Midwest, 2009. Dans l’aube glacée, des centaines de chômeurs en quête d’un job font la queue devant un salon de l’emploi. Soudain, une Mercedes fonce sur la foule, laissant huit morts et quinze blessés dans son sillage. Le chauffard, lui, a disparu dans la brume, sans laisser de traces. Un an plus tard, Bill Hodges, flic à la retraite qui n’a pas su résoudre l’affaire, reste obsédé par ce massacre. Une lettre du « tueur à la Mercedes » va le sortir de la dépression et de l’ennui qui le guettent.
J’aime beaucoup Stephen King qui touche à tous les genres. J’ai eu envie de lire Mr Mercedes en lisant quelque part que le personnage de Holly Gibney découverte dans L’outsider était récurrent de la trilogie Bill Hodges. Car oui, Mr Mercedes est le premier tome de la trilogie mettant en scène Hodges, un policier à la retraite. La diffusion en français, dans quelques jours, de la série télévisée adaptée du roman m’a convaincue de m’y mettre maintenant. Et j’ai passé un très bon moment!
Bill Hodges est à la retraite et il s’ennuie. C’est un homme plutôt seul qui n’a plus cette passion qui le gardait en vie du temps de ses enquêtes. Il passe ses journées à manger devant la télé et à jouer avec l’arme de son défunt père. Une façon comme une autre de passer le temps.
« Hodges a lu quelque part qu’il y a des puits si profonds en Islande que l’on peut y jeter des cailloux sans jamais les entendre faire plouf. Il pense que c’est pareil pour certaines âmes humaines. »
Dans sa carrière, une enquête le hante encore. Une enquête qu’il n’a jamais pu résoudre avant de quitter le service, celle de Mr Mercedes, un cinglé qui a foncé sur une foule avec une Mercedes volée. Quand Mr Mercedes lui envoie une lettre pour raviver cet échec dans sa carrière et voulant pousser Hodges au suicide, c’est plutôt le contraire qui se produit. Il lui redonne cette étincelle et cette adrénaline du plaisir qu’Hodges avait en enquêtant. Suivra alors une étrange correspondance sur un site web sécurisé et Hodges qui ne pourra s’empêcher d’enquêter quand même pour retrouver le tueur à la Mercedes. En marge de la loi Bill Hodges s’entourera au fil du temps d’une équipe non officielle, avec qui il mènera sa propre enquête: son voisin Jerome, un jeune homme brillant qui s’occupe de tondre sa pelouse et de réparer son ordinateur; Janey la sœur d’une victime qui « l’engage » pour enquêter; et Holly sa cousine, qui se retrouve être un atout précieux, malgré ses tics, son angoisse et sa différence.
Il y a plusieurs aspects vraiment intéressants dans ce roman. Tout d’abord, on sait dès le début qui est Mr Mercedes, alors que Bill Hodges lui ne le sait pas. Ensuite, on se promène entre le quotidien de Hodges et celui de Mr Mercedes. On suit donc le fil des pensées de chacun des personnages, leur évolution à mesure que l’enquête avance et les messages qu’ils s’échangent.
J’ai apprécié qu’on retrouve dans ce roman beaucoup de technologie, tant par les moyens de communication entre Hodges et Mr Mercedes que dans la façon de commettre les crimes. Également, le groupe qui se greffe à Hodges pour enquêter est aussi improbable que plaisant. J’ai particulièrement apprécié le duo que forme Jerome, un adolescent sérieux et doué, et Holly, une jeune femme névrosée surprotégée par sa mère. Tous les deux apportent beaucoup au plaisir de lecture de ce roman.
Et que dire de Mr Mercedes, qui attire autant la pitié que le dégoût, qui est un personnage malade, au passé tordu. Il est quand même très intéressant à découvrir. Entrer dans la tête d’un personnage comme lui est toujours effrayant et troublant. Il m’a par moments rappelé la folie de Norman Bates, le personnage inventé par Robert Bloch.
« Est-ce qu’on peut lui reprocher d’avoir frappé le monde qui a fait de lui ce qu’il est? »
Même s’il s’agit d’un roman policier, on retrouve dans Mr Mercedes le style de Stephen King: beaucoup de descriptions, des personnages vivants et complexes pour qui on a un certain attachement même s’ils sont complètement tordus. Tout n’est pas que blanc ou noir chez King et j’aime beaucoup sa façon de parler du genre humain, de la complexité de l’homme qu’il soit du bon côté de la loi ou non.
Mr Mercedes est le premier tome de la trilogie Bill Hodges, qui comprend également Carnets noirs et Fin de ronde que je lirai prochainement. On retrouve aussi certains personnages vus dans L’Outsider.
Mr Mercedes a été adapté en série avec Brendan Gleeson dans le rôle de Hodges et Harry Treadaway dans celui de Brady. La première saison s’inspire de Mr Mercedes, la seconde de Fin de ronde et la troisième de Carnets noirs, les deux derniers tomes étant inversés quant à leur ordre dans l’adaptation. J’ai hâte de voir ce que ça donnera à l’écran!
Pour le moment, je ne peux que vous conseiller ce très bon roman policier, preuve que Stephen King réussit dans plusieurs genres différents, toujours en sachant garder l’intérêt du lecteur. J’ai trouvé le roman très prenant et je l’ai lu très rapidement, avide de savoir comment ça se terminerait.
Mr Mercedes, Stephen King, éditions Le livre de poche, 672 pages, 2016
Heureuse que ce premier tome t’a plu. Les deux autres sont aussi très bons. Concernant l’adaptation j’ai aussi hâte d’en voir le résultat malgré que les dernières tirés de l’oeuvre de King ne mont pas emballée (celles de Dôme et 22/11/63 vraiment ratées selon moi).
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Merci! On verra bien! J’ai adoré l’adaptation de ÇA et aussi Castle rock qui s’inspire plutôt de l’univers de King. Under the Dome la première saison était pas mal mais le reste… j’ai lu il me semble que même Stephen King ne l’aimait pas. J’en ai quelques uns à voir sur Netflix qui me tentent bien.
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