Shinrin Yoku – L’art et la science du bain de forêt

IMG_0652Le bain de forêt est une pratique médicale qui existe au Japon depuis longtemps sous le nom de shinrin-yoku. Les recherches du Dr Qing Li, expert en sylvothérapie, ont prouvé que passer du temps au contact de la nature, que ce soit en marchant dans les bois, en faisant une pause dans un parc, en aménageant sa maison avec des plantes d’intérieur ou en vaporisant des huiles essentielles, avait d’innombrables bienfaits sur notre santé. Ces habitudes provoquent réduction du stress, stimulation de l’énergie, amélioration de la concentration et de la mémoire, réduction de la tension artérielle et même perte de poids. Vous trouverez dans cet ouvrage tous les conseils pour mettre en pratique le shinrin-yoku et bénéficier du pouvoir des arbres. Recentrez-vous sur vos cinq sens pour apprécier les cadeaux de la nature et profiter pleinement de l’instant présent.

Je ne connaissais pas le Shinrin Yoku avant d’avoir en main cet ouvrage. Je connaissais toutefois le principe sans le savoir: les bienfaits qu’apportent le plaisir de se faufiler dans la forêt et de vivre pleinement ce moment avec les cinq sens. Le Shinrin Yoku c’est un peu tout ça, mais relié à la médecine, à la science et à la santé.

« L’art des bains de forêt consiste à se connecter à la nature par l’intermédiaire de nos sens. »

Tout d’abord, le livre en tant qu’objet est très beau. L’arbre de la couverture est en relief, les pages sont épaisses, abondamment illustrées.

Shinrin Yoku montage

Dès les premières pages, on découvre ce qu’est le Shinrin Yoku: la science qui a voulu étudier le sentiment de bonheur et de calme qui nous enveloppe quand on entre dans une forêt et qu’on y passe un moment. Il s’agit donc de sylvothérapie ou bain de forêt. Au Japon, c’est une pratique bien ancrée qui semble assez nouvelle ici. Là-bas, des forêts sont consacrées à cette science et on peut même se faire accompagner d’un médecin pour améliorer sa santé! Plusieurs prescrivent d’ailleurs des « bains de forêt » aux gens stressés. On en aurait bien besoin par ici!

L’auteur, médecin, rapporte les nombreux bienfaits de la forêt dans la vie quotidienne. Il y a tout un chapitre sur l’importance des espaces verts, des parcs, des forêts et les efforts qui doivent être faits afin de conserver ces lieux qui nous apportent tellement. Cette lecture m’amène d’ailleurs à déplorer tous ces arbres constamment coupés pour construire des quartiers résidentiels, parfois sans égard pour tout ce que peuvent les arbres pour nous. Le défi de notre époque est lié en grande partie à la gestion du stress, de plus en plus difficile et qui affecte tout le monde. Mon idée à ce sujet rejoint beaucoup celle du livre: la forêt et par extension la nature, peuvent grandement nous aider à vivre plus sereinement. Encore faut-il se donner les moyens d’aller se perdre dans la nature et sortir jouer dehors ou tout simplement prendre le temps de contempler la nature qui nous entoure.

Le livre se divise en différentes sections, certaines plus axées sur la science et la médecine, d’autre se penchent plus vers le bonheur d’être dans la nature et la réceptivité de nos cinq sens face à ce qui nous entoure quand nous sommes en forêt. On parle du sport en plein air (c’est tellement merveilleux d’aller bouger dehors!), de la façon d’optimiser les bains de forêt en recréant à la maison ou au bureau des îlots « naturels » faits de plantes, d’odeurs, d’images. Le concept est intéressant et je l’appliquais déjà sans le savoir dans mon quotidien. La nature m’est vitale et l’auteur abonde dans le même sens, même pour les gens vivant en ville, même pour ceux « qui n’ont pas le temps ».

J’ai adoré le passage qui parle de l’odorat en forêt et qui décortique les différentes odeurs que l’on peut respirer lorsqu’on se retrouve en pleine nature. Ces passages mettent des mots sur mes observations lorsque je me promène en forêt. L’odeur du bois, des feuilles, de la terre, fait partie du plus grand des bonheur d’être en forêt. J’aurais aimé que ce soit encore plus détaillé. Le livre aborde d’ailleurs les huiles essentielles, en lien avec ce chapitre, pour les moments où nous ne sommes pas en forêt. Il y est expliqué aussi comment confectionner un diffuseur. Dans l’ouvrage, les cinq sens sont abordés, même le goût, mais c’est surtout l’odorat qui a retenu mon attention.

On retrouve également plusieurs outils à consulter et sites web dans le livre afin de comprendre le couvert forestier mondial et ses retombées sur l’humain, principalement pour sa santé. Il y a tout un travail d’éducation à faire, en urbanisme dans les villes et auprès des générations à venir.

« Dans « Last Child in the Woods », Richard Louv propose un terme pour décrire le fossé existant entre les enfants et la nature. Il appelle cela le « trouble déficitaire de la nature. » Il a relié le manque de la nature dans la vie des jeunes à l’augmentation de troubles du comportement, des cas de dépression, de l’obésité, ainsi qu’aux carences en vitamine D et à un accroissement de la myopie. »

Un autre extrait que je trouve tellement pertinent dans le monde ultra-connecté où nous vivons:

« Mais surtout, si les enfants jouent dehors, ils grandiront en souhaitant prendre soin de l’environnement. Des preuves de plus en plus nombreuses montrent qu’être au contact de la nature dès la jeunesse crée un sentiment de connexion au monde naturel qui perdure à l’âge adulte. Les enfants qui s’amusent dans la nature deviendront des adultes qui en prennent soin, la protègent et cernent bien son importance. »

C’est un livre vers lequel il fait bon revenir, puisque c’est une lecture très zen. Le genre de livre à conserver sur la table de chevet.

Le livre se termine sur une carte de 40 forêts magnifiques à travers le monde et sur le questionnaire POMS, une série de questions visant à calculer et comprendre les retombées psychologiques des moments passés en forêt.

Le livre est écrit par un japonais et donc, très axé sur les forêts japonaises, sur la flore qu’on retrouve au Japon et sur le mode de vie de ses habitants. Ça m’a un peu déstabilisée au début puisque j’avais l’impression que certains passages ne s’adressaient pas directement à moi. Sauf que l’on peut aussi percevoir ces chapitres comme étant le reflet de ce qui se passe au Japon et une autre vision que la nôtre. J’aurais aussi aimé qu’on retrouve des recettes un peu moins floues sur la façon d’utiliser la nature dans nos tisanes et notre pharmacie. Ça m’aurait bien intéressée comme complément au livre.

Même si j’ai le bonheur et la chance d’aller me perdre en forêt tous les jours, j’ai trouvé l’ouvrage fort intéressant. Il aborde beaucoup de points essentiels, de la santé au bonheur, en passant par la sauvegarde des espaces verts, l’aspect scientifique des odeurs lors d’une balade en forêt et l’importance de la nature dans l’éducation des enfants. De quoi y trouver largement son compte… et beaucoup de plaisir!

Shinrin Yoku – L’art et a science du bain de forêt, Dr Qing Li, First éditions, 320 pages, 2018

9 réflexions sur “Shinrin Yoku – L’art et la science du bain de forêt

  1. Nous avons ce livre à la librairie, mais j’avoue que je n’y avais pas vraiment prêté attention parce que je sature de tous ces livres pour « apprendre à aller se balader en forêt ». Je caricature, bien sûr, et je me rends compte en lisant ton billet que certains doivent être très intéressants. Je n’en doutais pas d’ailleurs, mais quand on se retrouve sous une avalanche de titre sur le thème à la mode du moment, on finit par saturer. Alors que j’adore la forêt, la nature, et que j’ai un besoin vital de m’y retrouver régulièrement. Je jetterai un coup d’œil à celui-ci en tout cas. Tu m’en a bien donné l’envie 😉

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    • Moi je n’en avais pas du tout entendu parler! Il faut croire que les modes, je ne suis pas au courant 😉 J’ai bien aimé ce livre même si je peux me balader dans le bois quand je veux. C’est un concept intéressant. Les gens oublient bien souvent les bienfaits de la nature, ils ne la voient même plus! 😕 C’est peut-être pour ça que tu constates une avalanche de livres sur le sujet. Le monde est trop connecté et pas assez en phase avec la nature. Ils ont peut-être besoin qu’on le leur rappelle!

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      • Étant libraire, je vois bien les modes passer 😉 En effet, tu as sans doute raison, beaucoup de personnes ont besoin de piqûres de rappel – voire d’un mode d’emploi apparemment – pour se déconnecter et se relier à la nature. Si ces livres peuvent les aider, c’est une bonne chose 🙂 J’irai feuilleter celui-ci en tout cas et je reviendrai vers toi pour te faire part de mon ressenti !

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  2. Bonsoir Alaska, Comme on s’en était parlé l’autre jour comme quoi, je me demandais si c’était une mode, et bien je pense que ton billet fini de me convaincre, dans le bon sens… Je vais voir si je peux l’avoir en bibliothèque. En parlant des plantes d’intérieur dans la maison, je suis allée passer deux jours chez ma soeur. Elle m’a donné trois petites plantes araignée. C’est une des premières plantes qui assainit l’air de la maison. Si tu en veux, je vais en garder une pour toi. T’ai-je dis aussi que nous avons trouvé nos petite plante à café?
    Pour en revenir aux promenades en forêt, c’est vrai que c’est vraiment sain. Mais depuis 2-3 ans on doit rester dans les sentiers élargis car il y les tiques qui me font peur. Juste au Parc Régional de Longueuil, on dit qu’il y en a beaucoup. Probablement dans les sentiers étroits où le feuillages touchent au jambes.
    En tous cas, ton billet me donne envie quand même de m’y promener! 🙂

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    • C’est un beau livre, j’espère qu’il te plaira!
      Je suis comme toi pour les tiques. Ici aussi, on est envahis. Mon chien en rapportait beaucoup l’automne dernier.
      Quand je pense qu’avant, on partait dans le bois en sandales… 😕 On ne peut plus faire ça maintenant. L’été, on reste dans les sentiers. Si on a à travailler dans le bois, c’est douche de la tête aux pieds en rentrant. C’est pour ça que j’aime l’hiver, on peut se perdre dans le bois où on veut. C’est tellement génial!

      Est-ce que tes plantes araignées sont colorées? J’en ai deux ici mais elles sont totalement vertes…🌿

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  3. Elles sont totalement vertes. Ce sont celles que je préfère. Mais peut-être aurais-tu préféré les deux couleurs?
    De quelle grosseurs peut avoir une tique? Compare, supposons à un autre insecte… plus gros qu’une petite fourmis brune?

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    • J’aime bien les deux, colorées ou toutes vertes 🌿
      Une tique avant d’avoir piqué, est minuscule. Plus petit qu’une fourmi. Un grain de sable ou presque. C’est quand elle pique qu’elle « gonfle ».

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  4. Pingback: Les bains de forêt, « Shinrin-yoku » 森林浴 – Art et Culture en Pays de Fontainebleau

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