Green Manor

Lord paralysé qui cherche à se venger de l’amant de sa femme ; petit bonhomme insignifiant persuadé l’être l’Ange de la Mort ; médecin passionné rêvant d’examiner le cerveau du grand poète et peintre William Blake : les gentlemen croisés au très select Green Manor Club sont pour le moins inquiétants. Car derrière la splendide façade victorienne se cachent en fait les passions les plus violentes et les pulsions les plus meurtrières.

J’ai découvert Green Manor au début des années 2000. Ces historiettes de Club privé, où les gentlemen se racontent des histoires criminelles me plaisaient beaucoup. J’ai été particulièrement heureuse quand l’éditeur a réédité ces histoires en un magnifique intégral. Je ne pouvais assurément pas passer à côté. Ce recueil de bandes dessinées contient 18 historiettes criminelles, teintées d’humour noir, qui sont un vrai plaisir de lecture!

Nous sommes à la fin des années 1800. Un domestique du Green Manor est interné dans un hôpital psychiatrique. Il aurait été frappé d’une crise de démence à quelques jours de sa retraite. Son histoire encadre l’ensemble des historiettes que l’on retrouve dans ce recueil. Ce qu’il raconte laisse les gens perplexes autour de lui et son médecin traitant. Mais si ce qu’il disait était vrai?

Green Manor est un Club privé où se retrouvent les messieurs pour passer du bon temps et discuter. Un vrai Club comme on se l’imagine, avec des cigares et un petit verre pour passer le temps. Mais ce Club est particulier. Les crimes sont souvent au menu des rencontres. Les hommes s’amusent à décortiquer des affaires criminelles et à élaborer toutes sortes de plans pour commettre le meurtre parfait. 

Mais au Green Manor, on ne se contente pas seulement d’en parler. Parfois, on passe à l’acte. Les 18 histoires que l’on retrouve dans ce recueil parlent d’empoisonnement, de testaments, de vengeance, de crime sans victime, de chasse à l’homme, de déduction à la Sherlock Holmes, et du meurtre considéré comme l’un des beaux-arts. Car au Green Manor, « le meurtre n’est rien sans un peu d’élégance. » 

« -J’approuve entièrement l’écrivain De Quincey lorsqu’il considère l’assassinat comme un des beaux-arts. Mais force est de constater qu’il manque à cet art un véritable chef-d’œuvre. 

-Et si plutôt que d’attendre passivement, nous tentions de réaliser nous-mêmes ce chef-d’œuvre? »

J’adore cette bande dessinée! Elle est vraiment amusante et c’est un vrai plaisir que de s’y plonger, tant pour les petites histoires que pour le contenu visuel. Les dessins sont plaisants et cette édition est tellement belle. Green Manor nous offre une atmosphère typique des clubs de cette époque, des histoires criminelles bien rodées aux revirements amusants. Toute la bande dessinée est teintée d’humour noir et de scènes absurdes. On y retrouve de nombreux clins d’œil littéraires également. C’est une très belle lecture qui me rappelle le Club des veufs noirs d’Isaac Asimov (que j’adore et qui est malheureusement assez inconnu dans l’œuvre d’Asimov).

Il faut aussi souligner la beauté de l’ouvrage, qui est très soigné, avec un signet cousu, une page intérieure colorée et l’aspect usé d’un vieux bouquin. Il est complété par un important cahier graphique. Un véritable plaisir pour les yeux!

Green Manor, 18 délicieuses historiettes criminelles, Denis Bodart & Fabien Vehlmann, éditions Dupuis, 216 pages, 2018

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