
Le jour où Richard Adam comprit qu’il n’avait qu’une vie, il n’avait jamais été aussi proche du ciel. Il se tenait en équilibre sur une poutrelle d’acier, à près de soixante mètres de hauteur. De son perchoir, il pensa que la vue était sublime, et la vie, terriblement fragile. Il n’avait jamais été vraiment sujet au vertige. Jusqu’à aujourd’hui. C’était la première fois qu’il ressentait ce trouble. Mais il avait une bonne raison. Il venait de comprendre qu’il était désormais orphelin. Sa mère était morte dans la nuit. Afin de ramener le corps de sa défunte mère en terre indienne, Richard Adam entreprend un périple initiatique sur les traces de ses ancêtres au cœur du Canada sauvage. À mesure qu’il se reconnecte avec ses origines, et guidé par le loup, son animal totem, avec lequel il va progressivement faire corps, il se découvre le don chamanique de communiquer avec les esprits de la nature…
J’ai découvert ce roman un peu par hasard, chez mon libraire. La couverture m’a tout de suite attiré. Le roman est excellent, ça été une bien belle découverte.
La mère de Richard vient de mourir. Dans ses dernières volontés, elle demande à son fils d’aller répandre ses cendres sur la réserve de Pineridge, au Dakota du Sud, où elle est née. C’est une Lakota Oglala. Plus jeune, elle est tombée amoureuse d’un blanc et elle a été rejetée par sa communauté. Elle est donc allée vivre ailleurs. Elle a élevé son fils seule, à l’écart de son peuple.
Richard n’a jamais été dans la réserve, ne connait personne de sa famille. Il est charpentier de métier et c’est un homme très solitaire. Sa mère est la personne qui compte le plus dans sa vie. Il vit d’ailleurs avec elle. Sa vie est donc totalement chamboulée au décès de sa mère. Puisqu’il doit s’occuper des cendres, il ira dans la réserve, sera confronté à la vie qu’a connu sa mère avant de le mettre au monde. C’est ce qui va l’amener à découvrir ses racines. Il est alors témoin des problématiques que vivent les autochtones: problèmes d’alcool, de drogues, de santé mentale, de violence et de brutalité policière, en lien avec la gestion gouvernementale déficiente des réserves.
« Quand il pénétra dans la réserve, Richard Adam fut frappé par le silence qui y régnait. On aurait dit un territoire peuplé de fantômes. Des champs d’herbes folles balayées par le vent à perte de vue, avec çà et là des nuages de poussière tourbillonnant dans les airs. Et au loin quelques chevaux parqués dans un pré. »
Ce qui est intéressant avec ce roman, c’est que l’arrivée de Richard dans la réserve nous permet d’être confronté à la réalité de ce que vivent les Première Nations. Enfermés, cloîtrés dans la réserve, Richard découvre ce que les siens vivent. Il va apprendre des gens de sa famille, va découvrir tout le côté spirituel et les croyances du peuple de sa mère. Il découvre la façon dont la mort est perçue et abordée par les gens de la réserve. Ce qui amène beaucoup de changement dans la vie de Richard, qui s’attendait à aller seulement répandre les cendres et rentrer chez lui. Son séjour chez les Lakota Oglala changera complètement sa vision du monde. À travers les rencontres qu’il fera, Richard va apprendre à se connaître lui-même. Il va découvrir sa propre voie.
Chaman est un livre que j’ai énormément apprécié. C’est une histoire qui nous amène dans la réalité de Richard et de la réserve. Le personnage a un côté très authentique. On apprend beaucoup de choses sur le quotidien de la réserve et du peuple auquel appartenait sa mère. Les chapitres sont très courts, l’histoire avance bien. Au début de chaque chapitre, on découvre des citations d’autochtones. Les pensées sont magnifiques et profondes. Elles s’accordent bien au texte et amènent une belle réflexion sur la vie des Premières Nations et leurs croyances. On voit également, tant par le texte que par les citations, le contraste entre le mode de vie des Blancs, qui ont énormément détruit autour d’eux, et celui des autochtones.
« Parmi les livres conservés, un en particulier attira son attention. Il s’agissait d’un traité sur l’histoire des premières nations amérindiennes. Tallulah l’avait laissé sur sa table de chevet. Jusque-là, il ne s’était jamais vraiment intéressé à l’histoire de ses ancêtres, et sa mère avait toujours été peu diserte sur le sujet. Mais dès qu’il l’eut en main, il feuilleta presque compulsivement cet ouvrage dont la première édition devait bien dater de plus de cinquante ans. »
Je vois ce roman comme un message, sur la destruction de la nature et du mode de vie des Premières Nations, versus la façon de vivre des Blancs. Le personnage de Richard amène cette dualité et confronte les deux visions, puisque son père est Blanc, et que sa mère est autochtone.
Chaman a été une belle découverte pour moi. C’est un roman simple, à l’écriture très fluide, qui peut se lire facilement d’un trait. De mon côté, je l’ai lu par petites touches pour en savourer la lecture. C’est un roman que je conseille, qui est intéressant et m’a aussi beaucoup touché. À travers les yeux de Richard Adam et de tout ce qu’il découvre, il est difficile de rester insensible à ce que le roman nous transmet. J’ai aussi été séduit par la très belle couverture. J’ai vraiment apprécié la plume de Maxence Fermine, qui était une découverte pour moi. Je vais assurément lire d’autres livres de lui dans le futur et relire celui-ci, dont l’univers m’a beaucoup parlé.
Chaman, Maxence Fermine, éditions Michel Lafon, 224 pages, 2020
Wow, je note avec grand intérêt.
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Il est vraiment excellent, je suis sûr que tu vas adorer 😉
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Un sujet qui m’intéresse beaucoup. Je note.
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C’est une excellente lecture, j’espère qu’elle te plaira 📖🙂
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