Yaichi élève seul sa fille. Mais un jour, son quotidien va être perturbé… Perturbé par l’arrivée de Mike Flanagan dans sa vie. Ce Canadien n’est autre que le mari de son frère jumeau… Suite au décès de ce dernier, Mike est venu au Japon, pour réaliser un voyage identitaire dans la patrie de l’homme qu’il aimait. Yaichi n’a pas alors d’autre choix que d’accueillir chez lui ce beau-frère homosexuel, vis-à-vis de qui il ne sait pas comment il doit se comporter. Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses…
Je voulais lire ce manga depuis un moment après en avoir entendu de bons mots ici et là. J’ai donc commencé ce premier tome de quatre avec quelques attentes et j’espérais que l’histoire serait à la hauteur. Et c’est le cas!
Le mari de mon frère raconte le quotidien d’une famille: Yaichi et sa petite fille Kana. Ils vivent au Japon, dans une culture plutôt traditionnelle. Débarque alors chez eux Mike venu du Canada. Mike était marié au frère jumeau de Yaichi, Ryôji, exilé en Amérique pour vivre sa vie normalement et pouvoir épouser l’homme qu’il aimait. Si la rencontre est d’abord un choc pour Mike qui voit en Yaichi le portrait de son amoureux décédé, la vie de Yaichi est quant à elle complètement perturbée par l’arrivée de ce grand gaillard imposant comme une armoire à glace, aux allures de bûcheron. C’est avec les yeux de Kana que Yaichi apprendra à voir Mike et la relation qu’il avait avec son frère. Si ses préjugés sont d’abord tenaces, Mike commence peu à peu à effriter le mur solide que le japonais avait construit autour de lui et de ses émotions.
Ce manga est un vrai plaisir à découvrir. Mike est un personnage attachant, drôle et bon vivant. Il est gentil et adopte tout de suite Kana. La petite fille est plus que ravie d’avoir un oncle venu tout droit du Canada. La fillette, par ses questions qui mettent parfois son père mal à l’aise, met en évidences les préjugés de Yaichi et le pousse à percevoir les choses avec ses yeux à elle: celle d’une enfant ouverte d’esprit et curieuse de découvrir une nouvelle façon de voir la vie et de vivre.
Il y a des moments cocasses et assez amusants dans ce manga. J’ai également trouvé que c’était une histoire aux personnages bienveillants. Mike fait doucement sa place dans cette famille qu’il ne connaissait pas mais qui est liée à lui par l’amour qu’il portait pour Ryôji. À travers les souvenirs que son mari avait partagé avec lui, Mike découvre son beau-frère et sa famille, ainsi que les lieux associés à l’enfance de son amoureux.
Avec cette histoire, l’auteur attaque les préjugés tenaces contre l’homosexualité et tente de nous montrer qu’il n’existe pas qu’une seule façon d’aimer ou de vivre.
« Kana a raison. S’il avait été « l’épouse » de mon frère… Quand bien même j’aurais été déstabilisé… J’aurais sûrement trouvé ça naturel de l’inviter à rester à la maison… Je l’aurais même probablement proposé moi-même. En fait, peu importe qu’il soit étranger, qu’il vienne d’un autre pays… C’est parce que le conjoint de mon frère est un homme que je suis mal à l’aise. C’est moi qui ne sait pas encore comment je dois me comporter avec lui. »
C’est aussi un livre qui brosse le portrait de deux cultures différentes qui se confrontent. Outre l’histoire, le manga offre aussi après certains chapitres, un « petit cours de culture gay by Mike« . Ces interludes culturels nous présentent des tranches d’histoire en lien avec l’homosexualité. La première aborde l’adoption des lois autorisant le mariage entre personnes de même sexe à travers le monde, alors que la seconde parle des triangles roses dans les camps nazis.
L’émotion est également au rendez-vous dans cette histoire familiale. Mike et Yaichi apprennent peu à peu à se connaître, l’ombre de Ryôji, décédé, plane entre eux. C’est à travers les souvenirs et le passé que les deux beaux-frères se rapprochent un peu. Il est intéressant aussi de constater que les préjugés ne se limitent pas à l’homosexualité, mais aussi aux différents rôles dans la société. Yaichi est un père seul, qui s’occupe de la maison et de sa fille. Il a un peu honte de ce rôle « d’homme au foyer ». Mike lui fait réaliser que son travail quotidien, celui d’élever une enfant et de s’occuper de leur foyer est d’une grande importance. Toujours, beaucoup de bienveillance dans les propos de Gengoroh Tagame.
Ce manga milite pour une ouverture d’esprit universelle et l’inclusion de chaque personne. Il est à mettre entre toutes les mains.
Si vous ne l’avez pas encore lu, c’est le moment! Les autres tomes sont dans ma pile à lire et serons chroniqués très bientôt.
Le mari de mon frère t.1, Gengoroh Tagame, éditions Akata, 182 pages, 2016
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