La succession des arbres en forêt

La succession des arbres en forêt est le texte d’une conférence donnée en 1860 à l’attention de fermiers, dans lequel Thoreau apparaît comme un précurseur de l’écologie. À la fin de sa vie, l’auteur de Walden met son insatiable curiosité au profit de la science et établit le lien entre le déplacement des graines par divers agents et l’ensemencement des forêts. Il apporte ainsi une explication naturelle à un phénomène jusqu’alors perçu comme surnaturel, en discréditant les théories créationnistes encore dominantes.

C’est le second livre de Henry David Thoreau que je lis. J’avais beaucoup aimé La désobéissance civile. Thoreau était quelqu’un d’instruit, mais il détonnait parmi les gens de son époque. Avec toutes ses connaissances acquises sur le terrain, il aurait été un bon scientifique. Il faisait toutefois les choses à sa façon.

Ce texte est en fait une conférence qu’il a donné en 1860 à l’attention des fermiers du Concord Famers Club du comté de Middlesex, lors de la foire au bétail. La conférence s’adressait principalement aux propriétaires de bois. C’est un livre que l’on doit replacer dans son contexte et donc, dans son époque. La religion était très présente et, si une forêt de conifères était coupée et que des chênes apparaissaient, l’on croyait alors que c’était l’œuvre de Dieu. 

« Venons-en maintenant à l’observation qui a suscité ces remarques. Je le répète, je pense être en mesure de faire la lumière sur le fait que, lorsqu’on coupe un bois dense de pins, il est tout à fait possible de voir apparaître à sa place des chênes ou d’autres feuillus à bois dur. Il me suffit de montrer que les glands et les noix qui poussent dans le voisinage sont régulièrement plantés dans ces bois. J’affirme en effet que si un chêne n’a pas poussé dans un rayon de dix milles, et qu’un homme n’a pas transporté de gland là-bas, alors un bois de chênes ne va pas jaillir spontanément à la place des pins qu’on a abattus. »

Thoreau passait énormément de temps dans le bois à étudier le fonctionnement des écosystème, les arbres, les repousses, les animaux. Il travaillait donc à modifier la mentalité et la façon de percevoir la nature et ses « mystères ». Dans ses présentations, il tentait d’expliquer et de convaincre les gens que ce n’était pas la religion qui était derrière la vie d’une forêt, mais bien la faune et la flore qui contribuaient à propager les graines et donc, à nourrir la vie de la forêt.

« Je n’ai pas le temps d’entrer dans le détail; je me contenterai de résumer ainsi mes observations: tandis que le vent emporte les semences de pins dans les forêts de feuillus et les terrains découverts, les écureuils et autres petites bêtes transportent les semences de chênes et de noyers dans les bois de pins, et c’est ainsi que s’opère une rotation des récoltes. »

Thoreau est quelqu’un d’intelligent, de particulier, de déterminé, qui allait au-delà des idées reçues sur la nature et sur ce qu’enseignait la religion. Il proposait des théories qu’il vérifiait de lui-même et qu’il tentait de transmettre à travers ses écrits. C’est un auteur qui m’émerveille. Sur certains points on se retrouve et préserver la nature et la forêt est très important pour moi. Ses idées sur la nature rejoignent les miennes sur plusieurs points. C’est un auteur qui décrit bien l’interrelation des êtres vivants dans la nature et il nous pousse à vouloir encore plus la protéger.

Chaque fois que je lis Thoreau, j’ai de plus en plus envie de le découvrir. J’aime énormément le lire et je suis heureux de voir tout ce qui me reste encore à découvrir de lui. Le texte de cette conférence est un petit livre, mais ô combien intéressant!

La succession des arbres en forêt, Henry David Thoreau, éditions Le mot et le reste, 80 pages, 2019

La Dernière Frontière

À vingt et un an, l’auteur part pour une traversée solitaire de l’Alaska en canoë. Il suit le cours de la Tanana puis du Yukon jusqu’à la mer de Béring, à 2 000 kilomètres de son point de départ. Sur cet itinéraire peu cartographié, les bivouacs ne sont jamais sûrs, qu’ils soient en lisière de forêt, à la merci des ours, ou chez les habitants, adeptes de beuveries intenses sous le ciel flamboyant des jours polaires. Au-delà de ses représentations de la Dernière Frontière, de Jack London au National Geographic, l’auteur découvre au contact des Natifs leur culture et un territoire fascinant. Ce récit généreux, empreint d’humour, s’ouvre à l’autre en nous plongeant dans l’inconnu.

J’adore les récits de voyage en Alaska et j’ai beaucoup aimé ce livre. L’auteur nous raconte son voyage en solitaire, à bord d’un simple canoë.

Volodia a 21 ans quand il décide de partir pour suivre le cours de la Tanana puis du fleuve Yukon, jusqu’à la mer de Béring. Ce voyage dans la dernière frontière, lui fait découvrir le mode de vie de ceux qui y vivent, la chasse et la pêche, les lieux immensément fascinants, les difficultés de voyager en canoë et les problèmes en cours de route. L’auteur fait d’improbables rencontres, qui sont parfois étonnantes, parfois inquiétantes. Les lieux ne sont pas forcément comme ceux qu’on imagine dans les livres et les grands récits d’aventure. Parfois hostiles, souvent sympathiques et accueillants, certains natifs n’ont rien et sont prêts à tout offrir au voyageur. L’auteur se frotte aussi à un paysage plus grand que nature et à la menace des ours pour laquelle il tente de se préparer tout le long de son voyage.

« Chaque matin est une victoire sur la nuit. Si j’ouvre un œil, c’est qu’aucun prédateur ne m’a dévoré durant mon sommeil. »

Le voyage se fait essentiellement en solitaire, avec des rencontres de temps à autre lorsqu’il accoste quelque part. La routine est différente sur l’eau et la vie quotidienne semble bien loin. Les petits détails banals en pleine ville apparaissent ici comme des défis. Puis, la vie des hommes devient peu à peu inconfortable. La vie sauvage prend le dessus, parfois. Constats et questionnements parsèment ce récit. L’inattendu survient au bout d’une courbe ou dans le changement brusque de température.

J’ai beaucoup aimé la forme que prend ce récit de voyage, par petites touches, selon les événements et le déroulement de l’aventure. L’auteur affronte la solitude, les difficultés d’approvisionnement, la nature qui se déchaîne, l’humidité et l’eau qui imbibe tout. Il n’est pas toujours préparé face à ce qu’il doit affronter, mais se débrouille bien malgré les obstacles. Il se raconte avec sincérité et simplicité, parsemant son récit d’informations variées sur les lieux et l’histoire.

« Plus qu’un fait géographique, une rivière est une ligne de vie. De mort aussi. C’est en s’immergeant dans cette « Dernière Frontière »  naturelle qu’une frontière humaine se dévoile. »

La dernière frontière a été un grand bonheur de lecture. Un livre dans lequel on se laisse porter, aux côtés de l’auteur, dans une nature fabuleuse et au fil de l’eau. Un voyage passionnant où l’inattendu peut survenir à chaque instant!

Une carte du voyage et des principaux lieux visités par l’auteur est ajoutée au début du récit. Elle permet aussi d’identifier les rencontres ou les événements marquants.

La Dernière Frontière, Volodia Petropavlovsky, éditions Le mot et le reste, 168 pages, 2023

La succession des arbres en forêt

La succession des arbres en forêt est le texte d’une conférence donnée en 1860 à l’attention de fermiers, dans lequel Thoreau apparaît comme un précurseur de l’écologie. À la fin de sa vie, l’auteur de Walden met son insatiable curiosité au profit de la science et établit le lien entre le déplacement des graines par divers agents et l’ensemencement des forêts. Il apporte ainsi une explication naturelle à un phénomène jusqu’alors perçu comme surnaturel, en discréditant les théories créationnistes encore dominantes.

J’ai lu La succession des arbres en forêt de Henry David Thoreau avec mon club de lecture.

Cette petite plaquette reprend le texte d’une conférence donnée par Thoreau en 1860, devant la Société d’agriculture à Concord. Pourquoi, alors qu’on coupe par exemple un boisée des pins, ce sont des chênes qui repoussent ensuite? C’est en tentant d’en expliquer les raisons qu’il construit sa conférence.

Il faut savoir qu’à l’époque de Thoreau, le créationnisme est encore une doctrine bien ancrée. On croit à la naissance spontanée et surnaturelle d’une plante sans forcément en comprendre les raisons scientifiques. C’est un peu pour contrecarrer ces idées reçues que Thoreau s’adresse à son auditoire, en misant sur ses observations et sur la science. 

Thoreau profite de la tribune qui lui est offerte pour expliquer de quelle façon les graines réussissent à se déplacer pour ensemencer les forêts. Son propos à l’époque était assurément singulier aux yeux de plusieurs de ses contemporains.

J’ai bien aimé cette lecture même si elle est assez courte. L’introduction de Michel Granger replace le texte dans son contexte historique et aborde un peu l’époque de Thoreau. À la fin on retrouve des notes et des repères chronologiques, ainsi que le texte Thoreau essayiste, qui parle du travail de l’écrivain.

Il est toujours intéressant de lire Thoreau et je pense que la collection qui regroupe ces petits livres peuvent être une bonne porte d’entrée pour aborder son œuvre. 

La succession des arbres en forêt, Henry David Thoreau, éditions Le mot et le reste, 80 pages, 2019