
Chicago, 1959. Charlie Rizzo, qui vient de perdre sa mère, doit emménager avec son père aveugle. Pour le jeune garçon, l’histoire est limpide : Matt Rizzo a perdu la vue à la suite d’un accident de chasse, comme il le lui a toujours raconté. Mais le jour où un policier sonne à leur porte, Matt choisit de révéler à son fils la partie immergée de son passé, et la véritable raison de sa cécité : un vol à main armé qu’il a commis des années plus tôt, alors qu’il fréquentait la mafia de Chicago…
Ce livre m’attirait énormément. Déjà l’objet-livre en lui-même est magnifique et le résumé m’intriguait. J’ai été vraiment heureux de découvrir ce roman graphique qui est une vraie merveille. Le récit est hypnotique, fascinant et touchant. Le livre raconte l’histoire d’un jeune garçon qui vient de perdre sa mère. Il doit aménager avec son père Matt, devenu aveugle suite à un accident de chasse. Le jour où un policier sonne à leur porte, Charlie découvre la véritable histoire de son père.
Le récit s’attarde sur Matt et aborde la réalité de la vie dans une ville comme Chicago, où l’homme subit une foule de mauvaises influences. Il fera de mauvais choix et se retrouvera en prison, où il devra apprendre à vivre en même temps avec sa récente cécité. Il partage sa cellule avec un autre détenu, Nathan Leopold, un célèbre criminel. Rapidement, les deux hommes développent une belle amitié et Matt découvre l’univers carcéral et ce qu’est réellement la loi de la rue.
« C’était censé être un coup facile, un seul vendeur derrière la caisse, Messina avait tout vérifié la veille. Je pensais qu’il avait l’habitude et qu’il savait ce qu’il faisait. Ce qu’il ignorait, c’est que le patron était dans l’arrière-boutique. Il s’était déjà fait braquer et, depuis, il avait acheté un fusil. »
Nathan Leopold est un grand lecteur. En constatant que Matt est aveugle, Nathan le prend sous son aile et il apprend le braille afin de l’enseigner à Matt. Il souhaite que son compagnon de cellule puisse mieux se débrouiller, se faire respecter des autres détenus et avoir accès d’une certaine façon à un monde qui lui est maintenant refusé depuis qu’il a perdu la vue. Matt acceptait très mal le fait d’être non-voyant. C’est la lecture et la découverte d’œuvres littéraires, en particulier La Divine Comédie de Dante Alighieri, qui le sauvera.
« Leopold disait que, quand on sait vraiment quelque chose, on doit pouvoir l’apprendre à quelqu’un d’autre. Alors, pour mon examen final, j’allais devoir traduire aux gars L’enfer de Dante. Je n’avais aucune idée de là où il voulait m’emmener, mais je n’avais pas trop le choix. »
Parallèlement, nous suivons la relation entre Matt, en tant que père et écrivain, des années après sa sortie de prison, et son fils Charlie. Ce qui est intéressant, c’est de voir le développement des sens de Matt, afin de pouvoir continuer à vivre au quotidien. Ce qui enrichi la vie, quand on a perdu un sens, par exemple. Je pense à Charlie, qui joue du violoncelle, et à Matt qui l’apprécie de plus en plus et en perçoit l’évolution, vu que son ouïe est plus développée.
Matt et Charlie ont connu une belle complicité, jusqu’à ce que le jeune homme atteigne l’adolescence. Charlie suit un peu les traces de son père, en ayant l’influence de la rue et en faisant des choix douteux. La relation entre les deux devient tendue, surtout lorsque Matt avoue sa véritable histoire. Le roman graphique alterne donc entre le passé et le présent, puisque Matt raconte ce qu’il a réellement vécu à son fils. C’est l’occasion d’assister à l’évolution de leur relation au fil des ans. Le roman graphique nous offre de belles pages où Matt écrit et où son fils lit les textes de son père. Il lui pose des questions afin d’en savoir plus, ce que l’on découvre aussi tout au long des pages. Ces passages sont hyper intéressants et donnent une dimension très humaine au récit et à la relation père-fils.
Les livres, l’écriture et la lecture demeurent au centre de l’histoire et tiennent une place primordiale tout au long du roman graphique. En prison, avec l’aide de Nathan, la littérature et l’écriture sont de puissants moteurs de changement, de renouveau, de vie. Pour un lecteur, c’est un thème que l’on comprend et qui m’apparaît comme important. C’est forcément réconfortant pour quelqu’un qui aime les livres.
Captivant et passionnant du début à la fin, le récit est appuyé par les illustrations de Landis Blais qui sont exceptionnelles. C’est un vrai plaisir pour les yeux que de découvrir à travers son coup de crayon l’histoire vraie de Matt et Charlie. L’accident de chasse est le premier livre de David L. Carlson, ce qui est vraiment étonnant vu la qualité irréprochable de ce roman graphique. Son sujet est fouillé et documenté, très réaliste. On sent la tonne de travail derrière cette œuvre, tant au niveau de l’écriture que du graphisme.
J’avais de grandes attentes vis-à-vis cette lecture et le livre a surpassé tout ce que je m’imaginais. Le texte tout comme les illustrations, sont magnifiques. C’est une histoire passionnante et très riche, où la littérature prend énormément de place. C’est aussi un récit sur la vie et la liberté. S’affranchir de la prison, et surtout de sa prison intérieure, aide à mieux vivre et à être soi-même. Savoir qu’il s’agit d’une histoire vraie m’a vraiment intéressé et apporte une dimension très touchante à la vie de Matt Rizzo.
J’ai été époustouflé par la qualité de ce roman graphique. C’est un livre que je relirai assurément dans quelques années et qui marquera forcément mon année 2021, même si elle ne fait que commencer. Un livre à lire absolument. Un très gros coup de cœur pour moi!
L’accident de chasse, David L. Carlson, Landis Blair, éditions Sonatine, 472 pages, 2020
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