Garde-chasse dans le Wyoming, Joe Pickett ne plaisante pas lorsqu’on braconne sur ses terres. Il a même arrêté le gouverneur de l’État qui pêchait sans permis, ce qui ne lui vaut pas que des amis ! Aussi, lorsque Sheridan, sa fille de neuf ans, dit avoir vu «un monstre» s’approcher de la maison une nuit, Joe penche plutôt pour un rôdeur. Une ombre inquiétante, qui devient un véritable problème quand Joe découvre, quelques jours plus tard, le cadavre d’un chasseur étalé en travers de son tas de bois pour l’hiver. Tandis que d’étranges créatures se mettent à vivre dans le tas de bois, les autorités attribuent cette mort suspecte à un simple accident. Mais Joe ne se satisfait pas des conclusions données par la police locale et se lance dans une enquête qui va déranger pas mal de monde…
J’aime beaucoup C.J. Box qui écrit des romans policier se rapprochant énormément du nature writing. Il y a quelques années j’ai lu certains de ses livres et j’ai envie de reprendre mes lectures, essentiellement sa série Joe Pickett. Récemment j’ai lu un titre de la série Cody Hoyt, mais le personnage m’a beaucoup moins plu. J’ai donc eu envie de relire ce que j’avais déjà lu mettant en scène le garde-chasse Pickett, puis de reprendre peu à peu la série.
La première aventure mettant en scène Joe Pickett est Détonations rapprochées. Ici, nous faisons connaissance avec le garde-chasse et sa famille. Pickett est un personnage très intéressant. Il est doux, attachant, intelligent, discret (même s’il se retrouve trop souvent et contre son gré, sous les projecteurs). Il aime sa femme et sa petite famille, même s’il regrette de ne pas pouvoir lui donner plus. Son poste n’est pas le mieux rémunéré du monde et il a une femme et deux enfants à charge, un troisième en route. Il est garde-chasse de l’État du Wyoming parce que c’est un amoureux de la nature qui rêve de ce travail depuis l’enfance. Quand le livre commence, ça ne fait qu’une semaine qu’il est à son poste dans cette région.
J’aime sa vision des choses quand il parle de la chasse:
» Joe n’avait aucun problème avec les chasseurs qui tuaient pour se procurer de la viande. Il trouvait que la méthode était en fin de compte plus honnête que d’aller l’acheter au supermarché emballée dans de la Cellophane. Il n’avait jamais compris les arguments de ceux qui s’opposent à la chasse sans être pour autant végétariens. »
Joe commence tout juste à prendre ses marques dans son nouveau travail. On le voit intercepter les chasseurs, faire des vérifications et parler avec certains d’entre eux. Puis, un beau jour, sa fille à l’imagination débordante lui parle d’un monstre là, dehors. Joe réalise alors que ce qu’a pu voir sa fille existe bel et bien: on retrouve le cadavre d’Ote Keeley, un chasseur avec qui Joe a eu quelques problèmes. L’homme est mort dans son tas de bois, à quelques mètres de sa maison. Commence alors une longue et difficile enquête pour Joe, qui ébranlera les fondations de sa famille.
« Comment se faisait-il que ce qu’elle avait prit pour un monstre sorti de son « imagination surexcitée », comme disait sa mère, se fut en fin de compte révélé réel? Elle avait l’impression que le monde réel et celui de ses rêves avaient fusionné dans cet événement. Soudain, des adultes s’y trouvaient mêlés. Une idée étrange lui vint à l’esprit: et si son imagination était puissante au point de donner corps aux choses qu’elle rêvait? »
On suit Joe qui tente de faire la lumière sur ce qui s’est produit. Il se sent « impliqué » vu son altercation avec le chasseur retrouvé mort et le fait qu’on l’a retrouvé chez lui. Beaucoup de questions sont en suspens et Joe tente de trouver les réponses. Ce n’est pas simple pour lui étant donné que tous ceux autour de lui tentent de lui mettre des bâtons dans les roues…
« Il avait souvent remarqué que celui qui parlait le plus était aussi celui qui avait le moins à dire. Il aurait aimé que chaque être humain se voie allouer un certain nombre de mots à utiliser au cours de sa vie. La réserve épuisée, on aurait été condamné au silence. »
Parallèlement, on suit la fillette de Joe, Sheridan, qui est totalement impliquée malgré elle dans l’enquête et dans les récents événements. C’est un personnage très intéressant, un peu à l’image de son père. Elle préfère la petite maison en pleine nature au luxe et au tape-à-l’œil. Elle est intelligente, curieuse, c’est une enfant particulière. Elle a quelque chose de son père et je trouve qu’elle est tout aussi attachante. Elle est ici au cœur de l’histoire et plusieurs chapitres lui sont consacrés.
Les chapitres débutent souvent par des extraits de l’amendement à la loi sur les espèces menacées. On en comprend toute la portée à mesure que l’histoire avance.
« Une chose était d’imaginer des montres, une autre, et bien différente, d’en voir vraiment. »
Ce roman me plaît beaucoup. Outre la nature qui est omniprésente et fait pratiquement office de personnage au roman, l’histoire aborde plusieurs thèmes intéressants, comme la chasse et la façon dont elle est gérée; l’implantation de pipelines et tout l’aspect écologique et économique qui en découle pour les populations; ainsi que la disparition et l’extermination d’espèces en danger. J’aime aussi énormément Joe et sa famille. C’est un personnage tout ce qu’il y a de plus normal et c’est sans doute ce qui fait son charme. Ce n’est pas un alcoolique violent, ni un coureur de jupon. Il est fidèle à ceux qu’il aime. Quelqu’un d’ordinaire qui se retrouve mêlé, de par son travail, à des choses particulières. J’adore!
Un bon roman policier qui nous plonge dans le Wyoming et aborde des questions écologiques et environnementales. À découvrir!
Détonations rapprochées, C. J. Box, éditions Points, 320 pages, 2004
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