Simetierre

simetierreLouis Creed, un jeune médecin de Chicago, vient s’installer avec sa famille à Ludlow, petite bourgade du Maine. Leur voisin, le vieux Jud Crandall, les emmène visiter le pittoresque « simetierre » où des générations d’enfants ont enterré leurs animaux familiers. Mais, au-delà de ce « simetierre », tout au fond de la forêt, se trouvent les terres sacrées des Indiens, lieu interdit qui séduit pourtant par ses monstrueuses promesses. Un drame atroce va bientôt déchirer l’existence des Creed, et l’on se trouve happé dans un suspense cauchemardesque…

La sortie du film Cimetière vivant, dont Simetierre est l’adaptation au cinéma, m’a donné envie de découvrir ce roman de Stephen King. Je lis King depuis deux ans environ et j’adore ses livres. Il y a quelque chose de très prenant, de fantastique dans sa façon de décrire les personnages, qui les rend consistants et qu’ils « existent ». Dans sa façon de nous les présenter, nous nous attachons à eux, même quand ils font des choix discutables.

« C’est le 24 mars 1984 que Louis Creed connut sa dernière journée de véritable bonheur. « 

King aborde toujours une panoplie de thèmes profonds, bien plus qu’il n’y paraît et Simetierre n’y a pas fait exception. En filigrane du roman se posent de grandes questions sur la vie et la mort. Louis Creed vivra des moments de grande souffrance et il tente de faire ce que tout père de famille tenterait de faire: rechercher la vie qui existait avant le drame.

« Peut-être que j’ai fait ça parce qu’il vaut parfois mieux faire comprendre aux enfants qu’il y a des états pires que la mort. »

Simetierre est un livre très effrayant. Pas forcément parce qu’il fait peur au premier degré. De ce côté, Ça était pour moi encore plus terrifiant. Dans Simetierre, King aborde le thème de la mort et du deuil. Ce sont des questions qui reviennent très souvent dans le roman et c’est aussi sur ces questions que démarre la trame du livre. D’abord avec Ellie, la fillette qui a une sorte de sensibilité aux choses et qui anticipe la mort de son chat. Elle pose aussi beaucoup de questions sur ce qui arrive après la mort et est confrontée à certains départs dans son entourage qui la rendent plus éveillée à ce sujet. Elle pose beaucoup de questions à son père médecin. Il y a également l’expérience terrifiante vécue par Rachel, la femme de Louis, qui est très marquante. Plusieurs personnages meurent ou sont déjà morts quand l’histoire commence. Sans parler du premier jour de travail de Louis, qui vire au cauchemar…

« Et de toutes les questions que l’on peut se poser à ce sujet, la plus terrifiante est sans doute celle de savoir la quantité d’horreur qu’un esprit humain peut endurer en demeurant intégralement lucide. »

La mort et le deuil sont des thèmes qui sont au cœur de la vie humaine. C’est d’ailleurs l’un des plus grands mystères de la vie. C’est l’inconnu. On sait qu’on y passera tous. C’est sans doute pourquoi ce roman est si terrifiant: il baigne dans une forme d’horreur psychologique qui donne la chair de poule. Parce que King joue avec cette peur qu’ont tous les humains à différents degrés. Devoir affronter la mort, ne pas l’accepter, essayer de faire son deuil… Une histoire vieille comme le monde qui prend des proportions terrifiantes lorsque King s’en mêle et nous offre un roman d’horreur intelligent et percutant. Il y est beaucoup question de limites à ne pas franchir. On peut y voir un parallèle entre les croyances et le côté sacré des rituels funéraires, ainsi qu’une forme de questionnement sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.

« Ces choses-là sont secrètes, Louis… Un cœur d’homme a un sol plus rocailleux… aussi rocailleux que celui du cimetière des Micmacs. On y fait pousser ce qu’on peut… et on le soigne. »

Comme souvent chez cet auteur, il y a un côté surnaturel ou fantastique à certaines explications. Ici, il s’inspire de croyances amérindiennes et du Wendigo par exemple, pour faire intervenir encore plus de matière à nous donner le frisson. D’ailleurs, si le sujet de cette créature vous intéresse, je vous conseille un roman jeunesse, La colline, assez intéressant qui met justement en scène cette créature.

« Cet endroit… aussitôt que vous y avez mis le pied, il prend possession de vous… et vous vous inventez les intentions les plus louables du monde afin d’avoir un prétexte pour y retourner… »

Plus je découvre King, plus je réalise qu’il y a beaucoup de messages derrière ses histoires. Il ne fait pas de l’horreur pour de l’horreur. Il a toujours abordé des thèmes « difficiles » même quand ce n’était pas vraiment l’époque de remettre certaines choses en question. C’est ce que j’aime chez lui.

cimetiere vivant

Cette lecture a été très prenante, très intrigante. J’ai vraiment aimé ce roman. J’avais donc très envie de voir la toute dernière adaptation au cinéma. Il faut savoir que ce n’est pas une adaptation à proprement parler, mais plutôt un film qui s’inspire du roman.

J’y suis allée aujourd’hui. J’ai bien aimé le film. Il y a des changements majeurs entre le livre et le film, mais j’ai trouvé que dans l’ensemble, le scénario respectait l’idée générale du livre. La fin est différente, sauf qu’on revient en quelque sorte à la même chose que l’idée originale de King. Les deux œuvres traitent de la mort et du deuil d’un enfant. Je regrette seulement que le film ne laisse pas plus de temps à la relation entre Louis et son voisin, afin qu’on ait l’impression qu’ils sont de véritables amis. Je trouve dommage qu’on ne sente pas du tout ce lien spécial dans le film. Dans l’ensemble cependant, c’est un bon film, divertissant. Par contre, lisez le livre! Il en vaut vraiment la peine.

En attendant, je vous conseille ce roman, totalement addictif et très particulier. La petite note au début du livre prend tout son sens quand on tourne la dernière page…

« La mort est un mystère, et la sépulture un secret. »

De là, il n’y a qu’un pas pour en faire un roman où l’horreur est palpable et Stephen King réussit avec brio!

Simetierre, Stephen King, éditions Le livre de poche, 636 pages, 2003

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