Parizeau a été de tous les épisodes du marketing de l’indépendance. Avec Lévesque, il incarne la crédibilité économique du projet de souveraineté. Il fait sa marque par sa compétence et sa clarté. Devenu premier ministre, il ajoute à ces qualités le leadership et le caractère. Pour porter le projet de pays, Parizeau accepte de se conformer à toutes les règles de la joute politique, dont les aléas du marketing de son parti et de sa propre personne. Il écoute ses stratèges, mais jamais au prix de la création d’un Parizeau «robotisé» et de la rectitude politique. Alain Lavigne dévoile, à l’aide de messages publicitaires, d’objets et de slogans mémorables, comment ont évolué le marketing de la souveraineté et celui de la marque Parizeau entre son arrivée au Parti québécois, en 1969, et le référendum de 1995.

Voici un livre que je souhaitais ardemment lire. Personnellement, la première fois que j’ai pu voter, c’était lors du référendum de 1995. Jacques Parizeau a donc été mon premier vrai contact avec le monde politique. Son franc-parler, souvent mal perçu par les gens, m’a tout de suite plu. C’est le politicien qui m’a le plus marqué et auquel j’ai toujours été très attaché. J’étais très enthousiaste de lire le livre d’Alain Lavigne.

L’ouvrage est une sorte de biographie illustrée de la carrière politique de Jacques Parizeau. On voit naturellement beaucoup ses liens avec René Lévesque, avec son travail, mais aussi le rôle de sa famille, de sa première femme, Alice, et de sa seconde, Lisette. Il y est question de son parcours, autant de ses études que ses inspirations politiques, en passant par son plan élaboré en vue de la souveraineté.

« J’ai beaucoup de difficulté à être un politicien. Je suis au fond une espèce d’ancien… de patriote de l’ancienne vague, additionné d’un économiste technocrate, souvent sans âme. Ça fait une drôle de combinaison. C’est assez curieux comme mélange, mais c’est comme ça. »

L’ouvrage reprend énormément de contenu d’archives, des articles de journaux, des photos, des affiches électorales, des caricatures, toutes sortes de publicités ou d’objets en lien avec Parizeau et le parti. Tout ce qui tourne autour de l’image de Parizeau. Il y a des passages amusants sur ses problèmes d’image et on redécouvre une foule de choses sur cette époque. C’est donc très intéressant visuellement car on a accès à beaucoup de contenu.

C’est un livre parfait pour quelqu’un qui souhaite apprendre davantage de choses sur Parizeau, mieux connaître l’homme politique et sa vision d’un Québec en tant que pays. C’est un ouvrage qui est accessible à tous, pour mieux comprendre l’homme et ses idées. Il n’est pas nécessaire d’être un grand passionné de politique pour l’apprécier. C’est aussi une partie de notre histoire que l’on retrouve dans ce livre.

« Au lendemain du décès de Jacques Parizeau, le chroniqueur Richard Martineau soutient que René Lévesque ne pouvait rêver d’un meilleur allié. En quelque sorte, l’un était le yin et l’autre le yang. Il illustre son propos ainsi:
Le journaliste débraillé. L’économiste soigné. 

Le faux humble. Le faux snob.
Celui qu’on aimait. Celui qu’on respectait.
Ti-Poil et Monsieur.
Le premier qui disait: « Faudrait bien nationaliser l’électricité », et le second qui arrivait avec les chiffres prouvant que c’était bel et bien faisable.
Un duo de choc.
Lévesque dessinait une merveilleux bolide. Parizeau s’arrangeait pour mettre un moteur sous son capot. »

Ce livre m’a appris beaucoup de choses et il m’a permis aussi de retrouver des souvenirs de l’époque de Parizeau. Le livre est abondamment illustré en couleurs. L’auteur a fait un bon travail de recherche. Le propos est intéressant et j’ai vraiment apprécié ma lecture.

Parizeau. Oui au marketing d’un pays, Alain Lavigne, éditions du Septentrion, 198 pages, 2023

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