Les fantômes du passé

Le Québec compte de nombreux lieux qu’on dit hanté. Mais qu’en est-il en réalité? La dépoussiéreuse de crimes a enquêté dans les archives pour mettre à jour les secrets des fantômes du passé. Maison hantée, piano spectral au fond d’un lac, fantômes du château Frontenac, esprits hantant les corridors d’une école secondaire, phénomène paranormaux inexpliqués et trains fantômes, Annie Richard exhume des cas troublants dans ses dossiers de recherche.

J’aime beaucoup le travail d’enquête d’Annie Richard autour des crimes et des histoires mystérieuses du passé et j’avais hâte de découvrir cette série de documentaires jeunesse.

Ce livre s’attarde sur les lieux hantés du Québec. On découvre huit cas différents sur lesquels l’auteure a enquêté. Qu’il s’agisse du Château Frontenac, d’un piano mystérieux, d’une locomotive, d’un couvent ou de différentes apparitions, chaque histoire est intrigante et nous offre un tableau d’ensemble et des éléments d’enquête. J’ai un faible pour l’histoire du piano, pour la dame grise (bien plus effrayante que celle de la dame blanche à mon avis) et pour celle de l’apparition du docteur.

Le livre est ludique, abondamment illustré avec des cartes, des articles de journaux, des photographies, des notes d’enquête et des anecdotes. Visuellement, c’est très intéressant. Les histoires de chacun des dossiers se construisent au fil des recherches de l’auteure. De plus, des astuces pour enquêter et des conseils divers sont proposés, ainsi que des sites d’archives et de ressources à consulter. On parle également de la façon de démystifier les faits de la légende, les histoires imaginées des éléments vérifiables.

« Le Château Frontenac est un lieu de villégiature, un hôtel luxueux et un magnifique joyau du patrimoine de la ville de Québec! Mais en cherchant les fantômes du passé pouvant errer dans les couloirs, j’ai compris que ce lieu comportait son lot de légendes, de mystères et de drames. »

J’ai beaucoup aimé cette lecture et je lirai bientôt les autres livres de la série. C’est une lecture agréable qui devrait plaire beaucoup aux jeunes lecteurs curieux de phénomènes étranges et d’événements mystérieux. Je sais que c’est totalement le genre d’ouvrage que je recherchais enfant. Ça m’aurait tellement plu! J’ai toujours aimé l’histoire et ce qui est un peu étrange et inquiétant.

Une bonne série à découvrir! Je vous parlerai des autres tomes très bientôt.

Les fantômes du passé, Annie Richard, éditions Héritage, En Quête, 95 pages, 2022

Cinq avril tome 2: Le Roi assassin

Fraichement débarqué au royaume d’Albion, Avril devient le pion d’une conspiration visant à discréditer Anne Boleyn, la future femme du roi d’Angleterre, Henri VIII. Pour la compromettre, il suffit de prouver qu’elle a eu une liaison avec le roi de France, François 1er, au moyen de documents qui démontrent qu’il y a bien eu une liaison entre eux : des dessins érotiques d’Anne et François sans doute exécutés par Vinci en personne…

Après avoir terminé le premier tome, j’ai tout de suite enchaîné avec le second, que j’avais heureusement sous la main.

L’album débute cette fois en 1532. Dès le début de cette seconde histoire, Cinq avril débarque dans la ville sur un engin volant, ce qui fait sensation à son arrivée. Il fera une rencontre intéressante qui le mènera vers les Humanistes, les plus grands savants d’Europe.

Cinq avril se retrouve au centre d’une grande affaire essentielle pour le royaume. Il ne tombe pas toujours sur de bonnes personnes. Il est difficile pour lui de faire la part des choses. Il est donc impliqué dans un complot visant à utiliser des inventions ou des connaissances de Da Vinci.

« Londres, 1532. Henri VIII, Roi d’Angleterre, veut divorcer et se remarier avec Anne Boleyn, une jeune femme de la noblesse anglaise, ancienne dame de compagnie à la cour de France. À Rome, le pape refuse le divorce. Henri brandit alors la menace du schisme anglican: une séparation entre l’église anglaise et le berceau catholique. »

On retrouve donc des personnages historiques, comme Anne Boylen et Henri VIII ainsi que le Vatican de l’époque. Les guerres de religion et les tentatives pour étouffer les changements qui pourraient survenir à la cour, sont perçues comme des trahisons. Mensonges, crimes, poursuites, manipulation, tout est bon pour parvenir à ses fins. Cinq avril est au centre de l’action et il lui arrive une foule de péripéties.

Il est aussi toujours en quête de la véritable identité de sa mère, une affaire qui ne cesse de le tourmenter. C’est ce qui le pousse dans ses aventures. On le ressent énormément à travers les deux premiers tomes. Sa constante recherche de la vérité au sujet de sa mère l’occupe beaucoup.

Ce tome est la suite directe du premier et j’ai beaucoup apprécié. Les deux sont égaux au niveau de l’histoire, du dénouement, du dessin et de l’intrigue en général. J’ai découvert qu’un troisième tome est à paraître, La Reine blanche. J’ai très hâte de le découvrir. J’espère le lire bientôt, afin de poursuivre l’histoire de Cinq avril.

Une bonne série jusqu’à maintenant, qui mêle histoire et aventures. Je suis très content de cette découverte.

Cinq avril tome 2: Le Roi assassin, Fred Duval, Noë Monin, Michel Bussi, éditions Dupuis, 56 pages, 2023

Cinq avril tome 1: L’héritier de Da Vinci

5 avril 1510. . Une noble mystérieuse dépose aux portes du château du Clos Lucé un nouveau-né portant pour seul bagage un étrange collier d’or. Baptisé « Cinq Avril » par les cuisinières qui le recueillent et pris sous l’aile d’un autre résident du château, un certain Léonard de Vinci, l’enfant grandit en énergie et en savoir, initié à de nombreux secrets.. A la mort de son mentor, le jeune homme découvre une lettre posthume lui expliquant qu’il porte en lui le pouvoir de changer le cours de l’Histoire s’il perce le secret de sa naissance.

Je me suis tout de suite intéressé à cette bande dessinée à cause de la mention de Da Vinci. J’aime tout ce qui tourne autour de ce personnage historique, son univers et son parcours.

À travers le travail de Duval, Monin et Bussi, un mélange de fiction et de faits historiques, on découvre l’existence de Cinq avril. Il s’agit d’un nouveau-né abandonné et déposé aux portes du clos Lucé, un cinq avril. Tout ce qu’il portait était un badge avec un étrange collier en or. Da Vinci travaille là-bas et il va prendre le garçon sous son aile. Il va lui apprendre toutes ses connaissances, son savoir et ses secrets, en lien avec toutes les expériences qu’il a pu faire et que personne ne connaît.

« [Une nuit, un peu avant sa mort, Léonard se confia à Avril… ]
Je ne t’ai pas choisi par hasard, Avril. Tu m’as apporté le plus précieux des savoirs, celui qui changera la face du monde. En échange, je te confie tous mes secrets. Prends-en soin. De ce que tu en feras, de qui tu deviendras dépend la vie de millions d’âmes sur cette terre… Tu en sauras plus le jour de tes 18 ans. »

Cinq avril aimerait bien connaître son passé et connaître l’identité de sa mère. À la mort de Da Vinci, il retrouve une lettre qui va bouleverser un peu ce qu’il croyait. C’est également une missive qui le pousse vers un objectif immense: celui de changer le monde et le rendre meilleur grâce à ses connaissances. Il ignore alors que sa quête le mettra en danger et que ses poursuivants veulent s’attaquer à lui pour éviter qu’il diffuse ses connaissances et récupérer ce que Da Vinci lui aurait légué. Il doit se méfier de tous ceux qu’il rencontre.

J’ai beaucoup apprécié cette bd, même plus que ce que je l’aurais cru. Les dessins sont très beaux, mais j’avais un peu peur que ce soit enfantin, alors que ça ne l’est pas du tout. Les couleurs sont magnifiques. Les dessins sont très attirants. Il y a un beau travail entre le scénario et le dessin. J’ai adoré l’histoire également, c’était une bonne lecture. On plonge totalement dans l’époque, qui débute en 1514.

J’ai enchaîné tout de suite avec le tome 2, dont je vous parlerai très bientôt.

Cinq avril tome 1: L’héritier de Da Vinci, Fred Duval, Noë Monin, Michel Bussi, éditions Dupuis, 64 pages, 2022

La succession des arbres en forêt

La succession des arbres en forêt est le texte d’une conférence donnée en 1860 à l’attention de fermiers, dans lequel Thoreau apparaît comme un précurseur de l’écologie. À la fin de sa vie, l’auteur de Walden met son insatiable curiosité au profit de la science et établit le lien entre le déplacement des graines par divers agents et l’ensemencement des forêts. Il apporte ainsi une explication naturelle à un phénomène jusqu’alors perçu comme surnaturel, en discréditant les théories créationnistes encore dominantes.

C’est le second livre de Henry David Thoreau que je lis. J’avais beaucoup aimé La désobéissance civile. Thoreau était quelqu’un d’instruit, mais il détonnait parmi les gens de son époque. Avec toutes ses connaissances acquises sur le terrain, il aurait été un bon scientifique. Il faisait toutefois les choses à sa façon.

Ce texte est en fait une conférence qu’il a donné en 1860 à l’attention des fermiers du Concord Famers Club du comté de Middlesex, lors de la foire au bétail. La conférence s’adressait principalement aux propriétaires de bois. C’est un livre que l’on doit replacer dans son contexte et donc, dans son époque. La religion était très présente et, si une forêt de conifères était coupée et que des chênes apparaissaient, l’on croyait alors que c’était l’œuvre de Dieu. 

« Venons-en maintenant à l’observation qui a suscité ces remarques. Je le répète, je pense être en mesure de faire la lumière sur le fait que, lorsqu’on coupe un bois dense de pins, il est tout à fait possible de voir apparaître à sa place des chênes ou d’autres feuillus à bois dur. Il me suffit de montrer que les glands et les noix qui poussent dans le voisinage sont régulièrement plantés dans ces bois. J’affirme en effet que si un chêne n’a pas poussé dans un rayon de dix milles, et qu’un homme n’a pas transporté de gland là-bas, alors un bois de chênes ne va pas jaillir spontanément à la place des pins qu’on a abattus. »

Thoreau passait énormément de temps dans le bois à étudier le fonctionnement des écosystème, les arbres, les repousses, les animaux. Il travaillait donc à modifier la mentalité et la façon de percevoir la nature et ses « mystères ». Dans ses présentations, il tentait d’expliquer et de convaincre les gens que ce n’était pas la religion qui était derrière la vie d’une forêt, mais bien la faune et la flore qui contribuaient à propager les graines et donc, à nourrir la vie de la forêt.

« Je n’ai pas le temps d’entrer dans le détail; je me contenterai de résumer ainsi mes observations: tandis que le vent emporte les semences de pins dans les forêts de feuillus et les terrains découverts, les écureuils et autres petites bêtes transportent les semences de chênes et de noyers dans les bois de pins, et c’est ainsi que s’opère une rotation des récoltes. »

Thoreau est quelqu’un d’intelligent, de particulier, de déterminé, qui allait au-delà des idées reçues sur la nature et sur ce qu’enseignait la religion. Il proposait des théories qu’il vérifiait de lui-même et qu’il tentait de transmettre à travers ses écrits. C’est un auteur qui m’émerveille. Sur certains points on se retrouve et préserver la nature et la forêt est très important pour moi. Ses idées sur la nature rejoignent les miennes sur plusieurs points. C’est un auteur qui décrit bien l’interrelation des êtres vivants dans la nature et il nous pousse à vouloir encore plus la protéger.

Chaque fois que je lis Thoreau, j’ai de plus en plus envie de le découvrir. J’aime énormément le lire et je suis heureux de voir tout ce qui me reste encore à découvrir de lui. Le texte de cette conférence est un petit livre, mais ô combien intéressant!

La succession des arbres en forêt, Henry David Thoreau, éditions Le mot et le reste, 80 pages, 2019

Le Tueur de la Green River

Dans les années 1980, la priorité de la police de Seattle était l’appréhension du « Tueur de la Green River », surnom du meurtrier de dizaines de femmes. Mais en 1990, alors que le nombre de meurtres s’était élevé à au moins quarante-huit, l’affaire a été remise aux mains d’un seul détective, Tom Jensen. Après vingt ans, Gary Leon Ridgway, finalement confondu grâce à une recherche ADN, est interrogé par Jensen pendant cent quatre-vingts jours dans le but de combler les vides de l’enquête et de comprendre son mobile : une confrontation historique avec une incarnation du Mal, un homme aussi inquiétant que déroutant. À ce jour, quarante-neuf meurtres lui sont officiellement attribués, mais Ridgway en a avoué soixante et onze. La plupart des corps n’ont jamais été retrouvés.

Ce roman graphique en noir et blanc raconte la traque du tueur en série Gary Leon Ridgway qui aurait fait au moins 49 victimes.

Le tueur de la Green River est une histoire choquante, terrifiante, avec un tueur déroutant qui aura donné beaucoup de fil à retordre à des équipes entières d’enquêteurs expérimentés. Mais surtout, c’est une bd touchante sur le travail des policiers, principalement Tom Jensen (le père de l’auteur) et son acolyte Jim Doyon.

Des heures et des heures de recherches, d’enquêtes, d’émotions aussi variées que difficiles. Plus de vingt ans pour réussir à aller au fond de cette histoire. Plus de 180 jours d’interrogatoire soutenu avec le Mal afin de pouvoir identifier les victimes. C’est un travail glaçant et de longue haleine.

Un travail qui aura duré plus de vingt ans, avec tout ce que ça peut avoir comme conséquence sur un enquêteur qui s’est investit énormément dans son travail afin que justice soit faite pour les victimes et qu’il puisse apporter des réponses aux familles des disparues. Jeff Jensen rend ainsi hommage au travail de son père à travers cette histoire, mais également à ceux qui travaillent d’arrache-pied afin qu’il existe une forme de justice dans un monde parfois terrifiant et incompréhensible.

J’ai beaucoup aimé ce roman graphique qui s’attarde principalement sur le travail d’enquête, sur ses conséquences et sur l’implication des policiers dans leur travail. Surtout quand il dure aussi longtemps. Le travail empiète forcément sur la vie privée et hante les enquêteurs malgré eux. Comment rester impassible devant de telles atrocités? Comment continuer aussi longtemps à enquêter et à traquer un criminel avec des crimes aussi sordides? 

L’histoire est poignante par moments et l’impassibilité du tueur donne froid dans le dos. Le dessin de Jonathan Case, un dessinateur que j’aime beaucoup, rend bien cette atmosphère.

Si les histoires criminelles vous intéresse, c’est une bd à découvrir.

Le Tueur de la Green River, Jeff Jensen, Jonathan Case, éditions Ankama, 234 pages, 2012

Du premier au dernier jour

Ceci est un recueil de poésie dont vous êtes l’interprète. Un exercice, une pratique. Tous les rituels sont conviés à se déposer dans le blanc de page. Lire, biffer, composer, inécrire. Comme on prie, médite ou prophétise, pour éprouver les formules jusqu’à ce que la révélation apparaisse. 
Fort de trente années à parcourir les routes du monde et les grandes traditions lyriques, Charles Sagalane utilise le murmure des textes sacrés afin d’en distiller une eau-de-vie mystérieusement enivrante. Ainsi soit Du premier au dernier jour.

Charles Sagalane est l’un de mes poètes préférés, un auteur dont je trouve le travail vraiment intéressant et unique. Il nous offre des recueils étonnants, différents, qui présentent des thématiques originales pour nous convier à la poésie.

Ce recueil ne fait pas exception. Il est original et très particulier. L’auteur puise dans les texte sacrés, la vie des prophètes, la mythologie, pour créer un recueil de poèmes atypique. Le recueil est surprenant et le contenu pousse à la méditation.

La construction de ce recueil mérite de s’y attarder. Le texte est minimaliste. Deux lignes de poésie qui se terminent sur une troisième qui ne tient qu’en un mot ou deux. L’évocation en peu de lignes pour des textes sacrés, des univers entiers, des mondes de prière.

« Jonas

les algues s’enroulent aux montagnes, la terre
se referme sur ma vie, ma vie s’enveloppe

sur moi »

Le recueil se construit en sept jours. Chaque poème s’inspire d’un prophète ou d’un personnage gravitant autour de textes sacrés, spirituels ou mythologiques. Chaque journée nous propose d’être l’interprète des textes, d’écrire un poème éphémère, d’offrir une page à une rivière, d’inventer un rituel. Il nous invite à vivre la poésie.

Ce recueil est fascinant. Il pousse à la réflexion et c’est vraiment sa construction qui m’a étonnée. C’est aussi avec curiosité que j’ai recherché les noms des prophètes que je ne connaissais pas, comparé les poèmes à la vie de ces personnages et plongé dans un tout autre monde. C’est un exercice assurément original qui demande un peu d’investissement de la part du lecteur.

J’ai beaucoup aimé cette expérience! Et comme toujours, la plume de Charles Sagalane est superbe.

Du premier au dernier jour, Charles Sagalane, éditions La Peuplade, 128 pages, 2024