Solitude volontaire

solitude volontaireVoici un livre qui se propose de parler de la solitude en parlant de la société ; un livre qui précise ce que signifie le fait d’aimer être seul ; un livre qui s’adresse au voyageur qui est en nous et sollicite notre sens de la justice ; un livre, enfin, qui nous invite à repenser la solitude volontaire pour y voir d’abord, et avant tout, une expérience de liberté et un ressort critique. On ne donne aucune recette de bonheur. On ne conseille pas non plus de choisir entre la contemplation et l’action, la sagesse et la politique. Pour définir un bon usage de la solitude, on se demande plutôt : que fuyons-nous dans le voyage ? Que trouvons-nous dans la solitude ? Que veut dire être à soi ? La société nous suffit-elle ? Quel genre de citoyen est le solitaire ? Peut-on se rendre solidaire quand on est solitaire ? Pourquoi faut-il croire en la nature ?

Solitude volontaire a été une très belle découverte. Je ne m’attendais pas à cette voie littéraire qu’emprunte ici Olivier Remaud et ce fut une belle surprise. Entre ces pages, qui se veulent une réflexion sur la solitude, on croise une belle brochette d’auteurs, de voyageurs, d’explorateurs et d’objecteurs de conscience: Henry David Thoreau, Christopher McCandless, Jean-Jacques Rousseau, Jack London, Edward Abbey, Jack Kerouac, Glenn Gould, et bien d’autres. C’est un vrai plaisir de retrouver tous ces auteurs et voyageurs à travers les pages et le propos d’Olivier Remaud. Qu’est-ce que la solitude volontaire et pourquoi avoir envie de solitude?

« Loin du vacarme, l’individu acquiert un savoir des choses qui dépendent de sa volonté. »

Dans cet essai, Remaud étudie plusieurs aspect de la solitude voulue. Tantôt à travers les écrits d’explorateurs qui ont bravé la nature hostile pour vivre pendant un moment à l’écart de tout; tantôt à travers des auteurs qui ont peu voyagé, comme Thoreau, et sa cabane en retrait. L’essai aborde plusieurs réflexions autour de la solitude. Pourquoi la rechercher? Il est presque suspect de souhaiter être seul, de vouloir cultiver la solitude.

« Quand on dialogue avec soi-même, on prend des risques. »

L’auteur donne des exemple concrets, puisés dans la littérature, de personnages qui ont recherché cette solitude. Est-ce une fuite? Est-ce une forme de rébellion face à la société? Il aborde le thème de la liberté à travers la solitude, le besoin de se ressourcer, la spiritualité et la religion, les voyages, la solitude intérieure, la politique et les convictions, la mythologie des cabanes et la communauté.

« L’ermite américain s’échappe dans la nature. Ce comportement n’est pas antisocial. Son désir de solitude est politique. Le paradoxe est qu’il s’élabore dans la privation. »

Pour ceux qui s’intéressent à Henry David Thoreau, l’auteur apporte une piste d’analyse pour mieux aborder ses écrits et propose quelques réflexions sur son oeuvre. Thoreau n’est pas le centre de cet essai, mais sa contribution littéraire en fait un personnage récurrent intéressant et un point de départ pour une réflexion enrichissante. Il préconise d’ailleurs de vivre chez soi comme un voyageur. J’aime cette idée.

La nature n’est pas absente de cet essai. Elle en est le cœur même. C’est bien souvent dans la nature que l’on puise cette solitude recherchée. À défaut, on peut retrouver une forme de solitude intérieure pour mieux vivre. Mais à mon avis, rien ne vaut la nature. L’auteur et plusieurs écrivains cités sont aussi de cet avis.

« La nature convient à la solitude. La volonté épouse le rythme des saisons. Elle respire avec les arbres. La pensée américaine est fascinée par les forêts. Dans les bois, l’individu change de peau. Il commence une nouvelle vie tout en remontant vers son enfance. »

L’ouvrage est complété par une « petite bibliothèque de la solitude volontaire », de jolies lectures à découvrir pour compléter sa propre réflexion sur le sujet. J’y ai retrouvé des références qui m’ont beaucoup parlées. Je pense entre autres à ma lecture récente de Désert solitaire d’Edward Abbey ou à celle, plus ancienne, du livre de Bernie Krause, Le grand orchestre animal. J’ai aussi noté le livre de Aldo Leopold, L’almanach d’un comté des sables, que je compte bien me procurer!

J’ai passé un excellent moment avec Solitude volontaire, un thème qui m’est très cher. Je me suis retrouvée dans les réflexions amorcées par l’auteur et j’ai pris plaisir à découvrir certains extraits de textes qui illustrent bien le propos. C’est une très bonne lecture, que je vous conseille assurément!

Solitude volontaire, Olivier Remaud, éditions Albin Michel, 224 pages, 2017

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