
Née de mère mohawk, la Dre Marie-Jeanne Richard est exaspérée. Après trente ans de thérapie et d’antidépresseurs, elle ne se sent toujours pas libérée de sa honte d’elle- même, ni du traumatisme de ses seize ans. Son mari, Louis, et son amie Sofia, ostéopathe, la convainquent d’essayer une plante médicinale ancestrale de l’Amazonie. Marie-Jeanne participera donc à une cérémonie d’ayahuasca offerte par des chamans du Brésil et d’Afrique du Sud, sur le territoire mohawk de Kanehsatake. C’est alors qu’elle verra la lumière et entreprendra de construire un pont entre les plantes médicinales autochtones et la médecine occidentale.
J’aime énormément tout ce qui touche aux cultures ancestrales, aux savoirs de ces communautés et aux façons qu’ils ont de communiquer. Leur rapport à la terre et aux esprits, ainsi que leur spiritualité m’interpellent énormément. J’avais donc de grandes attentes face au livre de Lucie Pagé et j’avais une grande hâte de découvrir ce roman. Cette lecture a été au-delà de mes attentes. J’ai adoré ce roman. C’est un très gros coup de cœur pour moi. C’est, de plus, une histoire construite sur des faits réels et s’inspirant de choses vécues par des gens de l’entourage de l’auteure.
Le roman nous raconte la vie de Marie-Jeanne, qui va devenir Marie-Lumière, ainsi que le quotidien des gens qui l’entourent. Les personnages sont très attachants, avec chacun un côté intéressant. Marie-Jeanne est athée, elle a été élevée dans un univers scientifique où les preuves sont primordiales. Elle est médecin, voit un psychiatre car elle est sujette aux dépressions et à l’anxiété. C’est au moment où elle réalise que les médicaments ne font que masquer son mal, qu’elle cherchera à s’ouvrir à d’autres méthodes. Elle n’en peut plus de vivre de cette façon, avec l’impression que son mal de vivre n’est que masqué et jamais vraiment soigné. C’est grâce à une amie qu’elle va découvrir les cérémonies d’ayahuasca. De sceptique à conquise, elle va découvrir un univers en marge de tout ce qu’elle a connu. Elle revoit par le même fait ses positions et va apprendre qu’il n’y a pas que le tangible qui est réel.
« Toutes ces thérapies, ces milliers d’heures passées assise face à un professionnel ne l’avaient toujours pas soulagée de son mal profond. On ne lui apprenait qu’à le gérer, pas à le guérir. Son cinquantième anniversaire avait réveillé en elle un désir de véritable guérison. »
Ce roman est très intéressants à plusieurs points de vue puisqu’il démystifie certaines pratiques et offre un nouveau regard sur les croyances et la spiritualité. On découvre les cérémonies d’ayahuasca, une plante thérapeutique que les chamans utilisent traditionnellement pour la guérison. Ces cérémonies amènent aussi les gens qui y participent à un grand voyage spirituel. Le lecteur vit donc auprès de Marie-Lumière une cérémonie complète d’ayahuasca. Le roman propose aussi une ouverture face aux pratiques de la médecine traditionnelle, versus la médecine contemporaine. Un livre qui véhicule donc plusieurs messages et qui offre des rebondissements, en lien avec des interventions policières par exemple, qui garde le lecteur en haleine.
« L’ayahuasca permet d’élargir cette gamme, d’agrandir le champ d’énergie et de vibrations perçues. Il nous amène à voir ce qui est là, mais que nos cinq sens ne parviennent pas à capter, ou percevoir, ou sentir, ou voir, ou entendre. Et c’est pourquoi on ne qualifie pas ces visions d’hallucinations, puisqu’il s’agit de la réalité qui nous entoure, mais une réalité qui reste inaccessible à nos sens limités de terriens dans des corps humains de basses vibrations, comme les chaises. »
L’auteure aborde également le statut des nations autochtones, d’ici mais aussi d’ailleurs. La façon méprisante dont les premières peuples ont été traités à cause de leur façon différente de vivre ou de percevoir leur environnement. On banalise trop souvent leur présence et leurs croyances. Je pense qu’on devrait les écouter davantage. La cérémonie est une façon d’unifier les peuples et de mettre en commun les connaissances. Un thème qui revient beaucoup dans le livre, soit celui de l’importance de laisser une place à ces connaissances ancestrales qui sont en train de se perdre et qui sont rarement valorisées dans nos sociétés.
« La société colonisatrice avait imposé un modèle fondé sur l’autorité des hommes dans tous les domaines. En fait, les femmes autochtones détenaient plus de pouvoir au sein de leur communautés que les femmes blanches. Au fil du temps, les femmes autochtones ont été infantilisées, ont perdu leur droit de parole et leur pouvoir de décision, le gouvernement ayant même adopté des règlements interdisant les rôles décisionnels des femmes au sein des conseils de bande. »
L’auteure fait un parallèle avec le mal de vivre qu’on voit énormément aujourd’hui. Notre société nourrie aux antidépresseurs, où l’anxiété, le stress et la dépression sont devenues monnaie courante. Notre société est tristement malade. L’auteure parle de l’importance de l’équilibre entre les hommes et les femmes, de la Mère-Terre, de notre environnement qui dépéri, par manque d’équilibre. La nature est très présente, chaque être vivant est utile et important. Le livre nous sensibilise aux liens qui existent entre tous les vivants. Le personnage principal deviendra d’ailleurs une sorte de pont entre la médecine contemporaine et la médecine ancestrale
Marie-Lumière est un livre que je trouve très beau, qui nous ouvre des horizons sur un savoir ancestral que la société d’aujourd’hui a mis de côté. J’aime relire mes livres et Marie-Lumière est le genre de livre que je relirais de temps en temps. C’est une lecture que j’ai grandement apprécié, autant par la qualité de l’écriture que par son histoire et son message. L’auteure véhicule un message très prenant. J’ai trouvé le thème passionnant. Aussitôt refermé, j’avais envie de le relire!
Je recommande fortement ce roman pour tous ceux qui ont un intérêt ou une curiosité envers les peuples autochtones et leurs connaissances. C’est un véritable coup de cœur et une découverte pour moi que la plume de Lucie Pagé. Le roman est captivant, on veut toujours en savoir plus et c’est un livre qui est venu beaucoup me chercher, tant par ses sujets que par le dénouement de l’histoire. Chaque chapitre débute d’ailleurs par une citation très inspirante qui se marie bien avec le texte qui suivra.
Marie-Lumière est un livre qui fait du bien. Qui nous pousse à lâcher prise, à mieux vivre. C’est un très beau roman, lumineux et passionnant. Je l’ai d’ailleurs déjà conseillé autour de moi.
Un livre qui sera précieux dans ma bibliothèque.
Marie-Lumière, Lucie Pagé, éditions Libre Expression, 288 pages, 2021
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